Les soins fournis aux malades démunis qui s'adressent aux hôpitaux sont-ils un droit ou une faveur ? A l'évidence, c'est un droit dont peuvent bénéficier tous les citoyens sans distinction aucune, bien plus le droit pour tous à la santé figure en bonne place dans la nouvelle constitution. C'est bien, c'est même excellent, mais quand on parle prestations de soins, on est aussi en droit de savoir de quels soins il est question. En d'autres termes, il s'agit de savoir si ces soins répondent aux normes, obéissent-ils à des critères et si oui, quels sont les critères qui permettent aujourd'hui de porter un jugement objectif concernant la satisfaction ou non des usagers par rapport aux prestations dont ils bénéficient au sein des établissements hospitaliers publics ? Pour beaucoup de nos concitoyens aller à l'hôpital représente un véritable calvaire, aux brimades, aux longues et interminables attentes, aux rendez-vous fantaisistes, au bakchich et autres anomalies courantes, s'ajoutent parfois des scènes de disputes, d'insultes et de comportements indécents qui sont incompatibles avec un lieu ou on est sensé en principe venir en aide aux malades et à leurs familles, un lieu respecté et respectueux de valeurs humaines où sont soignés des personnes diminuées physiquement et psychologiquement. C'est en tout cas la doctrine, mais dans les faits, dans la réalité de tous les jours c'est souvent le contraire. Venir à l'hôpital est aujourd'hui synonyme de patience, de résignation, de soumission. A l'hôpital on n'a pas le droit de contester, surtout pas ce que décide le patron ou le major et si par malheur vous osez, vous serez persona non gratta. Personne ne voudra plus de vous, vous serez considéré comme un pestiféré. Donc à l'hôpital si vous voulez bénéficier des soins, mieux vaut être un béni oui. Actuellement au niveau de tous les hôpitaux la tendance est à la qualité. Tout le monde n'a que ce mot à la bouche, la qualité des soins, des prestations de qualité, un service de qualité. Personnellement, je peine à croire à un tel canular, attendons au moins le 1er Avril pour ça. Mais il faut bien faire preuve d'optimisme, croire que tout est possible et pourquoi pas que les soins au niveau des hôpitaux sont désormais des soins de qualité. Avec l'avènement de la nouvelle stratégie du ministère de la santé 2008-2012, la qualité des soins a été érigée au rang de priorité, on n'a pas lésiné sur les moyens à mettre en place pour permettre d'atteindre les objectifs visés. Plus de moyens humains qualifiés, technologie de pointe, formation à la carte, motivation des personnels, mise en place de moyens pour lutter contre toutes les formes de corruption, signature de conventions avec les instances telle Amnesty. Bref la qualité des soins est un train qui est mis sur les rails, aujourd'hui il atteint une vitesse raisonnable, le mécanisme nécessite de temps à autres d'être huilé pour ne pas tomber en panne. Médecins - infirmiers : mêmes objectifs Si nous soulevons aujourd'hui, en ce moment précis, la question de la qualité des soins, c'est que nous croyons très fort et à juste titre que ces soins contribuent grandement à la dignité de nos concitoyens. Il n'entre pas dans notre approche de critiquer le système où une catégorie de professionnels par rapport à une autre, non, nous voulons que tous contribuent main dans la main à l'essor de la pratique médicale, au développement des soins infirmiers dans notre pays qui est aujourd'hui à un tournant important de son histoire et nous pensons que le droit à des soins de qualité pour tous contribuera à asseoir sur des bases saines et solides le Maroc nouveau. De tous temps les médecins ont cherché à améliorer sans cesse la pratique de leur art. Procéder au bon diagnostic de la maladie, soulager le malade, traiter le mal dont il souffre, l'écouter, le soutenir, l'accompagner tout en veillant à ne point le blesser en faisant preuve de tact, d'humanisme et d'altruisme, sont autant de qualités et de critères qui contribuent à valoriser l'image du médecin, à assurer l'essor de la médecine et partant à donner tout son sens à la qualité des soins. Ceci étant dit, et concernant nos hôpitaux, il convient d'insister sur une réalité qui ne saurait souffrir d'aucune ambiguïté : la grande majorité des praticiens qui exercent en milieu hospitalier sont très compétents, expérimentés, intègres, serviables, proches des malades et de leurs familles. Tous ces