Trois mois après des faits similaires, le cimetière chrétien d'Azrou a de nouveau été profané. Plus d'une dizaine de sépultures ont été découvertes dégradées et des cercueils d'un caveau défoncés et où une bonne partie des restes mortels ont disparu. La police locale a ouvert une enquête. Il est des coïncidences qui marquent et interpellent. Alors que la police et les autorités locales constataient ce mercredi, octobre les faits macabres après avoir été avertie de la découverte au cimetière chrétien d'Azrou d'ossements humains trouvés en dehors des tombes, gisait dans son lit, André Daniel, un français de plus de 80 ans, un des vétérans des résidents et fou amoureux de la ville du Rocher et fervent défenseur de la préservation de ce cimetière dont il fut un des artisans et dont il aurait tant aimé y être enterré. Mais, Hélas ! Une insulte aux défunts La liste de cette découverte macabre est sans appel : une dizaine de tombes brisées, des stèles renversées ou cassées, des épitaphes dénaturés et sur quelques sépultures des inscriptions portant des messages d'amoureux. Mais point d'inscriptions antisémites, a-t-on constaté sur place. Dans un caveau à plusieurs cases accessibles à travers un trou creusé par les profanateurs, rebouché aussitôt par une dalle en béton par les autorités de la ville, ont été découverts des cercueils ouverts dépourvus de leurs enveloppes métalliques et autres accessoires d'ornements religieux.. A côté, éparpillés ici et là dans le caveau, des restes mortels incomplets de corps humains où manquent notamment la partie supérieure du crâne. A l'écriture de ces lignes, rien ne transpire sur les raisons de ces violations de sépultures chrétiennes comme on ne sait pas exactement quand cette profanation a été perpétrée. La police contactée à ce sujet, s'est limitée à la réponse d'usage souvent employée dans ce genre d'affaires sensibles : « Une enquête est ouverte». La police nous confirme par ailleurs qu'il s'agit du second acte de profanation enregistré cette année, après celui de juillet dernier où d'autres cercueils d'un autre caveau ont été découvert défoncés. Dans la rue, les petites gens rivalisent de suppositions : les uns indexent les fouilleurs de trésors en quête d'objets précieux souvent enterrés avec les morts chrétiens. D'autres accusent des sorciers qui choisissent généralement les cimetières comme ateliers de travail pour impressionner leurs clients n'hésitant pas à porter atteinte à la dignité des cadavres. Seule donc une enquête sérieuse peut enterrer tout ce bouillonnement de commentaires. Spectacle de désolation Des officiels en tout cas ont annoncé qu'une réflexion sera engagée avec les autorités françaises pour trouver une solution définitive à ce cimetière aujourd'hui à l'abandon et sans surveillance. Il suffit en effet de pénétrer dans les lieux pour constater un spectacle de désolation. Cerné par de vieux cyprès en colonne et une enceinte murale délabrée et partiellement détruite, ce cimetière dont les premières tombes remontent au début des années 30, se trouve aujourd'hui dans un état lamentable. « C'est une insulte aux défunts », fulmine Anne-Marie dans son blog Internet, une française dont les parents ont été enterrés dans ce cimetière avant d'être transféré en France. A l'intérieur du cimetière, il est impossible de faire un pas sans marcher sur des canettes et des bouteilles de boissons alcoolisées qui jonchent les lieux. Partout un grand nombre de tombes sont sérieusement détériorées. En différentes parties du cimetière, des espaces sont aménagés ici et là et sont transformés en de petits terrains de football. Le cimetière qui selon un responsable municipal abrite encore 53 sépultures dont 42 sont identifiées s'est transformé au fur à mesure en un point noir et en un refuge incontrôlable de délinquants. Comme quoi et comme dirait l'autre « nous sommes passés du respect de la mort à la mort du respect ». Affaire à suivre. Reportage Photographique : M.Ezzine NPM : le cimetière chrétien d'Azrou