Les questions du Sahara oriental et du peuple kabyle... doivent voir la lumière    La croissance économique en hausse de 3% au Maroc au 4è trimestre 2024    Xi Jinping souligne la nécessité de gagner la bataille décisive, prolongée et globale contre la corruption    Les prévisions du lundi 13 janvier    Reprise des vols directs entre la Libye et l'Italie après 10 ans d'arrêt    Akhannouch engagé dans la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe    Gérald Darmanin propose de supprimer l'exemption de visa pour les dignitaires du régime d'Alger    Botola : Résultats et classement à l'issue d'une 18è journée tronquée    Botola : Le Wydad de Casablanca s'impose face à l'Union Touarga    Nizar Baraka critique les mauvais résultats du gouvernement Akhannouch    Moroccan embassy urges community to follow safety measures amid California wildfires    Morocco reclaims 40 km of «liberated territories» from Polisario    Amnistie sur le cash : Vers la fin de l'impunité fiscale ?    Nathan Devir: Le régime algérien, un "cocktail explosif" mêlant autocratie et échec    Managem cède la compagnie minière d'Oumejrane à "Purple Hedge Resources Morocco"    Prix Katara du poète du Prophète : 1.105 participants à la 7ème édition    Les médias français menacent de révéler ce qui est caché : les biens du régime des généraux en danger à l'étranger    Lockheed Martin célèbre plus de cinquante ans de coopération stratégique avec le Maroc    Inde: Un enseignant marocain distingué aux Global Teacher Awards    Le dernier tronçon de l'autoroute Tiznit-Dakhla achevé et ouvert à la circulation    Renforcement de la sécurité et protection des déplacés : Les Forces Armées Royales participent à une patrouille mixte au Nord-Kivu en République Démocratique du Congo    Une liaison aérienne directe lancée entre Rabat et Nador    Le nouveau président de la Commission nationale de la commande publique officiellement installé    Innovation technologique. Le Maroc brille au Consumer Electronics Show de Las Vegas    Akhannouch : « Nous devons intégrer les nouveautés du Code de la famille dans l'agenda du parti »    RNI : Akhannouch sonne la mobilisation    Rabat nouveau carrefour de la mode mondiale    Bilal El Khannouss étincelant face aux QPR d'Ilias Chair    Le Maroc prévoit d'élargir son réseau autoroutier de 66 % d'ici 2030    Vague de froid, de mardi à vendredi, dans plusieurs provinces du Royaume    Trophée Maroc Equestre: La 18ème édition célèbre les meilleurs cavaliers et cavalières qui ont brillé en 2024    Hubert Velud : « Une qualification méritée, nous avons toujours une marge de progression »    « Tiflwine » célèbre les traditions amazighes ancestrales    Une lettre à Adonis    «Yassine Adnane : renforcer la place de Marrakech comme ville et capitale du livre »    L'ANEF dément toute destruction de plants de pins à Nador    CCAF: La RSB pour le sans-faute face au CD Lunda del Sul au début de l'après- midi    Finale. Supercoupe d'Espagne / Real - Barça : Horaire? Diffusion?    L'Ecole de formation des gardiens de la paix de Marrakech, un nouveau pas sur la voie de la consolidation de la décentralisation de la formation policière    Incendies à Los Angeles: Le bilan grimpe à 16 morts    Gabriel Attal appelle à abroger l'accord bilatéral de 1968 face aux provocations d'Alger    Le retour du chaos : Les services de renseignement algériens impliqués dans l'attaque des camions marocains entre le Mali et la Mauritanie    Les relations commerciales entre le Maroc et l'Espagne atteignent un nouveau sommet pour la quatrième année consécutive    CHAN 2024: Annulation du stage de la sélection marocaine des natifs de 2000 et plus    Megarama : Quand on aime la vie, on ne va pas au cinéma    Le Liban et la Syrie s'engagent à ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations    Safi, cité océane : entre sinistre et gaucherie!    Découverte des épaves de deux navires archéologiques au large d'El Jadida    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'investissement public, entre chiffres et réalité.
Publié dans Albayane le 19 - 11 - 2024

Selon la théorie keynésienne, à court terme, les dépenses publiques de toutes sortes (salaires, consommations intermédiaires, investissements, allocations-chômage, etc.) contribuent en effet à déterminer le niveau de la demande globale, qui s'adresse aux entreprises et à partir de laquelle sont effectués les choix en matière de production et d'emploi.
Sur le long terme, les dépenses publiques agissent également sur l'offre : les dépenses d'éducation et de santé augmentent la productivité de la main-d'œuvre, les dépenses de recherche contribuent à la découverte de nouveaux procédés et de nouveaux produits susceptibles d'améliorer le bien-être, les dépenses d'investissement permettent de développer des infrastructures utiles à l'activité dans l'ensemble des secteurs, etc.
Les dépenses publiques jouent donc à la fois sur la demande et sur l'offre, c'est-à-dire sur le niveau d'activité économique, qui, à son tour, détermine les recettes sur lesquelles l'Etat peut compter. Lorsque l'activité s'améliore et que l'Etat parvient à lutter contre l'évasion fiscale, les recettes augmentent avec le revenu national, d'où un moindre recours à l'endettement : la dette publique s'accroît alors plus lentement que le PIB, et le ratio d'endettement (dette/PIB) diminue. Lorsque l'activité décroît, le PIB fond plus vite que la dette, et le ratio d'endettement augmente. Ce schéma théorique est loin de se vérifier dans le cas du Maroc en prenant comme base d'analyse l'investissement public.
