Un collège d'avocats français, conduits par Me Michel Guillenchmidt, ont dénoncé, lundi à Paris, la manipulation médiatique des événements de Laâyoune par les médias espagnols, notamment l'utilisation de photos d'enfants palestiniens victimes d'une agression israélienne à Gaza. Au cours d'une rencontre avec la presse française et internationale basée à Paris, le collectif d'avocats français estime que le recours à ces procédés par «une presse qui se voudrait civilisée» est «indigne, inacceptable et incompréhensible», soulignant leur mobilisation à dénoncer devant toute l'Europe cette «manipulation particulièrement scandaleuse». S'exprimant en présence des familles palestiniennes concernées, Me Guillenchmidt a souligné que l'utilisation d'images d'enfants tués ou blessés lors des raids israéliens pour illustrer de supposées violations commises en novembre 2010 à Laâyoune est «indigne» L'avocat français s'est élevé contre cette opération de désinformation utilisant «les malheurs des Palestiniens au service d'une propagande anti-marocaine quasi-obsessionnelle de la part d'une certaine presse espagnole». Il a déclaré que ce fait n'est pas isolé puisque la presse espagnole a récidivé avec une photo relatant un crime de droit commun commis en janvier 2010 à Casablanca et qu'elle a donné pour morts deux habitants du Sahara marocain qui étaient présents dans la salle au cours de cette conférence de presse. Le juriste français a tenu à rappeler que lors des événements de Laâyoune aucun civil n'a été tué par les forces de l'ordre marocaines lors du démantèlement du camp Gdeim Izik, dressé par des personnes qui avaient des revendications purement sociales mais repris par des bandes criminelles, comme le Maroc l'a démontré. Les forces marocaines, a-t-il ajouté, sont intervenues sans armes à feu et elles ont d'ailleurs perdu une dizaine d'hommes dont certains ont été égorgés par des éléments extrémistes infiltrés. Me Gillenchmidt a indiqué que les familles palestiniennes ont porté plainte devant la justice espagnole en raison de «l'immense préjudice moral que leur a causé cette détestable manipulation médiatique». Prenant la parole à cette occasion, MM. Nidal Abdelkarim Ahmed Wahbi et Soufiane Abdelkader Ahmed, pères respectivement des enfants palestiniens Farah et Ahmed qui ont été blessés par un raid israélien sur la bande de Gaza en 2006, se sont dits «choqués par l'utilisation des photos de leurs enfants à mauvais escient», qui a «ravivé les plaies qu'ils avaient essayé de renfermer» depuis le bombardement qui a tué plusieurs membres de leurs familles. «Ces médias espagnols nous ont frappé au cœur, tout juste comme les soldats israéliens nous ont frappé aux corps», a dit le père de Farah, notant qu'en agissant ainsi, cette presse voudrait acquitter l'armée israélienne du sang de nos proches. Tout en affirmant que «le Maroc est innocent de tout ce qu'on a pu lui prêter», les deux pères de famille palestiniens se sont dits déterminés à «alerter l'opinion publique européenne sur les graves manquements à la déontologie de la presse et sur les méthodes qui traduisent un inexcusable mépris pour les victimes palestiniennes». Pour sa part, M. Mohamed M'hanna, le journaliste palestinien qui a été à l'origine de la découverte de l'utilisation mensongère des images, a dénoncé une «violation flagrante aussi bien de la déontologie professionnelle que des traités internationaux qui protègent les droits des enfants». Cette conférence de presse s'est déroulée à la «Maison du Barreau» parisien, en présence de familles marocaines victimes eux aussi de la manipulation médiatique espagnole, ainsi que de leurs avocats venus en signe de solidarité avec les familles palestiniennes et les familles qu'ils défendent. Me Abdelkébir Tabih qui défend la famille Rachidi, victime en janvier 2010 d'un drame familial dont une photo avait alors été publiée par le quotidien marocain Al-Ahdath Al-maghribiya, avant d'être présentée par la chaîne de télévision espagnole «Antenna 3» comme une illustration de meurtres commis à Laâyoune, a refusé de croire à une erreur de la part de la chaîne. «Il s'agit d'une action préméditée de la part d'Antenna 3», a-t-il insisté, en invoquant comme preuve le fait que la chaîne dispose d'un important service de vérification et de contrôle, chargé de vérifier les informations avant de les publier. «Ce qui est très grave, c'est que nous avions tenu une conférence de presse à Madrid avec plusieurs représentants des médias locaux, y compris l'agence officielle EFE, mais rien n'a été publié par ces médias», a-t-il ajouté. Il a indiqué avoir déposé une plainte devant la justice espagnole et attendre que justice soit faite à la famille Rachidi, surtout qu'une telle publication est passible d'une peine de 3 à 5 ans d'emprisonnement dans le code pénal ibérique. Son confrère Me. Abdelfattah Zehrach, avocat d'El Ghalia Bouassria et Abdessalam El Ansari, présents de la salle alors qu'ils étaient cités comme morts dans les incidents de Laâyoune, dans une dépêche de l'agence espagnole Europa Press, exige toujours que cette dernière rectifie et présente des excuses. L'agence qui a publié cette information, sur la base de déclarations de représentants du polisario en Espagne sans s'assurer de leur véracité ni même prendre la peine de contacter les personnes concernées, a «induit en erreur l'opinion publique européenne», s'est-il alarmé, soulignant que cela est une atteinte au Maroc et à ses efforts pour résoudre le conflit du Sahara. Dans leurs interventions, les membres des deux familles ont longuement décrit leurs peines et leur tristesse, ressenties doublement du fait de voir leur pays accusé à tort de crimes qui n'ont jamais eu lieu.