Les Warriors, champions en titre, affronteront les Lakers, titrés en 2020, dès mardi en demi-finale de conférence Ouest, une affiche alléchante entre ces deux équipes pas si souvent opposées en play-offs NBA, contrairement à leurs superstars Stephen Curry et LeBron James. Il a fallu une « masterclass » à 50 points du meneur de Golden State, établissant un record sur un 7e match décisif, pour écarter Sacramento (120-100). De quoi récolter des louanges de toute la planète NBA, sa performance ayant été qualifiée de « légendaire » par Kevin Durant (Suns), l'ancienne idole des Lakers Magic Johnson la plaçant parmi les plus grandes qu'il ait jamais réussies, quand l'entraîneur Steve Kerr le comparait à l'illustre Michael Jordan. Toujours prompt à réagir sur les réseaux sociaux, LeBron James est, lui, resté silencieux. Car le contexte des retrouvailles ne se prête pas aux hommages. « LBJ » sait mieux que quiconque à quel point les joutes face aux Warriors peuvent être difficiles, pour en avoir perdu trois en quatre finales d'affilée avec les Cavaliers, entre 2015 et 2018. Et ce, même si Cleveland a gagné celle de 2016, en réussissant ce qu'aucune équipe n'avait jamais fait auparavant: remporter la série après avoir été menée 3-1. Arrivé à L.A. en 2018, celui qui avait d'abord été sacré en 2012 et 2013 avec le Heat, a ajouté une quatrième bague à ses doigts en 2020, dans la bulle anti-Covid d'Orlando. Mais il n'a pas passé le premier tour l'année suivante, après avoir écarté Golden State en barrages, et échoua même à se qualifier pour les play-offs la saison passée. Barragistes sursitaires, ses Lakers n'en ont pas moins impressionné pour se débarrasser (4-2) de Grizzlies bien plus tendres que l'induisait leur verbe provocateur dans les médias, Dillon Brooks ne s'étant fait un nom qu'en stigmatisant les 38 ans du « King », qui s'est bien appliqué à le faire taire sur le parquet. « James vs Curry »: voilà donc une des plus belles rivalités estampillées NBA, ravivée cinq ans après, une de celles qui rendent l'autre meilleur. En 22 face-à-face en play-offs, le second s'est imposé 15 fois, mais le premier n'a jamais démérité, tutoyant un triple-double de moyenne (33 pts, 11,5 rebonds, 9.3 passes). « C'est spécial de savoir que depuis la première confrontation en 2015 jusqu'à aujourd'hui, nous sommes bénis de pouvoir jouer encore à ce niveau », a déclaré le Warrior. Si en 2017 et 2018, Kevin Durant, MVP des finales, avait été plus prépondérant que lui, Curry a démontré l'an passé contre Boston qu'il savait mener une équipe au sacre, en donnant l'impression de n'avoir jamais été aussi fort à 34 ans. Un an plus tard, sa performance historique à Sacramento vient prouver qu'il sait encore élever son niveau. Tant et si bien qu'il est difficile de savoir qui sortira gagnant de leur duel, tout en sachant que, cette fois, ce n'est qu'une étape sur le long chemin menant à un éventuel cinquième titre pour l'un ou l'autre. Au cours d'une saison régulière laborieuse, le mercato d'hiver (arrivées de D'Angelo Russell, Rui Hachimura, départs de Russell Westbrook, Patrick Beverley…) a changé beaucoup de choses pour des Lakers qui ont enfin trouvé un élan collectif, profitant aussi de la bonne santé retrouvée d'Anthony Davis, dominant à l'intérieur. « Ils sont devenus une équipe différente, excellente défensivement. LeBron est l'un des plus grands joueurs de tous les temps et ils ont beaucoup de talent. Il faudra faire un gros effort pour les battre », a résumé Steve Kerr. Son équipe a été poussée dans ses derniers retranchements, par des Kings seulement battus à l'expérience et par ce diable de Curry. Dos au mur, elle a néanmoins fait parler son ADN de champion avec une défense retrouvée, secteur longtemps défaillant. Depuis octobre, L.A. s'est imposé trois fois sur quatre. « Mais nous sommes tous excités à l'idée de jouer contre eux. C'est une franchise légendaire. Warriors-Lakers, cela fait longtemps que cela n'a pas eu lieu » en phase finale, a souligné le shooteur Klay Thompson, qui n'avait qu'un an la dernière fois que cela s'est produit en 1991. A l'époque, son père Mychal faisait partie de la bande à Magic Johnson, qui l'avait emporté (4-1) en demi-finales de conférence. Comme presque à chaque fois, car en sept séries, les Warriors se sont inclinés à six reprises, leur seule victoire (3-0) datant de 1967.