Le président Hugo Chavez a rompu jeudi 22 juillet les relations du Venezuela avec la Colombie voisine après la présentation par Bogota, devant l'OEA, de documents censés témoigner de la présence clandestine de 1.500 rebelles colombiens en territoire vénézuélien. «Nous n'avons d'autre choix, par dignité, que de rompre totalement nos relations avec le pays frère qu'est la Colombie», a annoncé Chavez en direct à la télévision. Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, a dit avoir ordonné la fermeture de l'ambassade du Venezuela à Bogota et a donné aux diplomates colombiens en poste à Caracas 72 heures pour partir. Les autorités vénézuéliennes envisagent d'autres mesures, comme la suspension des liaisons aériennes entre les deux pays, a-t-il ajouté. La Colombie est allée trop loin dans ses accusations Chavez a présenté les accusations colombiennes comme une «agression» d'inspiration américaine et a fait savoir que les forces du Venezuela étaient placées en état d'«alerte maximum» sur la longue frontière du pays avec la Colombie. Les relations entre le socialiste Chavez et son homologue conservateur colombien Alvaro Uribe se sont détériorées ces deux dernières années en raison du soutien que le dirigeant vénézuélien est accusé de fournir aux rebelles colombiens. Avant la rupture annoncée par Chavez, la Colombie avait présenté à l'Organisation des Etats américains (OEA) des photos et des cartes censées montrer des rebelles réfugiés dans de nombreux camps à l'intérieur des frontières vénézuéliennes. L'ambassadeur de Colombie à l'OEA, Luis Alfonso Hoyos, a accusé le gouvernement de Chavez de tolérer des centaines de guérilleros à qui sont imputés meurtres, enlèvements et trafic de drogue de part et d'autre de la frontière des deux pays. «Le continent ne peut pas laisser ce cauchemar se propager», a-t-il dit. Son homologue vénézuélien auprès de l'OEA, Roy Chaderton, a qualifié de «mensonge» la présentation colombienne des faits. «Il n'y a aucun élément de preuve, ce sont des photos prises je ne sais où», a-t-il déclaré. Les Colombiens brandissent des photos en guise de preuve La Colombie dit avoir la preuve que des chef militaires des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) se cachent dans la jungle vénézuélienne et organisent des attaques à partir de ces bases arrière. Le gouvernement de Chavez a parlé d'accusations «pathétiques» qui visaient à entraver l'amélioration des relations bilatérales avant la prise de fonctions du nouveau président colombien, Juan Manuel Santos, le 7 août. Luis Alfonso Hoyos a présenté un ensemble de photos et de vidéos où sont censés apparaître des dirigeants et des combattants des Farc prenant du repos, faisant rôtir de la viande ou jouant du piano dans des camps situés en territoire vénézuélien. «Les faits des dernières semaines montrent que des risques réels se concrétisent en raison de la présence consolidée, active et croissante de ces groupes terroristes au Venezuela», a dit le représentant colombien. Les autorités vénézuéliennes, a-t-il poursuivi, «tolèrent la présence de ces groupes (et) ne prennent aucune initiative contre eux». Par moments, les rebelles sont même accompagnés de membres de la garde nationale du Venezuela, a ajouté Luis Alfonso Hoyos. Des rebelles ont lancé des attaques transfrontalières en juin et encore en juillet, a-t-il précisé en montrant des photos de victimes civiles et militaires de ces raids.