Nabil EL BOUSAADI En attribuant 341 des 650 sièges du Parlement aux Travaillistes, les électeurs britanniques mirent fin, la semaine dernière, aux 14 années du pouvoir des Conservateurs et donnèrent les clés du 10, Downing Street au chef de file du Labour, Keir Starmer, 61 ans, qui, en obtenant 15 sièges de plus que la majorité absolue, a, désormais, les coudées franches pour pouvoir mettre en œuvre le programme de son parti. Dans le discours qu'il a prononcé après la proclamation officielle des résultats ayant conféré, à l'ancienne opposition, une confortable majorité à la Chambres des Communes, cet ancien avocat spécialiste des droits humains, qui, neuf années après être entré en politique et quatre ans à peine après avoir pris la tête du Labour, s'est vu confronté à une importante aspiration des britanniques au changement, a tenu à remercier tous ceux qui ont fait confiance au Labour et promis « de renouveler les idées qui maintiennent l'unité (du) pays et (le) renouveau national » même s'il a reconnu que la tâche ne sera pas « facile » et qu'il ne bénéficiera « d'aucune période de grâce ». Peu charismatique mais déterminé, Keir Starmer avait promis, durant la campagne électorale, de « redresser » les services publics en recentrant le pays sur le plan économique, de renforcer les droits des travailleurs et, surtout, de lutter méthodiquement contre l'antisémitisme, de réduire l'immigration et de rapprocher le Royaume-Uni de l'Union européenne sans, toutefois, remettre en question le Brexit. Aussi, dès que le roi Charles III a accepté la démission de Rishi Sunak et chargé Keir Starmer de former un nouveau gouvernement, ce dernier a rassemblé autour de lui, d'anciens ministres de Tony Blair et de Gordon Brown ainsi que certains élus travaillistes de longue date, des membres de la société civile et des compagnons qui ont fait leurs armes, à ses côtés, dans l'opposition mais, last but not least et c'est ça le plus important, confié des postes-clés à des femmes car dans ce gouvernement de « tous les talents », qui est le plus « féminin » de l'Histoire du Royaume-Uni, on trouve Angela Rayner comme vice-Première ministre, Rachel Reeves en tant que Chancelière de l'Echiquier et, Yvette Cooper, que d'aucuns surnomment « la dame de fer », au ministère de l'intérieur. Le nouveau Premier ministre britannique avait, également, fait part de son intention de remettre en état le National Health Service, le service public de santé, de lutter contre la pauvreté et contre l'immigration illégale en s'attaquant, avec la pleine coopération de la France et de l'Union européenne, aux petites embarcations qui empruntent la Manche et de veiller, également, à contrecarrer les vagues de chaleur et les inondations générées par le changement climatique. En matière de politique étrangère, après avoir confirmé son intention d'abandonner le projet controversé du précédent gouvernement conservateur d'expulser des migrants au Rwanda, Keir Starmer a fait ses premiers pas sur la scène internationale en se rendant, à Washington, du 9 au 11 Juillet courant, pour les célébrations du 75ème anniversaire de l'OTAN. Sachant, enfin, que de nombreux observateurs voient en ce juriste issu de la classe moyenne qu'est Keir Starmer, un véritable antidote à la fois à l'exubérance de Boris Johnson dont l'image est, désormais, associée aux soirées « bien arrosées » qu'il avait organisé, en plein confinement, au 10, Downing Street, et aux fameux délits d'initiés qui ont entaché le gouvernement de Rishi Sunak, attendons pour voir...