DNES à Essaouira Mohamed Nait Youssef «Le bonheur d'être ensemble» tel était le thème de la 18ème édition du festival des Andalousies Atlantiques dont la clôture a eu lieu, samedi 29 octobre, à Essaouira. Tant attendue par les mélomanes, cette manifestation musicale a daigné un public aussi large qu'impressionnant. La preuve : les marées humaines qui ont afflué pour renouer les liens et retrouver leur festival. En effet, les retrouvailles avaient un autre goût à la cité de Mogador. Mieux encore, 17O artistes et 14 concerts dans deux lieux différents ont marqué un grand retour au berceau des cultures et des sonorités originelles. Par ailleurs, l'ouverture était au Chapiteau port d'Essaouira où elle était électrique et joueuse dont le bal a été ouvert par le Ballet Flamenco de Andalucia sous la direction artistique de la brillante chorégraphe et immense danseuse d'Ursula Lopez. Ainsi, les musiciens et danseurs de cette école emblématique de l'art populaire andalou ont mis le feu sur scène. Puisant son style dans les rythmes et mélodies andalous, cet ambassadeur du flamenco a offert au public des moments de bonheur inouï. Naturalmente Flamenco était en effet un instant fort de danse et du chant, où la musique était un langage pur universel et une expression artistique et humaine profonde. Juste après, l'Orchestre Rawafid sous la houlette du musicien chercheur et maître Omar Metoui, figure connue de la musique arabo-andalouse, a invité le talentueux violoniste, compositeur et arrangeur Elad Levi qui ont été accompagnés des voix des chanteurs Yohai, Omar Jaidi et Hicham Dinar. Au menu, il y avait également un plat musical savoureux aux ingrédients du patrimoine musical judéo-arabe. Et ce n'est pas tout... Le voyage a continué avec les deux voix sublimes venues du nord du pays : Zainab Afailal et Abir El Abed dont les voix ont transcendé les esprits. De la musique pour irriguer les âmes assoiffées... Il n'y a pas mieux que la musique pour célébrer la joie, fédérer les gens et unir les peuples. Pendant trois jours, le festival des Andalousies Atlantiques a pu charmer des publics de différentes nationalités, cultures et couches sociales. La musique était partout. Les rythmes résonnaient dans chaque coin de la ville. Vendredi 28 octobre. Il est 15H30. Le mythique lieu de Dar Souiri, au cœur de la ville de la Cité des Alizés, était archicomble. En effet, le public assoiffé à la musique était au rendez-vous avec le Chœur d'Essaouira Mogador sous la direction du professeur Safouane Moqadem ayant présenté son premier concert dans cet espace culturel et artistique. Accompagné de l'orchestre andalou d'Essaouira, le chœur a fait vibrer les festivaliers en revisitant les beaux titres de la chanson marocaine. En outre, un pur bonheur musical a été vécu avec le chanteur à la voix envoutante, Gusto qui est venu rencontrer le public d'Essaouira pour la première fois. D'origine marocaine, cet artiste célèbre de sa génération a chanté en arabe et en dialecte marocain en revisitant les belles chansons du répertoire judéo-marocain et arabe. La musique nourrit les esprits. Ainsi, après Gusto, c'était le tour d'Elad Levi pour apporter son grain de beauté aux concerts de l'après-midi. Le célèbre violoniste a été accompagné de six de ses élèves qui ont rejoint son orchestre. De la bonne musique a été garantie dans un espace chargé d'histoire et de sens. Le soir au chapiteau port d'Essaouira, le fameux Ballet Flamenco de Andalucia était de retour avec un nouveau spectacle « Triptico » dont la danse était le maître mot de la soirée. Trois disciplines du flamenco, le baléro et la danse stylisée, Ursula Lopez et sa compagnie ont présenté un spectacle coloré, rythmé et électrique sous les applaudissements des mélomanes. À minuit, le rendez-vous était avec la spiritualité à Dar Souiri qui a abrité l'ensemble Matrouz dirigé par le Rabbin Avraham Edri et la troupe Al Anouar Al Mohamadia, dirigée par le maître Hamza Jorti. Lors de cette soirée exceptionnelle, chaque troupe a chanté dans sa propre langue. «Qodam Rasd» a réuni les âmes et les esprits autour de la parole spirituelle et les voix souffies. Des fusions et des voix venues de différents horizons Incontestablement, l'un des émouvants moments musicaux qui ont marqué cette 18ème édition, c'est le concert de la chanteuse Mor Karbasi et la chanteuse amazighe Zora Tanirt. A Dar souiri, les deux belles voix ont mis à l'honneur le patrimoine musical amazigh en revisitant les titres du poète et chanteur lhaj Belaid, Tihihit et bien d'autres. C'était un samedi musical béni. Sur scène, les rythmes des rways se sont mêlés avec le chant, la danse et la poésie amazighs pour offrir au public un spectacle au plaisir des yeux et aux oreilles. Et puis l'aventure musicale a continué avec le groupe «Quartetoukan», formé de quatre musiciens issus de cultures différentes. La chanteuse Miriam Toukan accompagnée du guitariste Idan Teldano, du violoncelle Racheli Galay et de la percussionniste Noa Vax ont emmené les mélomanes dans un périple multiculturel, où les frontières n'existent plus. Ils ont chanté en arabe, en hébreu, en espagnol pour prouver que le langage de l'humanité est celui de la musique, de l'art, du rythme. La jeunesse, la relève de demain Il va sans dire que l'une des particularités du festival des Andalousies Atlantiques réside dans le fait de consacrer un espace assez important aux jeunes musiciens et artistes dans la programmation. Naturellement, ce sont ces jeunes talents qui garantiront un avenir prometteur à la musique marocaine et ses expressions multiples que variées. Dans cet esprit, Hassan Lahjari, Rachid et Soukaina Fahsi et les membres du groupe Afalkay ont servi une belle assiette de rythmes partagée entre le Jazz, le Malhoun, Flamenco, gnaoua, entre autres. La relève est assurée. Sacrée Raymonde El Bidaouia La diva était de retour. Elle était brillante sur scène. Telle une reine, Raymonde El Bidaouia a enflammé la scène du chapiteau port d'Essaouira. Electrique sur scène, l'enthousiasme de la chanteuse n'a pas pris une seule ride. Le show était au rendez-vous. «Je voudrais vous remercie pour ce tant d'amour et de chaleur. C'est grâce au festival qui m'a ouvert des portes sur le monde que je suis en train de vivre une belle vieillesse.», c'est avec ces mots que la diva s'est adressée au public qui est venu assez nombreux assister au concert de clôture. Fidèle à son style, El Bidaouia a revisité les titres mythiques tels «El Aar y Laar», «Daba Yji », «Moul lkoutchi», «Ydirha lkass», « Ana jit j'en ai marre » et d'autres chansons connues du répertoire musical marocain. Cette année, il faut le rappeler, la présence du public est remarquable ayant battu les records. Et tant mieux...les retrouvailles étaient tant attendues. A la prochaine...