Dans le cadre du mois sacré de Ramadan, nous poursuivons la publication du livre d'Alla Abdou-Rahman Al-Sheha, intitulé « Muhammad le Messager ». En voici la onziéme partie. Bien que la Péninsule arabique lui soit soumise et qu'il fut à la base de tous les biens qu'ont eu les musulmans, le Prophète ne trouvait parfois pas suffisamment à manger. Son épouse Aïcha –qu'Allah soit satisfait d'elle- rapporte que le Prophète acheta à terme des comestibles d'un juif à qui il donna en nantissement sa cotte de maille ». Ceci ne signifie pas qu'il ne peut pas acquérir ce qu'il veut. En effet, on rassemblait les richesses et les biens devant lui dans la mosquée mais il ne se levait de sa place et ne restait tranquille qu'après les avoir distribués aux pauvres et aux nécessiteux. En outre, il y avait des riches parmi ses Compagnons et ces derniers rivalisaient pour être à son service. Ils dépensaient tout ce qu'ils avaient de cher pour lui. Toutefois, le Prophète connaissait la réalité de ce monde et disait : « Je jure par Allah, cette vie présente comparée à l'au-delà n'est semblable qu'au doigt de l'un de vous lorsqu'il le met –et il fit le signe avec son index- dans un fleuve. Qu'il regarde ce qu'il ramène ! »[132]. Lady E. Cobold[133] dit dans son livre Le pèlerinage à la Mecque (Londres 1934) : « Quoique Muhammad était le seigneur de la Péninsule Arabique… il n'a pas pensé aux titres, et ne s'est pas mis à œuvrer pour les exploiter. Au contraire, il resta dans son état, se contentant du fait d'être le Messager d'Allah et le serviteur des musulmans. Il nettoyait lui-même sa maison, reparaît ses chaussures de sa main noble. Il était généreux comme le vent qui apporte la pluie. Ni le pauvre, ni le malheureux ne venait le trouver sans qu'il ne le satisfasse avec ce qu'il avait. Dans la plupart de cas, il n'avait que peu de provisions, ne suffisant même pas pour ses propres besoins. 8- Il était souvent confronté à certains évènements difficiles demandant des éclaircissements et des explications et ne pouvait rien faire parce que la révélation tardait à descendre sur lui à ce propos. Alors, il vivait dans la période précédant cette révélation une situation de peine psychologique. C'est l'exemple de l'affaire de la calomnie (ifk) dans laquelle l'honneur du Messager fut attaqué. Il resta un mois pendant que ses ennemis le calomniaient, attaquaient son honneur, faisaient des œillades et des dénigrements jusqu'à ce que descendit la révélation innocentant son épouse de cette accusation. S'il était imposteur –tel ne saurait être le cas- il aurait résolu ce problème dès son apparition. Cependant, il ne parlait pas suivant sa passion. 9- Il n'a pas prétendu à un rang au dessus de celui de l'être humain. Il n'acceptait pas qu'on le traite d'une manière qui indique la grandeur. Anas a dit : « ils n'aimaient personne plus que le Messager d'Allah. Il dit : Mais lorsqu'ils l'apercevaient, ils ne se levaient pas, parce qu'ils savaient qu'il déteste cela ». W. Irving dit à propos de lui : «en dépit de toutes ses victoires militaires, le Messager ne succomba pas à la tentation de l'orgueil ou de l'illusion. En effet, il combattait pour la cause de l'Islam et non pour quelque intérêt personnel. Même au sommet de sa gloire, le Messager a gardé les qualités qui lui étaient connues telles que la simplicité et la modestie. Il détestait qu'on se lève lorsqu'il trouvait des gens dans une maison ou qu'on lui réserve un accueil exagéré. Même s'il visait l'établissement d'un grand Etat, c'est l'Etat islamique, et il l'a gouverné avec justice et n'a pas pensé y instaurer une dynastie ». 22- Le respect des interdits d'Allah : Aïcha –qu'Allah soit satisfait d'elle- a dit : « Quand on donnait à l'Envoyé d'Allah de choisir entre deux choses, il choisissait la plus facile, pourvu qu'il n'en résultât pas quelque péché. Si elle devait entraîner au péché, il était le plus ardent des hommes à s'en éloigner. Jamais l'Envoyé d'Allah ne se vengea d'une injure personnelle. Mais chaque fois que la majesté d'Allah était offensée, il en tirait vengeance au nom d'Allah ». 23- La sérénité du visage : Abdullah ibn Al Harith a dit : «Je n'ai vu personne plus souriant que le Messager d'Allah». 24- La loyauté et la fidélité : La loyauté du Prophète était unique en son genre. Ces gens de la Mecque qui lui ont voué l'inimitié lorsqu'il a proclamé son message et l'ont persécuté avec ses adeptes, laissaient auprès de lui, malgré tout, leurs dépôts et consignations. Cette loyauté a atteint son paroxysme lorsqu'ils ont persécuté le Prophète l'amenant à émigrer vers Médine après les exactions qu'il a subies de la part de ses concitoyens. Le Messager d'Allah chargea son neveu Ali ibn Abi Tâlib de remettre les dépôts et consignations qu'il y avait en sa possession à leurs propriétaires et lui fit retarder son émigration de trois jours. Parmi les exemples de fidélité du Messager d'Allah à ses promesses et engagements, figure le respect de la clause de la pacification d'Al Houdeibiya entre le Messager et les Quraychites qui stipulait que celui des Quraychites qui