Entretien avec Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l'INSAP Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef Depuis son accession au trône en juillet 1999, le Roi Mohammed VI a toujours eu une vision claire de l'importance de la culture et du patrimoine. Ainsi, le Royaume, désormais un grand livre de l'Humanité, est devenu une destination des plus prisées pour les archéologues, les chercheurs des trésors enfouis de l'Histoire. «Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l'assiste accorde une grande importance à la culture et au patrimoine. Il est ainsi important et très symbolique que suite à des initiatives Royales, les médinas marocaines sont devenues de grands chantiers de restauration afin de préserver un style et un art de vivre marocains vieux de plusieurs siècles.», a affirmé Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP) De tels chantiers ont permis de maintenir, poursuit-il, de préserver et de développer plusieurs métiers traditionnels en matière de l'architecture traditionnelle, le travail du bois, des décors en plâtre, du métal, du zellige entrés autres métiers. « C'est un bel exemple grâce à la vision Royale de faire pérenniser des savoir-faire vieux de plusieurs siècles.», a-t-il indiqué. Entretien. Al Bayane : le Maroc a célèbré, le 30 juillet, la Fête du Trône, marquant le 25e anniversaire de l'intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. En effet, cette année, les célébrations revêtent une importance particulière, car elles fêtent un quart de siècle de leadership visionnaire, de développement, de réformes profondes et de prospérité sous le règne du Souverain. Que représente cet événement pour vous ? Abdeljalil Bouzouggar: En célébrant la Fête du Trône, nous avons l'occasion de montrer et de prouver notre attachement à Sa Majesté le Roi Mohammed VI et à la Famille Royale. La fête de cette année marque 25 ans du règne de notre Roi que Dieu l'assiste et nous célébrons en même temps une multitude d'initiatives Royales qui ont de grandes retombées sociales et économiques dont la couverture sociale généralisée qui permet l'accès aux soins pour tous et des projets structurants générateurs d'emplois. Nous constatons également avec beaucoup de joie, d'admiration et de fierté les initiatives et les décisions Royales qui sont considérées et respectées par les grandes puissances. Nous célébrons aussi 25 ans d'ouverture sur le monde et surtout sur notre continent avec plusieurs initiatives qui consolident davantage nos liens avec différents pays africains. Les actions Royales montrent d'une manière magistrale la grandeur d'un Roi qui œuvre sans relâche pour développer le Maroc à tous les niveaux, la Fête du Trône est certes un grand événement, mais elle est aussi le symbole et l'occasion de montrer à nouveau l'attachement de la Nation Marocaine à Sa Majesté le Roi et à la Famille Royale. Depuis son accession au trône en juillet 1999, le Roi Mohammed VI a toujours eu une vision claire de l'importance de la culture et du patrimoine. Dans cette optique, quel bilan faites-vous des réalisations dans les domaines du patrimoine et de l'art qui ont connu un véritable essor sous le règne du Souverain ? Nous avons eu l'occasion à maintes reprises dans les discours Royaux, les Lettres ou les initiatives Royales de constater que Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l'assiste accorde une grande importance à la culture et au patrimoine. Il est ainsi important et très symbolique que suite à des initiatives Royales, les médinas marocaines sont devenues de grands chantiers de restauration afin de préserver un style et un art de vivre marocains vieux de plusieurs siècles. De tels chantiers ont permis de maintenir, de préserver et de développer plusieurs métiers traditionnels en matière de l'architecture traditionnelle, le travail du bois, des décors en plâtre, du métal, du zellige entrés autres métiers. C'est un bel exemple grâce à la vision Royale de faire pérenniser des savoir-faire vieux de plusieurs siècles. Les grands événements culturels sont aussi placés sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l'assiste à l'exemple du salon international de l'édition et du livre, un rendez-vous annuel qui attire beaucoup de visiteurs et développe davantage le goût de la lecture. Le patrimoine dans toutes ses facettes a toujours bénéficié des initiatives Royales y compris le patrimoine naturel et faunique à l'image du Lion de l'Atlas qui a été sauvé de