Bien que le Kenya qui compte près de 50 millions d'habitants soit considéré, par un grand nombre d'observateurs, comme étant un ilot de stabilité dans une région tourmentée, toutes les élections présidentielles qu'a connu le pays, ces vingt dernières années, ont été contestées et celle de 2017 avait même été annulée par la Cour Suprême sur demande de Raila Ondiga, celui-là même qui conteste, avec force, le scrutin du 9 Août dernier. Mais si cette dernière élection n'a pas échappé à la règle, sa particularité réside dans le fait que, cette fois-ci, les résultats ont été désavoués avant même d'être annoncés officiellement. Aussi, en contestant les résultats attribuant la victoire, dès le premier tour du scrutin, au vice-président sortant William Ruto, avec 50,49% des voix, Raila Ondiga, qui est soutenu par le président sortant, a déposé, ce lundi, un recours devant la Cour Suprême. Or, même si, dans son « discours de victoire », prononcé depuis son bastion d'Eldoret, William Ruto a promis de travailler avec « tous les leaders » politiques, des violences ont éclatés dans certains quartiers popuilaire de la capitale Naïrobi – notamment dans les bastions de Raila Odinga car plus tôt dans la journée, quatre des sept membres de la Commission électorale, dénonçant le « caractère opaque » du processus de décompte mais appelant, néanmoins, les kényans « au calme », avaient annoncés qu'ils ne peuvent « pas assumer la responsabilité des résultats qui vont être annoncés ». Ainsi, pour contester, pour la troisième fois les résultats d'une élection présidentielle puisqu'il en est à sa troisième participation à la course à la magistrature suprême du Kenya, Raila Odinga est venu, cette fois-ci, en personne, jusqu'à la Cour de justice de Milimani, accompagné des cadres de sa coalition dont principalement sa colistière Martha Karua pour déposer son recours. Pour rappel, en 2007, c'était Raila Odinga lui-même qui avait contesté les résultats de l'élection avant des affrontements interethniques qui firent plus de 1 100 morts. Aussi, est-ce sous les caméras et les flashs des photographes que Raila Odinga et Martha Karua ont déposé une partie des cartons contenant les documents justifiant ce recours et que Daniel Manzo, un des membres de l'équipe juridique de Raila Odinga a déclaré : « Nous espérons avoir bâti un bon dossier et que nous gagnerons » A son retour à son quartier général et pendant qu'à l'extérieur du bâtiment ses partisans n'ont pas cessé de scander « William Ruto doit partir ! », Raila Odinga a tenu un discours assez offensif dans lequel, après avoir affirmé avoir déposé auprès de la Cour Suprême « suffisamment » de documents prouvant sa victoire, il a présenté son recours comme étant un combat contre ces « cartels de la corruption » qui ont « tout à perdre quand la démocratie prend le dessus » et qui s'activent pour « renverser la volonté de l'électorat ». Si le détail des points que Raila Odinga a choisi d'attaquer devant de la plus haute juridiction du pays ne sera pas dévoilé avant les audiences qui devraient avoir lieu la semaine prochaine et que le verdict est attendu, au plus tard le 5 septembre prochain, il est clair que les partisans d'Odinga espèrent une répétition du scénario qui avait vu le jour à l'occasion des élections de 2017 où, à la surprise générale, la Cour Suprême avait annulé le scrutin ; ce qui fut une première sur le continent africain. Alors, attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI