Le taux directeur restera inchangé, a déclaré le Gouverneur de Bank Al-Maghrib lors du point de presse qu'il a donné mardi au siège de cette institution. Ce taux applicable aux prêts octroyés par la Banque centrale aux banques commerciales restera donc à son niveau actuel de 3,25%. Abdellatif Jouahri qui a laissé entendre que cette décision du conseil de la banque avait été prise le jour même, a expliqué qu'elle s'adossait sur « l'évolution récente de la situation économique, monétaire et financière, ainsi que les prévisions d'inflation, établies…à l'horizon du premier semestre 2012 ». De ces prévisions, il a dit qu'elles ne sortaient pas de la moyenne observée, puisque l'augmentation des prix devrait « s'établir à environ 1% en 2010 et avoisiner les 2,2% sur l'horizon de prévision de six semestres». De cette évolution probable, il ressort que l'inflation ne dépassera pas une moyenne de 2% « au terme du premier trimestre 2012, niveau inférieur aux 2,6% dont a été créditée l'année 2010. Cependant, le Gouverneur de Bank Al-Maghrib a fait remarquer que les prix à la production industrielle n'ont pas suivi la même évolution, et que l'enchérissement des cours mondiaux des intrants les ont tirés vers le haut puisqu'ils sont passés de 4,9% en septembre à 7,1% en octobre. Cette hausse est d'autant plus significative que l'appréciation des cours des matières premières sur les marchés mondiaux pourrait encore s'aggraver. Cette éventualité annoncée par le communiqué de presse de la Banque centrale en termes de « perspectives incertaines de l'environnement international (qui) ne manqueront pas d'avoir un impact sur l'activité économique domestique », pourrait laisser planer un doute sur les prévisions de croissance généralement admises. Cependant, comme la croissance en 2010- année fortement impactée par le marasme économique mondial-, a été tirée par la demande domestique, le déterminisme instituant de moindres performances en 2011, n'est pas rigoureux. Du fait de ce bon comportement de la demande domestique, a déclaré Abdellatif Jouahri, la croissance a été en 2010 d'environ 4% et celle propre au secteur non -agricole de 5%. Tout aussi satisfaisante a été la situation de la balance des paiements qui, tirée par les exportations des phosphates et alimentée par le tourisme et les transferts des RME, présente des réserves de change équivalant à sept mois d'importation. Un point particulier en ce qui concerne ces performances : le retour du textile. Après des années de passage à vide, l'un des secteurs les plus exportateurs, ou du moins, l'une des activités qui fournit le plus emploi, renoue avec la reprise. Un mouvement que l'on entend étendre à d'autres activités, a-t-on pu comprendre des déclarations de Abdellatif Jouahri qui a parlé de mesures de relance de la petite et moyenne épargnes, desquelles on escompte injecter de 3 à 4 milliards de dirhams dans le circuit. Comme moyen d'assurer emploi satisfaisant à ces excédents, il a parlé de nouveaux objectifs pour la bancarisation qui, forte de nombreuses mesures d'encouragement, devrait passer de 50% à 66% dans les trois a années à venir. Pour le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, ce nouveau train de mesures vise à assurer un environnement propice aux PME, et plus particulièrement aux micro-entreprises, que la nouvelle théorie de la croissance qualifie d'élément essentiel à la reprise. Abdellatif Jouahri a cependant mis un bémol à ce tableau général. Ces prévisions de croissance tablent sur un baril de pétrole à 75 dollars, or aujourd'hui il est à plus de 9O. Si la tendance se poursuit, non seulement Bank Al-Maghrib revolera sa copie, mais il est probable que le gouvernement prenne des mesures pour soulager la pression qui ne manquera pas de s'exercer sur la caisse de compensation.