Estimé à 340 MMDH dans le projet de loi de finances 2025, l'investissement public se compose comme suit : 40% de cette enveloppe reviennent aux EEP (Etablissements et Entreprises publics), soit 138 MM DH ; le budget général, les CST (Comptes Spéciaux du Trésor), les SEGMA, totalisent, en procédant à la neutralisation des transferts du budget vers les CST et les SEGMA, le montant de 120,5 MM DH, soit 35,4% ; le Fonds Mohamed VI pour l'investissement est doté d'une enveloppe de 45 MM DH, soit 13,2% ; les collectivités territoriales y contribuent à hauteur de 6,3%, soit 21,5 MMDH ; le Fonds spécial pour la gestion deseffets du tremblement de terre doté de 15 MM DH représente 4,4%. L'investissement public tel qu'il est présenté sur le papier représente 20,6% du PIB. C'est une proportion énorme en comparaison avec les pays à orientation libérale. Dans les pays européens, l'investissement public ne représente que 3 à 4% du PIB !
Toutefois, ces données appellent les remarques suivantes :en premier lieu,l'investissement public qui représente les deux tiers de l'investissement global se caractérise par une efficacité limitée due notamment à une mauvaise gouvernance et au caractère réduit de l'effet multiplicateur qui joue essentiellement dans les pays partenaires du Maroc. Ainsi, à chaque fois que notre pays réalise un projet d'infrastructure, cela nécessite des importations de l'étranger sous forme de biens d'équipement et de technologie. Cette démonstration est valable pour les plans de relance qui ont eu peu d'impact tant sur la croissance que sur l'emploi.
En deuxième lieu, les 45 MM DH affectés au Fonds Mohamed VI faisant partie d'un plan de relance post-covid remontent à 2021 et sont reportés d'un budget à un autre au point qu'on parle toujours d'opérationnalisation dudit Fonds !
En troisièmelieu, cet investissement n'est réalisé que dans une proportion tourant autour de 70%, ce qui signifie que l'investissement effectif ne dépasserait pas 238 MMDH, voire beaucoup moins sion prend en considération l'ensemble des remarques soulignées précédemment.
En quatrième et dernier lieu,l'investissement public est mal réparti territorialement et ne profite pas à toute la population de la même manière et par conséquent, il ne fait qu'aggraver les inégalités territoriales comme cela apparait dans la note relative à la répartition régionale de l'investissement. Ainsi, d'après nos calculs, réalisés sur la base des chiffres disponibles, les montants de l'investissement public par habitant varient, selon les différentes régions, entre 14400 DH (Laayoune Saqiat Al Hamra) et 1693 DH (Fès- Meknès). Par rapport à la moyenne nationale de 3738 DH par habitant, 5 régions se situent au-dessus de cette moyenne et les 7 autres sont au-dessous.On soulignera également que ces données n'ont qu'une valeur indicative dans la mesure où elles portent seulement 137,7 MM DH sont concernés, soit à peine 40% du montant global prévu par le PLF 2025.
Bien sûr, il faut faire la comparaison sur le long terme afin de saisir les dynamiques régionales. A ce niveau, les rédacteurs de ladite note relèvent effectivement une dynamique régionale des régions à faible contribution au PIB dans la mesure où elles connaissent des taux de croissance plus importants que les autres. Cette dynamique concerne essentiellement nos régions du Sud qui ont bénéficié d'investissements considérables et d'un programme de développement de près de 80 MM DH. Mais pour l'heure, on relève toujours la concentration de la richesse dans les trois régions : Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui concentrent à elles seules près de 60% (58,6%) du gâteau national.
La réduction des inégalités territoriales et sociales demeure un vœu pieux. Même les collectivités territoriales qui devraient normalement y contribuer en affectant les transferts publics dont elles bénéficient à l'investissement (51 MM DH la part de la TVA transférée aux communes et 9 MM DH mis à la disposition des régions), ne mobilisent à cette fin que 21,5 MM DH. Le reste, soit 38,5 MM DH sont destinés au fonctionnement ! Une situation pour le moins anachronique qu'il faudra corriger au plus vite. Il est temps de clarifier les rapports entre l'Etat Central et « l'Etat territorial » à travers la mise en œuvre d'une politique audacieuse de décentralisation et de déconcentration qui soit en harmonie avec l'objectif stratégique de la régionalisation avancée. C'est une dimension que l'Etat social tel qu'il est mis en œuvre par le gouvernement a laissé de côté.
Le pays est appelé à assurer trois équilibres fondamentaux : équilibres macroéconomiques, équilibres macrosociaux et équilibres écologiques. Pour l'heure, et contrairement aux affirmations des pouvoirs publics, force est de constater qu'aucun de ces trois équilibres n'est entièrement réalisé. Même les équilibres macroéconomiques demeurent fragiles et sont sujets à inquiétude : déficit budgétaire voisin de 5% ; déficit chronique de la balance commerciale ; déficit de la balance des paiements ; endettement du trésor de 70% et endettement public de 84%.
Seul un changement de cap serait de nature à redresser à la fois nos équilibres macroéconomiques et assurer le mieux vivre de la population tout en préservant nos ressources naturelles. Ces objectifs ne sont pas contradictoires. Au contraire, ils font partie d'une même dynamique. A condition de changer de paradigme et d'abandonner un certain nombre de recettes néo-libérales qui ont montré leurs limites.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.