l'extinction par la Famille Royale qui a fait don de plusieurs lions au jardin zoologique de Rabat et qui est à la base d'une communauté de ce félin très emblématique et qui ne cesse de s'accroître sur cette terre où il existe depuis plusieurs milliers d'années. Le Maroc est désormais un grand livre de l'Humanité. Pensez-vous que les découvertes archéologiques édifiantes (Djebel Irhoud, découverte à la grotte de Bizmoune, le déterrement du plus ancien Acheuléen de l'Afrique du Nord à Casablanca, entre autres...) Pensez-vous que ces trouvailles ouvriront la voie pour revisiter non seulement notre histoire, mais aussi celle du monde? Toute découverte archéologique est importante, mais lorsqu'elle a un impact sur l'histoire de l'humanité, elle devient majeure. C'est ce que nous constatons à l'occasion de plusieurs découvertes archéologiques au Maroc qui se succèdent et ne se ressemblent pas, mais qui sont toujours des preuves que la terre marocaine a joué un rôle important dans l'histoire de l'humanité. Les superlatifs s'accumulent grâce aux découvertes archéologiques avec le plus ancien représentant d'Homo sapien au monde daté de 315 mille ans et découvert à Jebel Irhoud à Youssoufia, des plus anciens objets de parure datés de 150 mille ans à Bizmoune à Essaouira, du plus ancien Acheuléen bien daté en Afrique du Nord mis en évidence à Casablanca et dont l'âge est de 1,3 millions d'années et des plus anciens indices de sédentarisation au monde découverts dans la grotte des Pigeons à Taforalt et datés de 15 mille ans entre autres découvertes. De telles découvertes archéologiques ont certes un impact sur l'histoire de notre pays, mais aussi sur celle de l'humanité. Nous constatons avec fierté que ces découvertes et autres sont citées dans de grands travaux académiques et font progressivement leur entrée dans les manuels scolaires. C'est pour cette raison que plusieurs institutions universitaires internationales souhaitent collaborer avec l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP), car le Maroc est considéré comme une terre d'origines de plusieurs innovations et événements qui aident à mieux connaître l'histoire de l'humanité. Le Royaume est devenu une destination des plus prisées pour les archéologues, les chercheurs des trésors enfouis de l'Histoire. A votre avis, quelles seront les retombées de ces découvertes sur l'offre touristique sachant que le site Sidi Abderrahmane, deviendra le premier parc de préhistoire en Afrique du Nord ? Les découvertes archéologiques au Maroc et qui intéressent aussi l'histoire de l'humanité ont grandement contribué au développement des recherches au Maroc. Nous assistons ces derniers temps à la multiplication des équipes marocaines de haut niveau et qui réalisent des travaux selon les standards internationaux donnant ainsi naissance à des découvertes archéologiques majeures à l'image de celles réalisées récemment à Chellah à Rabat. Ce patrimoine archéologique sous forme de sites ou d'objets exposés dans nos musées contribue au tourisme culturel et il est appelé à le faire davantage, car notre pays abritera de grands événements sportifs comme les coupes d'Afrique des Nations et du Monde et qui vont attirer beaucoup de visiteurs marocains et étrangers. Quelle place occupe le patrimoine archéologique dans l'enseignement, les médias, les politiques culturelles et publiques ? Il est important de signaler que le patrimoine archéologique n'est plus enseigné uniquement à l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine, mais aussi dans différentes institutions universitaires et c'est une tendance qui ne cesse de se développer. L'INSAP est en pleine restructuration grâce à l'appui très important du Ministère de la Jeunesse de la Culture et de la Communication en matière du budget et des postes budgétaires qui ont permis de recruter de jeunes talents, de construire de nouveaux bâtiments et de nouveaux laboratoires uniques en Afrique. Les découvertes archéologiques sont toujours couvertes par les médias ce qui rend l'archéologie et le métier d'archéologue accessibles au grand public. Nous constatons par exemple que le nombre de nouveaux bacheliers qui ont déposé un dossier complet pour passer le concours d'accès au cycle fondamental de l'INSAP est passé de 4252 en 2023 à 9108 en 2024 pour seulement 30 places. Devant de tels chiffres et grâce à l'appui du Ministère de la Jeunesse de la Culture et de la Communication, la capacité d'accueil de nouveaux futurs lauréats va augmenter.