Une expo qui finit... Celle du peintre et sculpteur Mustapha Ghazlani, dans le nouvel amalat de Benslimane (ex-Camp-Boulhaut), conçu naguère par l'architecte de Driss Basri un peu comme un bungalow des Indes britanniques, sorti de Kipling ou Forster, et réalisé récemment. Les toiles et sculptures de cet artiste du cru, très inspirées par la terre, la paysannerie, la rusticité, ressortaient d'autant mieux, en contrepoint, dans ce décor historiciste assez sophistiqué. Les matériaux utilisés par Ghazlani : de la glaise de quatre couleurs venue directement des champs de la Chaouia, des instruments aratoires, rappellent un peu les recherches d'un plasticien français, Claude Lagoutte (1935-1990), qui a laissé nombre d'œuvres avec des terreaux hindous ou provençaux, des étoffes, des journaux récoltés le long de ses itinéraires. Un créateur marocain à suivre. Un livre d'hier… Le journaliste-espion britannique Walter Harris a écrit, au début du XXè siècle, «Le Maroc disparu» (republié ensuite sous le titre «Le Maroc au temps des Sultans») traçant entre autres un portrait au vitriol du jeune monarque Abdelaziz (1894-1908), soi-disant dépensier en pure perte des deniers de d'Empire chérifien. En réponse involontaire à Harris, il faut lire «Dans «l'intimité du sultan (1901-1905)» du Français Gabriel Veyre, qui montre au contraire qu'Abdelaziz fut un souverain curieux, moderniste, pionnier jusqu'à être finalement le premier photographe marocain… Bonne idée, donc, de Kamil Houballah, d'avoir réédité cet introuvable ! (Ed. Afrique-Orient, Casablanca). Une expo qui commence… A Marrakech. Avec, à la clé, à l'Institut français de la capitale impériale du Sud, deux mois de manifestations ; films, conférences, concerts, etc. Et d'abord, bien sûr, une riche exposition orientaliste, venue de Marseille, à l'initiative du maire cette ville, en partenariat avec la mairie marrakchie. L'historienne d'art Roselyne Bouvier, l'architecte marseillais André Malrait, le directeur de l'IF de Marrakech ont concocté un choix significatif de peintures et autres documents. Rendez-vous donc à Marrakech jusqu'au 25 juin, avec «les artistes et l'Orient» de 1850 à 1950 : Delacroix, Maupassant, Loti, Majorelle, Mac-Orlan, les frères Tharaud, etc. Une alléchante palette… Un livre tout frais émoulu… Celui de Faouzia Talout Meknassi ; «Dar Maâlma, l'artisanat au féminin» (Ed. Marsam ; Casablanca). Animatrice d'une revue électronique pour des femmes arabes, Mme Meknassi est très impliquée dans le réseau des «artisanes marocaines de qualité», Dar-Maâlma, «Maison de la Patronne», qui regroupe depuis 2008, avec la bénédiction de la Princesse Lalla Méryiem, sœur aînée de Sa Majesté chérifienne, à travers tout le Royaume, plus de 400 artisanes continuatrices et créatrices. L'auteur trace le portrait de quelques-unes de ces femmes qui perpétuent les meilleures traditions ouest-maghrébines en matière de tapis, poupées, coffrets, broderies, vêtements etc… Au passage, certaines pratiques du «commerce équitable», très en vogue outre méditerranée, et les abus des intermédiaires, sont cloués au pilori. Une expérience d'artisanat d'art à suivre et à encourager par vos achats lors des expos de Dar-Maâlma. (Tel : 05.22.98.24.18).