Quand les hormones féminines se raréfient, l'os s'appauvrit et le squelette est en danger. A 60 ans, certaines femmes peuvent déjà avoir perdu jusqu'à 15 % de leur masse osseuse. L'ostéoporose, maladie «silencieuse» ne prévient pas et c'est trop souvent lors d'une première fracture qu'on la diagnostique. Agissez avant qu'il ne soit trop tard. Ostéoporose : les femmes plus que les hommes Il est des situations auxquelles nous n'accordons pas d'attention ou dans le meilleur des cas très peu .S'agissant de la santé des personnes âgées et plus particulièrement celle des femmes qui ont atteint des âges avancés, il n'est pas exagéré ici de dire que nous leur vouons une véritable vénération quand il s'agit de nos mères. Pour les autres femmes âgées rencontrées ou entrecroisées dans la rue, il en est autrement. Ces femmes que les stigmates du temps ont marquées, pliées et qui peinent à marcher, s'accrochant à une canne tout en déambulant. Sur ces femmes, nous jetons un regard où se mêlent tour à tour de la compassion, de la commisération et de la pitié. Ces êtres fragiles peuvent être nos mères, nos grand-mères, nos tantes, nos sœurs et demain nos filles. Le dénominateur commun de toutes ces femmes, c'est la ménopause, une phase inévitable, un passage obligé de toute femme au-delà de cinquantaine. Mon propos aujourd'hui n'est pas la ménopause, mais une conséquence de celle-ci, à savoir l'ostéoporose. Etymologiquement l'ostéoporose veut dire : Os poreux. C'est une affection diffuse du squelette caractérisée par une diminution de la masse osseuse et des perturbations microarchitecturales du tissu osseux entraînant une augmentation de la fragilité osseuse avec tout ce que cela peut représenter comme risques pour la femme, son entourage… Ce n'est pas l'ostéoporose en tant que telle qui est préoccupante, mais plutôt les conséquences qu'elle peut entraîner : les fractures. Les os les plus concernés, les plus touchés sont ceux de la hanche, des poignets et de la colonne vertébrale. Ce sont ceux qui subissent le plus souvent une fracture attribuable à l'ostéoporose. Il est utile de rappeler tout en insistant que ce sont les femmes atteintes d'ostéoporose qui sont plus sujettes à une fracture des os. Dans 80 % des cas, elles sont victimes des fractures de la hanche qui surviennent chez les personnes âgées. Une maladie pernicieuse L'ostéoporose est une pathologie qui peut évoluer à bas bruit et c'est ce qui la rend encore plus pernicieuse. Il y a malheureusement très peu d'études épidémiologiques concernant l'ostéoporose au Maroc, mais les résultats d'une étude réalisée dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr qui s'est penchée sur l'incidence des fractures du col chez les plus de 50 ans, nous apprennent que cette fracture constitue en quelques sorte le «baromètre» international de l'ostéoporose puisque c'est la complication la plus grave et que pratiquement tous les malades arrivant à l'hôpital rendent donc la mesure plus simple et plus fiable. Il a été observé une incidence de 52,1 pour 100.000 habitants des femmes et de 43,7 pour 100.000 des hommes (chiffre intermédiaire entre les hautes incidences observées en Europe et aux USA et les faibles incidences observées en Afrique). Loin d'être anodins, ces traumatismes sont particulièrement graves et handicapants, justifiant fréquemment une hospitalisation dans des services spécialisés. Par ailleurs les fractures du col du fémur ont des conséquences désastreuses : la moitié des victimes connaît une perte d'autonomie devenant du coup dépendante et nécessitant la contribution et l'aide d'une tierce personne pour pouvoir subvenir à ses besoins ; 20 à 30 % des victimes meurent dans l'année qui suit l'accident. Pourtant, face à de tels chiffres, l'ostéoporose est encore trop souvent ignorée, méconnue et très peu médiatisée. On ne comprend pas très bien ce qui empêche les autorités de tutelles en l'occurrence le ministère de la santé d'initier la mise en place d'un programme de lutte contre l'ostéoporose, surtout que notre