Malgré le génie de Lionel Messi, auteur d'une passe décisive et d'un but sur penalty, l'Argentine est passée tout près de la catastrophe face aux Pays-Bas, qui ont arraché une égalisation inespérée avant de s'incliner aux tirs au but (2-2 après prolongation, 4-3 tab), vendredi à Doha. L'Albiceleste est donc sortie en vie mais un peu ébranlée de la séance fatidique qui avait été fatale au Brésil quelques heures plus tôt face à la Croatie, prochain adversaire de la bande à Messi, mardi en demi-finale. L'Argentine est entrée sur le terrain informée de l'élimination encore chaude de son meilleur ennemi, le Brésil, et poussée par les chants de ses supporters. En grande forme et ultra-motivé pour son 24e match de Coupe du monde en cinq phases finales, Messi a gratifié le public d'une première inspiration géniale à la 35e minute pour l'ouverture du score: accélération et passe à l'aveugle pour Nahuel Molina qui est parvenu à devancer le tacle de Virgil van Dijk et à marquer du bout du pied (35e). 1-0, score à la pause. En seconde période, l'Argentine a bien failli aggraver le score sur une rapide contre-attaque à la 59e minute, mais Mac Allister, qui a vu De Paul démarqué à sa droite, a gâché cette énorme occasion en ajustant mal sa passe, et les Oranje ont pu se dégager. Décidément intenable, Lionel Messi a continué à régaler le public par ses gestes, passes et accélérations de grande classe, contraignant Van Dijk à faire faute sur lui à l'entrée de la surface (61e). Mais le coup franc de la Pulga a atterri juste au-dessus du filet (63e). La balance jusque-là indécise a très nettement penché du côté argentin à la 71e minute lorsque l'arbitre espagnol Antonio Mateu Lahoz a sifflé un penalty pour une faute de Dumfries sur Acuna. L'occasion pour Messi d'inscrire son dixième but en Coupe du monde, le quatrième lors de ce Mondial (71e). Son deuxième penalty réussi au Qatar après celui marqué lors de la défaite inaugurale contre l'Arabie Saoudite (2-1), et après celui manqué contre la Pologne (2-0), les deux fois en match de poule. Difficile à cet instant du match d'imaginer un instant l'incroyable renversement de situation qui allait conduire à l'égalisation des Pays-Bas, avec les deux entrants au départ et à l'arrivée des deux buts. Le remplaçant Wout Weghorst, entré à la place d'un Memphis Depay assez transparent (78e), a lancé le premier pavé dans la mare argentine en trompant Emiliano Martinez d'une tête décroisée à la réception d'un centre de Steven Berghuis (83e), lui aussi entré en seconde période. Dès lors un vent de panique s'est mis à souffler dans le camp de l'Albiceleste, face à des Bataves métamorphosés et dangereux, comme sur cette lourde frappe de Luuk de Jong, de peu à côté (85e). Et un autre entrant, Leandro Paredes a encore décuplé les ardeurs adverses en dégageant volontairement le ballon vers le banc de touche oranje, provoquant la fureur de ses occupants et lui valant un avertissement (89e). Et l'incroyable est survenu à l'extrême bout du temps additionnel, à la 90e minute plus… 11: une feinte de frappe géniale sur coup franc de Teun Koopmeiners pour Werghorst, le super-remplaçant qui a marqué et égalisé d'un tir croisé du gauche et fait chavirer son camp de bonheur. Prolongation ! La prolongation n'a pas permis au score d'évoluer en dépit de plusieurs actions dangereuses, surtout côté argentin, dont un dernier tir d'Enzo Fernandez sur le poteau (120+1). Et la séance des tirs au but a tourné à l'avantage des Argentins dont l'excellent Emiliano Martinez a détourné les deux premiers tirs des Oranje. Eliminée en huitièmes de finale par la France en 2018, l'Argentine championne du monde en 1978 et 1986 continue sa route vers un troisième sacre, qui serait le premier de sa superstar Lionel Messi.