Après avoir nettement accéléré à fin 2009 et début 2010, la croissance de la valeur ajoutée non-agricole s'est atténuée quelque peu au deuxième trimestre 2010 (+4,9%, contre +6,1% en glissements annuels). D'après les conjoncturistes du Haut commissariat au Plan, cette modération marque le retour de l'activité économique nationale sur une trajectoire plus amollie, portée par des performances modestes de l'industrie et de la construction et par un soutien dégressif des activités minières à la croissance. Au troisième trimestre 2010, l'apparition de signes de ralentissement de la croissance économique mondiale pourrait se refléter sur la situation conjoncturelle des activités non-agricoles, note le HCP. Toutefois, les anticipations favorables des entrepreneurs industriels et celles des ménages augurent d'une progression de la valeur ajoutée quasiment similaire à celle du deuxième trimestre, estimée à 4,8%, précise le HCP dans sa toute récente lettre de conjoncture. Au final, la croissance du PIB global se situerait à 2,9%, compte tenu des résultats agricoles inférieurs à ceux de 2009. Quelques incertitudes demeurent présentes quant à l'évolution de certains secteurs, à l'image de l'industrie qui pourrait connaître une amélioration de ses débouchés, en ligne avec un affermissement plus important que prévu de la demande extérieure adressée au secteur. Croissance trimestrielle modérée La demande mondiale adressée au Maroc a continué de profiter, au deuxième trimestre 2010, de la croissance positive du commerce mondial (+4,1%), affichant une hausse de 3,5%, en variation trimestrielle. Ce rythme de progression, quoique légèrement inférieur à celui enregistré au premier trimestre, témoigne de la position conjoncturelle toujours ascendante de la demande qui a légèrement dépassé son niveau tendanciel et ce, pour la première fois depuis plus d'un an et demi. La demande extérieure resterait favorablement orientée aux troisième et quatrième trimestres 2010, mais son rythme de croissance trimestrielle se modérerait (+1,9% et +1,7% respectivement), suite à l'infléchissement attendu des importations de nos principaux partenaires commerciaux, zone euro en particulier. Elle pourrait clôturer l'année, avec une croissance prévue à 13,2%, après une baisse de 12,5% enregistrée en 2009. Tirant profit de l'orientation toujours favorable de la demande extérieure, les exportations en valeur de biens, hors effets saisonniers, se sont renforcées, au deuxième trimestre 2010, de 9,9%, en variation trimestrielle. Hors phosphates et dérivés, les ventes extérieures des produits ont été tirées, pour l'essentiel, par celles des biens d'équipement (fils et câbles électriques en particulier) et des biens de consommation (confection, bonneterie et voitures de tourisme). Celles des phosphates et de leurs dérivés ont contribué pour plus de la moitié à l'amélioration des exportations, dans un contexte de renchérissement des cours mondiaux des produits phosphatés et d'une demande étrangère en amélioration. Par contre, les exportations des produits alimentaires, ont pâti, pour le deuxième trimestre consécutif, du recul des produits de la mer (poissons frais et en conserve en particulier). Au troisième trimestre 2010, les exportations auraient été beaucoup plus soutenues par les exportations hors dérivés de phosphate, en particulier par celles des biens de consommation et des biens d'équipement. Celles des dérivés de phosphate, en particulier l'acide phosphorique, auraient connu un certain tassement, alors que le phosphate brut aurait continué sa progression, en ligne avec la hausse de la demande adressée à ce produit. Léger recul des importations Quant aux importations en valeur, elles ont marqué le pas au deuxième trimestre 2010, après deux trimestres successifs de hausse. Cette quasi stabilité (-0,2%, en variation trimestrielle) est le fruit d'une évolution contrastée des principaux produits importés. Ainsi, le recul des importations hors énergie (-2,4%, en glissement trimestriel), au cours de la même période, trouve son origine dans la baisse des acquisitions des biens de consommation (voitures de tourisme, médicaments) et des produits alimentaires (blé, maïs). A l'inverse, les demi-produits (produits chimiques, matières plastiques) ont contribué pour 1,7 point à la variation trimestrielle des importations, pâtissant du renchérissement des prix à l'import. La facture énergétique, en hausse de 7,4%, a été lestée par les achats des produits raffinés (gasoil et fuel), alors que ceux du pétrole brut ont affiché une baisse (-2,2%). Au troisième trimestre 2010, la reprise, encore contenue, des importations aurait été appuyée beaucoup plus par les achats hors énergie (biens d'équipement, demi-produits, produits bruts), ceux des produits énergétiques auraient, à contrario, reculé. Globalement, le taux de couverture, corrigé des effets de la saisonnalité, s'est amélioré, au deuxième trimestre 2010, de 2,5 points en variation trimestrielle, pour atteindre 45,6%, après plusieurs trimestres de dégradation, et le déficit commercial s'est allégé de 4,6%. Cette situation se serait prolongée au troisième trimestre, suite à la poursuite de la progression plus importante des exportations par rapport aux importations. Croissance modérée de l'industrie Les activités industrielles ont été peu dynamiques au cours de la première moitié de 2010. Leur valeur ajoutée a progressé, au deuxième trimestre 2010, de 1,1%, en glissement annuel, contre 2,1% un trimestre auparavant. Les industries agroalimentaires et celles des produits métalliques ont vu leur rythme de production se réajuster à une demande extérieure encore affectée par les effets de la crise économique internationale. L'activité de la chimie et de la parachimie a, en revanche, poursuivi son mouvement ascendant, contribuant pour près de 37% à la croissance globale du secteur. Les anticipations des entrepreneurs, pour le troisième trimestre 2010, tablent sur un léger redressement de l'activité industrielle, étayé, principalement, par la poursuite du raffermissement de la production des industries chimiques et, dans une moindre mesure, par une modeste amélioration des activités des industries des biens d'équipement. L'accroissement de la valeur ajoutée industrielle est, ainsi, estimé à 2%, en variation annuelle.