éléments contribuent à assurer un climat favorable pour instaurer une grande confiance entre soignants et soignés, entre médecins et malades. C'est cette confiance des malades alliée à la conscience des médecins qui contribuent toutes les deux à asseoir sur des bases solides la pratique de la qualité des soins. Mais pas seulement. En effet, si les médecins hospitaliers s'investissent dans la promotion de la qualité des soins, il faut dire que cette même qualité des soins est aussi le fruit d'une implication constante des personnels infirmiers qui sont en contact permanent aux côtés des malades, de jour, comme de nuit, jours fériés, week-end. Des infirmières, des infirmiers, des femmes, mais aussi des hommes qui sont en permanence aux chevets des malades, pour les soutenir, les aider, les soigner et parfois même les accompagner dans les derniers moments de la vie. Cette présence quotidienne, ce dévouement permanent, cette grande capacité d'écoute sont autant d'éléments importants qui aux côtés des soins prodigués quotidiennement avec une grande dextérité représentent l'essence même de l'assurance de la qualité des soins dont bénéficient aujourd'hui la grande majorité des malades au niveau des établissements hospitaliers. Des critères bien définis On peut parler longuement sur la qualité des soins, dire énormément de chose. Tout dépend bien entendu de quel côté on se trouve pour porter un jugement. Ce qui est important, c'est de dépasser toutes les subjectivités, d'être autant que possible équitable, juste. Il n'y a aucun mal à reconnaître ses erreurs, il ne faut pas en faire tout un plat, et comme dit le sage, il n'y a aucun mal à tomber, l'important c'est de se relever et de partir du bon pied. Pour bien appréhender la qualité des soins, il faut savoir d'abord de quoi on parle, définir ce qu'est un soin, ce que veut dire la qualité et ensuite avoir une référence pour mesurer la qualité des soins. Au niveau des établissements hospitaliers, il existe des méthodes scientifiques que les professionnels de santé utilisent pour mesurer la qualité des soins. Cette mesure, dite encore mesure de la qualité de la prestation sanitaire, est utilisée pour réviser et améliorer la qualité des services offerts. De plus, les professionnels de santé s'intéressent actuellement à préciser les critères de prestations de services pertinentes et fiables, afin de prendre des décisions adéquates en vue d'améliorer la qualité des soins. Six objectifs sont tracés pour garantir l'amélioration de la qualité des soins. L'on cite : l'efficacité, les choix et les besoins des malades, la sécurité du patient et du personnel, la rapidité des soins, l'économie des moyens utilisés, et enfin l'égalité des soins prodigués à tous les patients sans aucune distinction Les mêmes soins pour tous Au-delà des critères énoncés, des objectifs tracés pour garantir l'amélioration de la qualité des soins au niveau de nos hôpitaux, il convient tout de suite d'insister et de rappeler ici, si besoin est, que la qualité des soins et son amélioration est une responsabilité partagée entre tous les acteurs (personnel médical, paramédical et technique), et ce, en se basant sur les valeurs suivantes : la mission noble de l'hôpital afin d'assurer l'amélioration continue des soins, la vision plus ambitieuse des structures de santé et enfin la mise en application des principes visant la garantie de la qualité des soins (sécurité, continuité, formation, sensibilisation, exploitation plus judicieuse des ressources existantes) Bien plus, il s'agit de permettre à chaque Marocain où il se trouve indépendamment de son lieu de résidence, de ses moyens financiers, de pouvoir accéder facilement sans aucune contrainte ou condition aux meilleurs soins possibles. Il s'agit d'être juste, équitable, de garantir les mêmes prestations à tous, de n'exclure personne, de ne pénaliser aucun citoyen sous aucun prétexte. Pour conclure, il s'agit de donner à tous les Marocains les mêmes chances quand la maladie les rattrape, quand ils sont diminués physiquement et psychologiquement, il faut que tous soient soignés équitablement et qu'ils puissent avoir droit à la même qualité des soins. Il faut en finir avec la médecine à deux vitesses, celle réservée à ceux qui ont de quoi payer et qui peuvent se payer toutes les compétences, les médicaments et la médecine au rabais réservée aux pauvres. C'est là la plus belle preuve de la véritable démocratie