Nabil El Bousaadi Les tensions très vives qui perdurent, depuis trois décennies, entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, ont fait, à ce jour, plus de 30.000 morts car, dès le démantèlement de l'ex-URSS, le Haut-Karabakh, enclave majoritairement peuplée d'arméniens, avait fait sécession de l'Azerbaïdjan avec le soutien de l'Arménie et proclamé son indépendance. Historiquement compliquées, les relations entre Erevan et Bakou n'en continuent pas moins d'être empoisonnées par leur différend au sujet du Haut-Karabakh. Pour l'Histoire, rappelons que le Haut-Karabakh avait profité de la « Perestroïka » – cette période d'ouverture politique qu'avait connu l'URSS – pour s'autoproclamer, en Février 1988, République Socialiste Soviétique sans, toutefois, disposer d'une indépendance complète puisque la région avait accepté de demeurer sous le giron de Moscou tout en essayant, néanmoins, de rompre les liens avec l'Azerbaïdjan. En juin de la même année, Bakou avait demandé le retour du Haut-Karabakh dans son territoire mais les violences qui en avaient résulté donnèrent lieu à ce que l'Histoire retiendra comme étant le « pogrom anti-arménien de Soumgaït » qui avait fait 32 victimes civiles d'après les autorités soviétiques de l'époque et plus de 200 selon des sources arméniennes. Enfin, en novembre 1991, quand l'Arménie et l'Azerbaïdjan « quittent » l'URSS, le Parlement de Bakou abolit le statut d'autonomie du Haut-Karabakh et la majorité de la population arménienne de la région déclare, par référendum, son indépendance en tant que République du Haut-Karabakh. Aussi, au lendemain des attaques qui, ce mardi ont fait, au moins, 100 morts des deux côtés, dans les pires combats que se sont livrés les deux pays depuis leur guerre de l'automne 2020 pour le contrôle du Haut-Karabakh qui s'était soldée par la mort de 6.500 personnes et la conclusion d'un cessez-le-feu négocié par la Russie qui avait déployé quelques 2.000 soldats pour surveiller la trêve, les deux anciennes républiques de l'Ex-Union Soviétique, se sont accusés, mutuellement, ce mercredi, d'avoir violé le cessez-le-feu. Mais si, après que le ministère arménien de la Défense ait affirmé que les forces azéris avaient « repris leurs attaques avec de l'artillerie, des mortiers et des armes de gros calibres en direction de Djermouk et de Verin Chorja », les autorités de Bakou ont déclaré, de leur côté, que ce sont les forces arméniennes qui ont violé le cessez-le-feu et « bombardé, pendant la nuit, les zones de Kelbajar et Latchine avec des mortiers et de l'artillerie », c'est donc que la situation est très explosive dans la région. Aussi, après l'appel lancé, par l'Arménie, à la communauté internationale, l'Union européenne, les Etats-Unis, la France, la Russie, l'Iran et la Turquie se sont tous déclarés très inquiets et ont réclamé l'arrêt des violences. Or, en imputant, après une communication téléphonique avec son homologue azéri, à l'Arménie, la responsabilité de la rupture du cessez-le-feu, Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, a sommé, sur Twitter, Erevan de cesser ses provocations et de se concentrer sur les négociations de paix et sur la coopération » avec son voisin S'il est donc vrai que le conflit qui perdure entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie au sujet de l'enclave séparatiste du Haut-Karabakh, était bénéfique au Kremlin à ce double-titre qu'il bénéficiait au complexe militaro-industriel russe en lui permettant de vendre des armes aux deux anciennes républiques soviétiques mais, également, à la diplomatie de Moscou en lui permettant de se positionner en tant qu'arbitre et de maintenir un équilibre des forces dans la région, force est de reconnaître que la donne semble avoir changé, aujourd'hui, avec l'entrée « officielle » de la Turquie aux côtés de l'Azerbaïdjan. En effet, après avoir, pendant longtemps, multiplié les déclarations en soutien à Bakou contre ses ennemis-jurés arméniens, Ankara accorde, désormais, un soutien militaire à l'Azerbaïdjan en envoyant les miliciens syriens supplétifs de son armée assister les forces azéris. En outre, la guerre de tranchées à laquelle se livraient les deux pays a, également, changé de nature avec l'entrée, dans le conflit, de ces drones kamikazes TB2, de fabrication turque, qui ont conféré une indéniable supériorité aérienne aux forces de Bakou. Autant dire que le conflit du Haut-Karabakh est là pour durer mais attendons pour voir...