Les dirigeants du G7 se réunissent cette semaine à Hiroshima pour durcir le ton face à la Russie après son invasion de l'Ukraine et adopter une ligne commune vis-à-vis de la superpuissance chinoise. Ce sommet de trois jours, qui commence vendredi, des principaux Etats industrialisés couvrira tous les domaines, de l'énergie à l'intelligence artificielle. L'accent sera mis toutefois sur les failles permettant à Moscou d'atténuer l'impact des sanctions du G7 sur son économie. Les chefs d'Etat et de gouvernement devraient ménager le choux et la chèvre envers Pékin, en affichant d'un côté leur unité sur Taïwan, sans attiser les tensions et en voulant rendre les chaînes d'approvisionnement moins dépendantes de la Chine. La réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 en avril s'était concentrée sur Pékin avec une mise en garde contre ses "activités de militarisation" en mer de Chine méridionale. Les chefs de la diplomatie du G7 avaient alors également insisté sur le fait qu'il n'y avait "aucun changement" de leur position sur Taïwan après que le président français Emmanuel Macron, au retour d'un voyage en Chine, eut déclaré que l'Europe devrait éviter d'être prise dans "des crises qui ne sont pas les (siennes)". Le sommet de Hiroshima devrait approuver le retrait de chaînes d'approvisionnement cruciales de l'influence chinoise. Washington a déjà adopté une approche ferme sur le sujet, bloquant l'accès de Pékin aux semi-conducteurs les plus avancés et aux équipements nécessaires à leur fabrication, et a convaincu Tokyo et La Haye de faire de même.
Pour une approche multidimensionnelle avec la Chine L'Europe doit "recalibrer" ses relations avec la Chine, a déclaré la semaine dernière le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Nous recherchons une approche multidimensionnelle de nos relations économiques avec la Chine", a aussi souligné lundi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Mais "cette approche se caractérise par une réduction des risques et non par un découplage", a-t-elle assuré. Mme von der Leyen a cité des exemples précis de tentatives chinoises de coercition économique visant la Lituanie, le Japon et l'Australie. "Nous sommes les plus vulnérables à la coercition (...) là où les dépendances s'accumulent. C'est pourquoi nous prenons des mesures", a-t-elle ajouté, estimant que les matières premières essentielles constituaient un domaine d'action. Membre non énuméré du G7 en tant qu'organisation supranationale, l'Union européenne a déjà récemment irrité Pékin en proposant de restreindre ses exportations de technologies sensibles à huit entreprises chinoises soupçonnées de réexpédier ensuite ces produits vers la Russie. Le sommet de Hiroshima devrait préconiser des mesures similaires pour combler les failles des sanctions que les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) ont imposées à la Russie. Selon des responsables nippons, le sommet d'Hiroshima devrait aussi faire une déclaration sur le désarmement nucléaire, un sujet cher au Premier ministre japonais Fumio Kishida, qui a choisi d'organiser le sommet dans cette ville ravagée par la première bombe atomique de l'histoire en 1945, tout en étant son propre fief électoral.