Saoudi El Amalki « L'avantage d'être l'intelligent, c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile alors que l'inverse est impossible », disait Woody Allen, le réalisateur américain de cinéma. Cette citation pourrait convenir à notre tourisme où des décideurs s'amusent à faire le malin en balançant des chiffres erronées pour faire gober le satisfecit dans les rangs de la communauté du domaine. Le problème dans ce jeu trompeur c'est que le tourisme s'est retrouvé, après des décennies de menterie, au bas de l'échelle par rapport à des Nations qui ont entamé leur aventure du secteur bien tardivement. A présent, la quasi-totalité de stratégies et de plans d'action sont voués à l'échec, notamment le Plan Azur et la Série Maroc Visions. Sans trop remuer le fer dans la plaie, on balaiera d'un revers de main, cette longue déchéance touristique pour s'en tenir à ce qui se fait de bon à la manœuvre centrale et régionale. Il y a quelques temps, après des tâtonnements dûs à la crise virale, le département de tutelle a « pondu » une nouvelle feuille de route afin de sortir le secteur des ornières dans lesquelles il s'était embourbé. Sur quatre ans (2023/2026), avec une manne budgétaire de plus de 6 milliards de dirhams, elle vise fournir 200 000 postes d'emplois, en fin 2026 et drainer à cet horizon, 17,5 touristes. A un peu plus d'une année de la signature de la convention-cadre de partenariat pour le déploiement de cette feuille de route, sous la présidence du chef de gouvernement, serait-on en mesure de faire le point sur les premiers jalons de l'ébauche par des statistiques aussi fiables que plausibles ? Rien de si rassurant en perspective, puisque le binôme central est à côté de la plaque, avec une ministre quoique vaillante, se montre loin de s'y retrouver aux rouages d'un secteur où seuls les chevronnés aguerris qui ont roulé leur bosse, peuvent s'y connaître, alors que le directeur général de l'OMNT ne cesse de danser autour du pommier et noyer le poisson, sans jamais parvenir à s'y prendre pour de bon. Désemparées et quasiment abandonnées à leur sort, telles des épaves dans le large, les régions s'ingénient tant bien que mal, à sortir la tête de naufragés. A l'image de la station balnéaire d'Agadir qui du jour au lendemain, se voit dégringoler aux enfers avec une vingtaine d'hôtels cadenassés, causant l'amenuisement de la capacité litière et capituler par l'aérien qui continue à bouder la destination « mise en quarantaine » par une politique centrale trop ségrégative à son égard. Là-dessus encore, on projette d'atteindre 2 millions de touristes dans la capitale du Souss à l'horizon 2026. On le voudrait bien, mais comment pouvoir y arriver avec toutes ces conditions handicapantes qui taraudent la destination, face à l'insuffisance de lits convenants, de dessertes aériennes en provenance de marchés émetteurs variés, de produit relevé et diversifié comblant tous les goûts et les attentes, d'animation rehaussée à caractère exotique, récréatif et sublimant. Ces leviers essentiels pour le redressement de ce secteur en mal de gouvernance, nécessitent tout d'abord, un entrain volontariste de tous les intervenants, une convergence synergique des professionnels et opérateurs ainsi que des partenaires institutionnels publics et du privé, une unicité cohérente aussi bien horizontale que verticale, basée sur l'intelligence collective, l'esprit civique et la probité avérée et le désintéressement...Cependant, à coup sûr et encore fois, la mobilisation de tous ces ingrédients nécessaires serait bien l'œuvre d'un pionnier en art de gestion et de réflexion, pouvant conduire à bon port le secteur en mal de mer. Heureusement qu'on puisse s'enorgueillir d'en avoir un, récemment débarqué à Agadir !