viendrait trouver Muhammad devait être remis aux siens, mais celui des musulmans qui irait retrouver ces derniers ne devait pas être remis à Muhammad. Lorsque le Messager d'Allah arriva à Médine, un homme appelé Abû Jandal ibn Souhail ibn Amr réussit à s'évader de sa prison à la Mecque et vint à Médine. Les polythéistes envoyèrent une délégation auprès du Prophète pour le récupérer. Ils dirent : (Souviens-toi de) l'engagement que tu nous as donné ! Le Messager d'Allah dit à Abû Jandal : « Abû Jandal, sois patient et espère la récompense d'Allah, Allah te donnera ainsi qu'aux faibles qui sont avec toi une délivrance et une issue. Nous avons signé la pacification avec ces gens et il y a eu un engagement entre nous et eux, or nous ne trahissons pas d'engagement». 25- Le courage et le manque d'hésitation : Ali t a dit : «Je me suis vu le jour [de la bataille] de Badr alors que nous nous réfugiions auprès du Prophète. De nous tous il était le plus proche de l'ennemi et il était alors l'homme le plus fort». Quant à son courage en dehors des guerres, Anas ibn Malik dit de lui : «Le Prophète était le plus beau des hommes, et le plus courageux. Une nuit, il y eut panique à Médine, et les habitants sortirent dans la direction du bruit. Le Prophète après avoir tiré la nouvelle au clair, les rencontra en chemin. Il montait à poil un cheval appartenant à Abû Talha, et portait un sabre suspendu à son cou ; il répétait : «N'ayez pas peur, n'ayez pas peur». Puis il dit : «Nous avons trouvé que ce cheval était une mer, ou encore ce cheval est une mer». Les habitants de Médine sortent paniqués à l'écoute du bruit pour s'enquérir de ce qui s'est passé et le Messager les rencontre, seul, venant de la direction du bruit, leur panique se calme, sur un cheval à poil, et cela parce que la situation nécessite la rapidité, son sabre suspendu à son cou, parce qu'il pourrait être nécessaire. Il les a informés que le cheval qui est avec lui était une mer, c'est-à-dire rapide. Le Prophète n'attendit donc pas la sortie des gens pour l'accompagner afin qu'il découvre ce qui se passe comme l'on fait dans ce genre de situations. Et pendant la bataille d'Ohod, le Prophète consulta ses Compagnons et ces derniers lui conseillèrent le combat hors de la ville. Le Prophète était d'un autre avis, mais il adopta leur avis. Cependant, les Compagnons regrettèrent cela parce que le Prophète désirait autre chose. Les Auxiliaires [Ansar] dirent : Nous avons repoussé l'avis du Messager d'Allah alors, ils vinrent et dirent : Ô Prophète d'Allah, fais alors ce que tu as choisi. Il dit : «Il n'appartient pas à un Prophète lorsqu'il a porté sa cuirasse, de l'enlever avant d'avoir combattu». 26- La générosité et la bonté : Ibn Abbas rapporte que nul n'était aussi généreux que le Messager d'Allah et que cette générosité se manifestait davantage durant le mois de ramadan, à la suite de ses entrevues avec Gabriel [Jibril] qui venait chaque nuit lui enseigner le Qur'an. A ce moment là, l'Envoyé d'Allah r était plus généreux que le vent qui amène la pluie». Et Abû Dzar dit : « Je marchais avec le Prophète r dans la harra de Médine et nous faisions face au mont Ohod. «Hé ! Abou-Dzar, dit le Prophète. – A vos ordres, Ô Envoyé d'Allah, lui répondis-je. –Combien, reprit-il, je serai heureux d'avoir une masse d'or aussi considérable que ce Ohod. Dès la troisième journée je n'aurais pour moi qu'un dinar moins quelque chose que je réserverais pour une dette, car je n'aurais cessé de faire aux adorateurs d'Allah au sujet de cet or comme ceci, comme ceci, comme ceci, en donnant à droite, à gauche et derrière moi». Jabir disait : «Jamais, quand on lui demanda quelque chose, le Prophète ne répondit une seule fois : «Non». 27- La pudeur : Abû Saïd Al Khoudry t disait : «Le Prophète avait plus de pudeur qu'une jeune fille vierge. Quand il voyait quelque chose qu'il reprouvait, nous nous en apercevions à son visage». 28- La modestie : Le Prophète était parmi les gens les plus modestes. Il était tellement modeste que celui qui entrait dans la mosquée ne le reconnaissait pas parmi ses Compagnons. Anas ibn Malik a dit : « Nous étions assis dans la mosquée avec le Prophète, quand un homme entra, monté sur un chameau. Il fit agenouiller l'animal dans la cour de la mosquée ; il l'entrava, puis s'adressant à notre groupe : «Qui de vous est Muhammad ? » dit-il. Or le Prophète était accroupi parmi nous. «C'est cet homme au visage blanc et qui est accroupi », répondîmes-nous… ». Cela parce qu'il n'était pas différent de ses Compagnons et de l'assistance. Le Prophète ne se montrait pas hautain et n'avait pas d'orgueil à aller avec le pauvre, le faible ou le besogneux résoudre leurs problèmes. Anas rapporte qu'une femme parmi les gens de Médine qui avait quelque problème mental dit : « Ô Messager d'Allah ; j'ai un besoin auprès de toi. Il répondit : Ô mère d'untel, regarde n'importe quelle rue tu voudras pour que j'aille résoudre ton problème. «Il s'isola avec elle dans une rue jusqu'à résoudre son problème». *E-mail : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. . (A suivre)