Qu'est ce qui nous attend en 2011 ? La machine économique verra-t-elle un nouveau coup de pousse ou subira-t-elle une nouvelle panne moteur ? On ne sait grand-chose. Le HCP, quant à lui, a élaboré deux scénarii, euphorisants et stimulants. En dépit des menaces sur la croissance mondiale, notamment l'envolée des prix du pétrole, l'explosion des cours des matières agricoles, le HCP parie sur une croissance économique au-dessus de 5 % en 2011 au lieu de 3,3% en 2010. Ahmed Lahlimi, le patron du HCP, a tenté de brosser un tableau rose de la situation macroéconomique du Maroc, lors d'un point de presse mercredi à Casablanca. «Avec un scénario de production céréalière de 90 millions de quintaux durant la campagne agricole 2010-2011, la croissance de l'économie nationale devrait gagner un demi point pour se situer à environ 5,1% au lieu de 4,6% retenu dans le scénario moyen.» Malgré le repli de la demande extérieure adressée au Maroc, le scénario moyen élaboré par le HCP (croissance de 4,6% du PIB) est basé essentiellement sur une récolte céréalière de 70 millions de quintaux et une bonne tenue du marché intérieur. Certes, l'économie marocaine n'est pas à l'abri de mouvements intempestifs sur le marché international (hausse de l'inflation, renchérissement des produits importés, chute des IDE et des transferts des MRE…). L'écart risque de se creuser entre l'optimisme affiché du HCP et la réalité des faits. La croissance annoncée de 4,6% en 2011 sera rongée par un taux d'inflation à 2,5% (au lieu de 0,8% seulement en 2010). De plus, en raison de l'accentuation du renchérissement des cours des produits importés, les comptes extérieures subiront une légère dégradation. «Le déficit des finances extérieurs, qui a enregistré un net allègement en 2010 à 2,7% du PIB -atteindrait- 3,6% en 2011», d'après les prévisions. Le HCP rappelle, par ailleurs, qu'au cours des mois prochains, l'ensemble des chiffres publiés dans son budget économique prévisionnel seront révisés pour tenir compte d'éventuelles mesures que prendrait le gouvernement pour faire face à la hausse certaine des prix ». La loi de Finances 2011 prévoit 17 milliards DH au titre de la caisse de compensation, en se basant sur un baril de pétrole à 75 dollars, alors que depuis le début de l'année, les cours du brut n'arrêtent pas de monter et viennent de franchir le seuil psychologique de 100 dollars le baril, tirés par le mouvement de révolte en Egypte et les craintes d'un blocage du canal de Suez. M. Lahlimi appelle à une mobilisation de l'épargne. Car, disait-il, « jusqu'à présent, le gap entre l'investissement brut et l'épargne intérieure a été financé par les revenus nets en provenance du reste du monde, les IDE et les emprunts extérieurs ».