population à tendance à vieillir et donc il va y avoir plus de personnes concernées par cette maladie au conséquences ravageuses. Comment savoir si une femme est atteinte d'ostéoporose ? Une bonne question que beaucoup de femmes se posent, il n'y a pas que les femmes qui devraient s'inquiéter. Toujours est-il que seul votre médecin peut déterminer si vous êtes une patiente à risque. Après consultation, un examen appelé ostéodensitométrie se révèle parfois nécessaire. Il permet de mesurer précisément la densité osseuse. En quoi consiste cet examen ? L'ostéodensitométrie mesure la densité de vos os et donc la solidité de votre squelette. Si vous avez des facteurs de risque, cet examen peut vous alerter ou vous rassurer avec certitude. Il est absolument indolore, ne nécessite aucune prise de médicaments au préalable et dure environ 10 à 15 minutes. Mentionnons qu'il est possible d'avoir de l'ostéoporose radiologique, mais un faible risque de fracture. Inversement, il est possible d'avoir un risque de fracture élevé sans ostéoporose radiologique. Quelles sont les complications ? Ce sont surtout et essentiellement les fractures inhérentes à l'ostéoporose, les multiples et tenaces douleurs, perte d'autonomie, réduction de la qualité de vie (surtout pour la fracture de la hanche) 20 % à 30 % des personnes qui subissent une fracture de la hanche décéderont au cours de l'année suivante. C'est dire toute la problématique que pose aujourd'hui la prise en charge des conséquences de l'ostéoporose. Mais il est réconfortant de savoir que lorsque l'ostéoporose est diagnostiquée et traitée à temps, il est possible de stabiliser ou d'améliorer l'état des os au point de réduire de 50 % les risques de subir une fracture. Le maître mot : la prévention Une alimentation équilibrée et la pratique régulière d'une activité physique permettent de préserver et de renforcer son capital osseux. L'importance de l'alimentation intervient à tous les âges de la vie : * Durant la phase de croissance osseuse, un apport en calcium permet de renforcer le capital osseux. C'est dans l'enfance que l'on constitue l'essentiel de son capital osseux ; * A l'âge adulte, les apports en calcium permettent de compenser les pertes naturelles liées au remodelage osseux (en plus de celles occasionnées par une grossesse ou l'allaitement) ; * Après la ménopause, la carence en hormones (estrogènes) accélère fortement la perte osseuse. Certaines femmes perdent même jusqu'à 2,5 % par an de leur masse osseuse les 5 premières années qui suivent la ménopause. Voilà pourquoi après la ménopause, les os des femmes sont moins solides et donc moins résistants aux fractures. De plus, le métabolisme (et par conséquent l'absorption de calcium par l'organisme) est moins performant, une supplémentation en calcium et en vitamine D est ainsi conseillée. Enfin, la malnutrition importante chez les personnes âgées retentit sur leur masse musculaire et donc sur leur force et leurs capacités de maintien de l'équilibre. Pour les mêmes raisons, l'activité physique participe au maintien de la masse osseuse, et le bon état musculaire, diminuant ainsi les risques de chutes et donc de fractures. Les sports entraînant une contrainte osseuse (marche, jogging…) sont à privilégier. Une exposition solaire est aussi préconisée (10 minutes par jour suffisent) afin de synthétiser la vitamine D nécessaire à une bonne fixation du calcium dans l'os. Comme on le voit l'ostéoporose est un problème de santé important auquel on doit trouver des solutions adaptées, car chaque femme est importante au sein de notre société. Nous voulons que celle-ci soit en bonne santé et qu'elle puisse profiter pleinement et sereinement des années qui lui restent à vivre. Nous avons la responsabilité et le devoir de tout mettre en œuvre pour que nos enfants, nos filles, nos sœurs, nos mères et nos grand-mères n'aient pas à souffrir d'un mal que nous pouvons très bien maitriser pour peu que l'on veuille bien nous y consacrer maintenant. L'ostéoporose n'est pas une fatalité.