Ouardirhi Abdelaziz Les soins fournis aux malades démunis qui s'adressent aux hôpitaux sont-ils un droit ou une faveur ? A l'évidence, c'est un droit dont peuvent bénéficier tous les citoyens sans distinction aucune, étant donné que le droit pour tous à la santé figure en bonne place dans la nouvelle constitution de 2011. C'est bien, c'est même excellent. Mais quand on parle prestations de soins, on est aussi en droit de savoir de quels soins il est question. En d'autres termes, il s'agit de savoir si ces soins répondent aux normes, obéissent-ils à des critères et si oui, quels sont les critères qui permettent aujourd'hui de porter un jugement objectif concernant la satisfaction ou non des usagers par rapport aux prestations dont ils bénéficient au sein des établissements hospitaliers publics ? En finir avec le laxisme et la médiocrité Pour beaucoup de nos concitoyens aller à l'hôpital représente un véritable calvaire, aux brimades, aux longues et interminables attentes, aux rendez-vous fantaisistes, au bakchich et autres anomalies courantes. A cela s'ajoutent parfois des scènes de disputes, d'insultes et de comportements indécents qui sont incompatibles avec un lieu ou on est sensé en principe venir en aide aux malades et à leurs familles, un lieu respecté et respectueux de valeurs humaines où sont soignées des personnes diminuées physiquement et psychologiquement. C'est en tout cas la doctrine, mais dans les faits, dans la réalité de tous les jours, c'est souvent hélas le contraire. Mais tout n'est pas noir, les choses sont en train de changer doucement, mais surement. Car il n'est pas aisé de changer du jour au lendemain des comportements inacceptables, souvent encrés profondément. Des brebis galeuses existent partout, mais l'heure n'est plus au laxisme, à la médiocrité, il s'agit de nettoyer, de traiter toutes ces plaies infectées. Une nouvelle dynamique est à l'œuvre Mais avec l'avènement de la couverture sanitaire universelle, on constate qu'une nouvelle dynamique est à l'œuvre, une nouvelle stratégie du ministère de la Santé qui vise à moderniser, à améliorer les soins de santé. De nouvelles structures sanitaires, modernes futuristes, des équipements haut de gamme, plus d'écoles de formation (ISPITS), plus de professionnels de santé qualifiés, plus de médicaments .... Une politique entièrement tournée vers la qualité des soins, qui est aujourd'hui érigée au rang de priorité. Il faut reconnaitre qu'on n'a pas lésiné sur les moyens à mettre en place pour permettre d'atteindre les objectifs visés. Il reste à satisfaire les revendications des professionnels de santé, celles que réclament depuis des années les infirmières et les infirmiers ; qui méritent amplement et légitimement de meilleurs salaires et une évolution de carrière. Bref, la qualité des soins est un train qui est mis sur les rails. Aujourd'hui, il atteint une vitesse raisonnable, le mécanisme nécessite de temps à autre d'être huilé pour ne pas tomber en panne. Assurer l'essor de la médecine Marocaine Si nous soulevons aujourd'hui, en ce moment précis, la question de la qualité des soins, c'est que nous croyons très fort et à juste titre que ces soins contribuent grandement à la dignité de nos concitoyens. Il n'entre pas dans notre approche de critiquer gratuitement le système de santé, où une catégorie de professionnels par rapport à une autre. Nous voulons que tous contribuent main dans la main à l'essor de la pratique médicale, au développement des soins infirmiers dans notre pays, que tous contribuent à l'essor de la médecine Marocaine qui est aujourd'hui à un tournant important de son histoire, et nous pensons que le droit à des soins de qualité pour tous, est de nature à asseoir sur des bases saines et solides du Maroc nouveau. Le Maroc nouveau avec plus de justice sociale, plus d'équité, de libertés, de droits ; comme voulu par Sa Majesté le Roi Mohamed VI , dont la sollicitude à l'adresse de tous les citoyens pour le meilleur état de santé possible est sans cesse renouvelée, la meilleure preuve est la mise en place de la couverture sanitaire universelle . Médecins – infirmiers : mêmes objectifs Ceci étant dit, et concernant nos hôpitaux, il convient d'insister sur une réalité qui ne saurait souffrir d'aucune ambiguïté : la grande majorité des professionnels de santé (médecins-infirmiers-infirmières- sage- femme-technicien de radiologie ou de laboratoire ...) , tous ces professionnels qui exercent en milieu hospitalier sont très compétents, expérimentés, intègres, serviables, proches des malades et de leurs familles. Tous ces éléments contribuent à assurer un climat favorable pour instaurer une grande confiance entre soignants et soignés. C'est cette confiance des malades alliée à la conscience des professionnels de santé, qui contribuent toutes les deux à asseoir sur des bases solides la pratique de la qualité des soins. Mais pas seulement. En effet, il faut dire que cette même qualité des soins est le fruit d'une implication constante des personnels infirmiers qui sont en contact permanent aux côtés des malades, de jour, comme de nuit, jours fériés, week-end. Des infirmières, des infirmiers, des femmes, mais aussi des hommes qui sont en permanence aux chevets des malades, pour les soutenir, les aider, les soigner et parfois même les accompagner dans les derniers moments de la vie. L'épidémie de la Covid-19 nous a montré clairement la place et l'importance des infirmiers et des infirmières. Cette présence quotidienne, ce dévouement permanent, cette grande capacité d'écoute sont autant d'éléments importants, qui aux côtés des soins prodigués quotidiennement avec une grande dextérité représentent l'essence même de l'assurance de la qualité des soins dont devraient bénéficier en toute bonne logique tous les malades qui s'adressent aux différents établissements hospitaliers. Les mêmes soins pour tous On convient tous pour dire d'une seule et même voix , que la qualité des soins et son amélioration , est une responsabilité partagée entre tous les acteurs des différents hôpitaux (médecins, infirmiers , infirmières, techniciens ), et ce, en se basant sur les valeurs suivantes : l'hôpital doit assurer l'amélioration continue des soins, garantir cette même qualité des soins, offrir des soins sécurisés pour les malades, assurer la continuité des soins 24 H / 24 H, disposer de ressources humaines qualifiées ... Il s'agit d'être juste, équitable, de garantir les mêmes prestations à tous, de n'exclure personne, de ne pénaliser aucun citoyen sous aucun prétexte. Bien plus, il s'agit de permettre à chaque Marocain où il se trouve indépendamment de son lieu de résidence, de ses moyens financiers, de pouvoir accéder facilement sans aucune contrainte ou condition aux meilleurs soins possibles. Pour conclure, il s'agit de donner à tous les Marocains les mêmes chances quand la maladie les rattrape, quand ils sont diminués physiquement et psychologiquement. Il faut que tous soient soignés équitablement et qu'ils puissent avoir droit à la même qualité des soins. Il faut en finir avec la médecine à deux vitesses, celle réservée à ceux qui ont de quoi payer et qui peuvent se payer toutes les compétences, les médicaments et la médecine au rabais réservée aux pauvres. C'est là la plus belle preuve de la véritable démocratie.