Le syndicat United Auto Workers (UAW) a annoncé vendredi que le mouvement de grève engagé chez les constructeurs automobiles mi-septembre entrait dans « une nouvelle phase », n'ajoutant pas de sites grévistes mais prévenant qu'une extension pourrait intervenir « n'importe quand ». « Aujourd'hui, je n'annonce pas d'arrêt de travail supplémentaire. A la place, j'annonce une nouvelle phase dans la grève », a indiqué Shawn Fain, lors de son point hebdomadaire sur les négociations portant sur les prochaines conventions collectives avec les trois grands constructeurs américains –« les Big Three »– Ford, General Motors et Stellantis. Ce sont désormais près de 34.000 employés des trois constructeurs qui sont mobilisés, sur leurs 146.000 salariés encartés à l'UAW. Six usines d'assemblage et 38 sites de distribution sont concernés, dans 22 Etats, selon le syndicat. « A partir de maintenant, nous mobiliserons les usines quand nous en avons besoin, où nous en avons besoin et avec un préavis très court », a lancé Fain, accusant les trois groupes de « faire traîner les choses ». « Ils pensaient avoir décrypté les règles du jeu. Donc nous changeons les règles », a-t-il relevé, en référence au rythme adopté depuis le lancement de la grève le 15 septembre lorsqu'il annonçait chaque vendredi l'extension ou non des arrêts de travail en fonction des avancées des négociations. Mais le syndicat a créé la surprise cette semaine en appelant à la grève dès mercredi ses 8.700 membres dans la Kentucky Truck Plant (KTP), la plus grande usine de Ford qui génère 25 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an. « Les groupes commençaient à attendre le vendredi pour faire des progrès importants dans les négociations », a justifié Shaun Fain. Stellantis (Chrysler, Jeep, Dodge, etc) a affirmé dans un communiqué qu'il s'employait avec l'UAW à « combler les écarts sur des sujets qui apporteront des gains financiers immédiats et une sécurité de l'emploi tout en fournissant un pont pour l'avenir du groupe ». « Nous avons effectué des progrès cette semaine », a affirmé le groupe, espérant un « accord dès que possible pour que tout le monde retourne travailler ». A ce sujet, il a annoncé le licenciement temporaire de 700 employés supplémentaires travaillant pour deux usines de l'Indiana dont l'activité dépend directement de sites grévistes, ce qui porte le total à plus de 1.300 personnes. Ford et General Motors ont annoncé des mesures similaires. Selon Fain, Ford a déposé mercredi après-midi exactement la même offre que deux semaines plus tôt, « sans argent supplémentaire ». En sortant de la réunion, « nous n'avons pas attendu une minute (…) et j'ai appelé moi-même pour dire (à KTP) de débrayer ». « C'en est terminé de jouer en défense, nous partons à l'offensive », a-t-il prévenu. Kumar Galhotra, un haut responsable de Ford, a fait part jeudi de la surprise du groupe après cette décision, affirmant que Ford négociait « de bonne foi » et avait adressé une offre « incroyablement positive » qui hisserait le personnel de Ford parmi les 25% des meilleurs emplois aux Etats-Unis en termes de salaires horaires et d'avantages. Fain a assuré à ses adhérents que le syndicat se trouvait « dans une position très très solide » et qu'il avait déjà obtenu des hausses salariales supérieures au cumul de celles octroyées depuis quinze ans.