Le projet de loi des finances pour l'année 2011, adopté par le conseil des ministres risque de faire sortir les centrales syndicales de leurs gonds, lesquelles se préparent déjà à la riposte. Aussi, le débat au sein des deux chambres du Parlement s'annonce également houleux. L e très attendu projet de loi 2011 s'annonce sous des auspices particuliers avec une conjoncture économique spéciale marquée par la crise financière à l'échelle mondiale et un grand investissement notamment dans la mise en application du nouveau code de la route au niveau national. Ce qui risque de rimer avec une réduction de dépenses. D'ailleurs, cela explique le retrait annoncé de la réforme de la retraite du budget. A cela s'ajoute la flambée des prix des matières de première nécessité sans que cela soit accompagné par une augmentation des salaires ainsi que le gel du dialogue social qui n'a abouti à aucun consensus sur le cahier revendicatif. Tous ces ingrédients feront que la rentrée sociale se promet chaude cette année. Pour Amal Amri, une dirigeante de l'UMT et députée à la chambre des représentants, le budget, quoiqu'on dise, est marqué par l'austérité. «On n'arrête pas d'affirmer que le Maroc n'a pas été touché par la crise financière. Maintenant, il est évident qu'il n'a pas été épargné», annonce la syndicaliste et députée. Cela ne justifie pas le fait que le gouvernement cible les dépenses publiques au moment où l'on s'attend à une augmentation des affectations des postes budgétaires, enchaîne-t-elle. «Toutes les dépenses publiques ont été revues à la baisse à l'exception de celle du département de l'enseignement qui a été stabilisée». Des secteurs sociaux très sensibles risquent d'être affectés ou ne connaîtront aucune amélioration. La députée évoque le cas du budget de la santé qui ne connaîtra aucune augmentation au moment où une concrétisation de la RAMED est attendue. Idem pour l'enseignement, il a fallu élargir le financement surtout avec la mise en application du Plan d'urgence. Cette situation n'est pas sans impact aussi la reprise du processus du dialogue social déjà difficile avec l'échec des deux derniers rounds et le report sin die de celui de septembre. « On s'attendait légitimement à un déblocage du dialogue social et une satisfaction du cahier revendicatif. Maintenant, vu le contexte actuel, la rentrée sociale s'annonce difficile compte tenu de l'aggravation du taux d'inflation, la réduction des postes budgétaires, et la mise en application du code de la route de par son effet sur la flambée des denrées alimentaires», confirme Mme Amal Amri. Côté syndicat, Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la Fédération démocratique du Travail (FDT), considère que le projet de loi 2011 a rayé de sa carte la présence des centrales syndicales et de leurs revendications, notamment l'augmentation des salaires, la révision de la taxe sur le salaire et la promotion exceptionnelle. « Nous considérons que ce projet de loi des finances est négatif. Car, Il n'accorde aucune place au dossier revendicatif des centrales syndicales », souligne-t-il. Les syndicats attendent le passage de la loi dans la Chambre des Conseillers pour manifester leur désaccord à ce sujet. De même, ajoute l'interlocuteur, les centrales syndicales se concerteront entre elles dans les prochains jours pour faire savoir leur lecture définitive des dispositions financières annoncées dans ce projet de loi, annonce-t-il. Le dialogue social risque lui aussi d'être touché de plein fouet. Déjà le round qui devait se tenir en mois de septembre n'a pas eu lieu. « Cette attitude met en cause la crédibilité du dialogue social sous notre ciel», fait remarquer le Secrétaire général de la FDT. En revanche, la FDT rappelle que l'Etat n'a toujours pas respecté ses engagements en matière des indemnisations des fonctionnaires exerçant dans des régions difficiles. «Une réunion de la commission mixte devait se tenir pour mettre en place les critères d'affectation», explique-t-il. Autre point en suspens concerne le dédommagement en cas de perte de l'emploi dans le secteur privé. Aucune mesure n'a été mise en place pour le financement du fonds attribué à ce dossier. La FDT a tenu la semaine dernière son Conseil National pendant lequel un débat houleux a été engagé sur la rentrée sociale et a appelé à l'enclenchement de mouvements de protestation pour faire face au contexte social défavorable.