Nabil EL BOUSAADI Au Burkina Faso, les coups d'Etats se suivent et se ressemblent puisque neuf mois à peine après avoir pris le pouvoir en renversant le président Roch Marc Christian Kaboré, discrédité par la hausse des violences jihadistes, et après une journée émaillée de tirs, de barrages militaires mais, surtout, de beaucoup d'incertitude, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a été démis, ce vendredi, de ses fonctions de président du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), l'organe dirigeant de la junte au pouvoir, et remplacé par le capitaine Ibrahim Traoré. A noter que quelques heures avant ce coup d'Etat, plusieurs personnes avaient manifesté à Ouagadougou pour réclamer le départ de M. Damiba mais, également, la fin de la présence française au Sahel et le développement de la coopération militaire avec la Russie et que, dans une déclaration faite samedi après-midi, le capitaine Ibrahim Traoré a évoqué sa « ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à l'aider dans sa lutte contre le terrorisme ». Mais bien que, dans leur communiqué, les putschistes qui ont justifié leur coup d'Etat par « la dégradation continue de la situation sécuritaire » dans un pays miné par de sanglantes attaques terroristes et l'incapacité de la junte au pouvoir à enrayer la spirale de violence, ont déclaré avoir procédé à la suspension de la Constitution, à la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition et décidé de fermer, à partir de minuit, les frontières aériennes et terrestres du pays et d'instaurer un couvre-feu de 21 h à 5h, l'armée burkinabé s'en est écarté et a annoncé ne pas reconnaître ce coup de force. Dans cette confusion, en indiquant, samedi matin, , sur la page Facebook officielle de la présidence de la république, qu'il n'a jamais quitté le pouvoir, le président Damiba a appelé les rebelles « à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n'a pas besoin dans ce contexte » et a « formellement démenti » s'être réfugié dans la base française de Kamboinsin. Plus tôt, dans la journée, dans une intervention à la télévision nationale, les putschistes avaient affirmé que Damiba « planifi[ait]une contre-offensive » depuis « une base française » près de Ouagadougou, la capitale du pays ; ce que le ministère français des Affaires étrangères a fermement récusé en déclarant que ni « le camp où se trouvent les forces françaises » au Burkina Faso ni l'ambassade de France à Ouagadougou n'ont accueilli M. Damiba. En outre, après que la veille un incendie se soit déclaré devant l'ambassade de France et un autre devant l'Institut Français de Bobo-Dioulasso, quelques dizaines de partisans du capitaine Ibrahim Traoré, le nouveau chef autoproclamé du Burkina Faso, se sont rassemblés dimanche matin aux abords de l'ambassade de France et ont mis le feu à des barrières de protection et jeté des pierres à l'intérieur du bâtiment. S'étant donc vu contraint de riposter à ces attaques qui, d'après Anne-Claire Legendre, la porte-parole de la diplomatie française, « sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation » à l'encontre de la France, le personnel chargé de la protection de l'ambassade a lancé des grenades lacrymogènes en direction des protestataires afin de les disperser. En considérant, enfin, qu'à l'heure qu'il est, le Burkina Faso vit à l'heure de la confusion et des incertitudes – ce qui ne permet pas de dire si le putsch a réussi ou non – attendons pour voir...