Un centre d'addictologie vient d'ouvrir ses portes à Kénitra, offrant une lueur d'espoir aux âmes en quête de rédemption. Des équipes, d'une compassion réconfortante, s'emploient dès sa mise en service à atténuer les souffrances, tant psychologiques, physiques que sociales, des individus pris au piège des affres de l'addiction. Il s'agit du premier centre pluridisciplinaire du genre dans la province. Inauguré le 18 mai, il devra non seulement profiter aux Kénitris, mais aussi aux habitants de Sidi Kacem et Sidi Slimane. Le projet s'inscrit, en effet, dans le cadre de la phase III de l'Initiative nationale pour le développement humain, plus précisément son programme d'accompagnement des personnes en situation de précarité. Sa réalisation a coûté 6 millions de dirhams, répartis entre les provinces de Kénitra (3 MDH), Sidi Kacem (1,8 MDH) et Sidi Slimane (1,2 MDH). Dans une démarche de partenariat, la délégation provinciale de la Santé et de la Protection sociale a mobilisé le cadre foncier et les ressources humaines et budgétaires nécessaires au bon fonctionnement, tandis que la phase d'étude et de planification et la construction ont été chapeautées par le conseil provincial. Etalé sur 6.500 m2, dont une superficie couverte de 1.600 m2, l'établissement vise « la prévention, la prise en charge et l'accompagnement des personnes ayant une consommation à risque, un usage nocif ou présentant une dépendance aux substances psychoactives, ainsi que de leur entourage », explique le délégué provincial du ministère de la Santé et de la Protection sociale à Kénitra, Abdelmoumen Redouane. En son sein, un large éventail de services est disponible. Il va de l'accueil, l'évaluation et l'orientation à la prise en charge médico-psycho-sociale des patients (diagnostic, prestations de soins et suivi), en passant par la sensibilisation et la réduction des risques associés à la consommation de substances psychoactives, précise le responsable au micro de la MAP. L'approche adoptée par le centre transcende les barrières conventionnelles. Elle embrasse une vision holistique, considérant chaque individu dans sa globalité. Au-delà des symptômes apparents, les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux sont examinés avec minutie grâce à une équipe pluridisciplinaire composée d'addictologues, de psychologues cliniciens, d'infirmiers en santé mentale, d'assistants sociaux et bien d'autres professionnels. L'intervention est en effet organisée en deux pôles : un pôle médical déjà opérationnel, et un autre communautaire dont la gestion sera confiée à une association compétente à la suite d'un appel d'offres pour assurer la prévention, la sensibilisation, la réduction des risques et l'accompagnement pour une réinsertion socio-professionnelle. Face à l'absence de données statistiques sur le phénomène, « l'établissement d'une cartographie provinciale permettant de mieux cibler les actions et d'adapter les stratégies, en partenariat avec les associations locales et d'autres départements, est l'un de nos objectifs à court terme », affirme M. Redouane. L'impact de cette initiative audacieuse sur la population des trois provinces n'est pas à sous-estimer. « Auparavant, les personnes souffrant d'addiction devaient se rendre à Salé ou même à Tanger, ce qui engendrait des coûts financiers risquant de les décourager », relève Abdelaziz El Bour, chef infirmier au nouveau centre d'addictologie de Kénitra. Aujourd'hui, poursuit-il, ils peuvent bénéficier d'une prise en charge locale, avec une attention méticuleuse accordée à la personnalisation des traitements pour répondre aux besoins spécifiques de chaque patient et améliorer la qualité de sa vie. D'ailleurs, l'addiction est multiforme et a de lourdes conséquences sur l'intégrité physique et la santé des individus, voire sur la société dans son ensemble et sur le développement socio-économique. D'après l'addictologue Abdelkader Rabhi, celle-ci ne se limite pas à la dépendance vis-à-vis de certaines substances telles que l'alcool, les drogues et les médicaments, mais il peut s'agir d'addictions comportementales telles que la dépendance aux jeux d'argent et vidéo. Dans la majorité des cas, avertit-il, l'addiction peut avoir des répercussions sur la santé mentale provoquant des états dépressifs ou des troubles de comportement. Il va sans dire que la lutte contre les conduites addictives constitue un réel enjeu tant à l'échelle locale que nationale, en particulier auprès des jeunes. L'ouverture du centre d'addictologie de Kénitra, qui intervient dans la foulée de ceux réalisés dans plusieurs villes du Royaume, ne constitue pas seulement une réponse aux besoins urgents de la population locale, mais également une reconnaissance de l'importance de traiter les addictions comme une problématique de santé publique. Au demeurant, le ministère de la Santé et de la Protection sociale planche sur un nouveau plan stratégique national de prévention et de prise en charge des troubles addictifs pour la période 2023-2030, lequel tiendra compte de l'analyse et l'évaluation du plan 2018-2022 arrivé à terme.