Nabil EL BOUSAADI Réunis à Hiroshima, au Japon, du 19 au 21 mai courant, les dirigeants du G7 ; à savoir, ceux de l'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni, ont appelé la Chine, qui n'a jamais condamné l'invasion de l'Ukraine, à « faire pression sur la Russie pour qu'elle cesse son agression (et) retire ses troupes immédiatement et sans conditions » et réaffirmé leur « opposition » aux velléités militaires de Pékin dans l'indo-pacifique. Voilà en ce qui concerne le volet militaire. En matière économique, le G7 a appelé au renforcement des sanctions contre la Russie et à la recherche des moyens de se protéger contre cet éventuel « chantage économique chinois » qui serait apparu au moment où la Chine s'était dite entièrement disposée à recourir à des entraves « commerciales » si des considérations « diplomatiques » venaient à l'imposer. A cela, mais sans nommer expressément l'Empire du milieu, les dirigeants du G7 ont répondu que toute tentative de « coercition économique » aurait « des conséquences » fâcheuses dès lors qu'elle nuirait au commerce international, « porterait atteinte à l'ordre international fondé sur le respect de la souveraineté et de l'Etat de droit » et compromettrait, enfin, « la sécurité et la stabilité mondiale ». Etant, par ailleurs, profondément préoccupés par leur vulnérabilité dans les secteurs stratégiques se rapportant aux minerais essentiels, aux semi-conducteurs et aux batteries électriques, les dirigeants du G7 et particulièrement ceux des Etats-Unis, invoquant des raisons de sécurité, ont mené, ces derniers temps, une intense campagne visant à restreindre l'accès de la Chine aux outils nécessaires à la fabrication des semi-conducteurs. Mais, Paris et Berlin qui ne veulent pas suivre Washington, les yeux fermés, entendent se démarquer de toute approche qui n'aurait pour finalité qu'une « confrontation » avec Pékin. Il y a lieu de noter, toutefois, que la particularité de ce sommet a trait, notamment, au fait qu'après avoir rendu un hommage appuyé aux 140.000 victimes de la bombe que les Etats-Unis avaient largué sur la ville d'Hiroshima le 6 Août 1945, c'est la première fois que les dirigeants du G7 ont expressément dénoncé la prolifération nucléaire en faisant une déclaration axée sur le désarmement nucléaire qui semblerait avoir pour raison d'être de couronner les efforts entrepris en la matière par le Premier ministre japonais Fumio Kishida, dont la famille serait originaire d'Hiroshima. Jugeant, par ailleurs, « dangereux et inacceptable » le projet de Moscou d'entreposer des armes nucléaires en Biélorussie, le G7 d'Hiroshima a saisi cette occasion pour condamner la « rhétorique nucléaire irresponsable » de la Russie, mettre en garde la Corée du Nord contre ses « actions provocatrices » et exhorter l'Iran à mettre un terme à son « escalade nucléaire ». Enfin, en dépit du fait que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France possèdent des milliers d'ogives nucléaires et que les autres membres du groupe – Japon compris – sont couverts par le fameux parapluie nucléaire américain, les dirigeants du G7, sans proposer d'engagements concrets, ont affirmé, néanmoins, vouloir tout mettre en œuvre pour que le monde soit débarrassé de ses armes nucléaires même si, pour atteindre un tel objectif, ils restent conscients qu'il leur faudra accomplir cet important « effort mondial » qui les conduirait, « de la dure réalité à l'idéal », en empruntant un chemin particulièrement « étroit ». La dénucléarisation du monde mise en avant par le sommet du G7 d'Hiroshima ne serait-elle, une fois de plus, qu'une simple déclaration d'intention quand ce qui importe le plus, aux yeux de ses dirigeants, est de soutenir l'Ukraine à bouts de bras – puisqu'ils ont imposé la présence du président Zelensky sans même en aviser le pays-hôte – et de condamner ces bêtes noires de la Maison Blanche que sont la Russie, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord ? Tout semble aller dans cette direction mais attendons pour voir...