La crise grecque à peine calmée, la crainte d'une contagion au reste de l'Europe, tout particulièrement à l'Espagne, faisait rechuter l'euro et toutes les Bourses européennes mardi. Des rumeurs selon lesquelles d'autres agences de notation allaient dégrader la note de l'Espagne et que Madrid pourrait demander une aide financière colossale au FMI faisaient plonger les places boursières. Vers 11H00 GMT la Bourse de Madrid perdait 2,80% après avoir chuté de plus de 3,30% en matinée, Lisbonne reculait de 2,10%, Paris de 1,51%, Londres de 1,08% et Francfort de 0,84%. // La Bourse d'Athènes chutait de son côté de 3,40%. L'euro lui s'échangeait à 1,3088 dollar, à son plus bas depuis un an. Pourtant, une semaine après la décision de Standard and Poor's de baisser la note de la dette espagnole, ses rivales Moody's et Fitch ont indiqué mardi qu'elles n'étaient pas en train de réexaminer la note de l'Espagne, qui reste pour ces deux agences la plus élevée possible, soit le fameux triple AAA. Une indication qui n'empêchait pas les taux d'intérêt des titres de la dette sur dix ans de grimper en Espagne (à 4,1%) et surtout au Portugal (à 5,28%). Avec le Portugal, l'Espagne est un des pays de la zone euro qui inquiète le plus les marchés. Ses déficits publics ont explosé en 2009 à cause de la crise financière, à 11,2% du PIB, et le gouvernement socialiste a promis un plan d'austérité pour les ramener à 3% en 2013. Certains investisseurs estiment que l'Espagne risque de suivre le même chemin que la Grèce, sauvée de la banqueroute par les pays de la zone euro et le FMI qui ont promis une aide de 110 milliards d'euros sur trois ans. "Une rumeur est en train de circuler dans les salles de marché selon laquelle l'Espagne aurait besoin de 280 milliards d'euros et pourrait les demander" au Fonds monétaire international, a ainsi expliqué Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities. Standard and Poor's a abaissé la note de la dette à long terme de l'Espagne la semaine dernière, craignant que le pays se trouve plongé dans une longue période de faible croissance qui empêcherait le gouvernement de réduire les déficits. Les marchés redoutent aussi que le gouvernement espagnol ne traîne des pieds pour adopter des mesures impopulaires. Le niveau de la dette publique espagnole est pourtant nettement plus bas que celui de nombreux pays de la zone euro, à 53,2% du PIB en 2009. Test important, le Trésor espagnol procédera jeudi l'émission de bons du trésor à 5 ans, proposant 3% d'intérêt. Il espère lever au moins deux milliards d'euros. Comme souvent en cas d'inquiétude sur les finances publiques, les valeurs bancaires étaient en première ligne et perdaient du terrain: Santander, première banque espagnole, chutait de 4,25% à 8,87 euros, tandis que celui de BBVA chutait de 4,29% à 9,41 euros. En France Crédit Agricole perdait -3,98% à 10,61 euros, BNP Paribas -2,60% à 51 euros et Société Générale -2,67% à 39,88 euros. La Bourse de Francfort résistait mieux, grâce à une série de résultats trimestriels plutôt bien accueillis, mais restait affecté par le recul du poids lourd Deutsche Telekom.