L'embargo sur les achats de gaz à la Russie était dans tous les esprits mardi après l'accord sur un embargo pétrolier, mais plusieurs dirigeants européens ont plaidé pour une « pause » et certains ont même exclu l'adoption d'une telle mesure. Le sixième paquet de sanctions « est un grand pas en avant. Et je pense que nous devrions faire une pause maintenant », a déclaré le Premier ministre belge Alexander de Croo à son arrivée pour la seconde journée du sommet à Bruxelles. Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont trouvé un accord lundi soir qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année afin de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine. « Ce paquet, mettons-le d'abord en pratique (…) Le gaz, c'est beaucoup plus compliqué. C'est donc une étape importante. Arrêtons-nous là pour le moment et voyons quel est l'impact », a-t-il expliqué. « Nous devrons parler d'un septième paquet de sanctions parce que la situation ne s'améliore pas en Ukraine. Mais le gaz est bien sûr beaucoup plus difficile que le pétrole », a souligné la Première ministre de l'Estonie Kaja Kallas. « Le gaz doit faire partie du septième paquet, mais je suis également réaliste, je ne pense pas qu'il y sera », a-t-elle estimé. « Il y a un problème technique qui a été résolu avec Viktor Orban. Avec le gaz, c'est tout à fait différent. Par conséquent, l'embargo sur le gaz ne sera pas dans le prochain train de sanctions », a renchéri le chancelier autrichien Karl Nehammer. L'UE, qui a déjà décidé de se passer de charbon russe à partir du mois d'août, a trouvé d'autres fournisseurs aux Etats-Unis pour un tiers de ses achats de gaz russe. En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. Elle fournit annuellement 150 milliards de m3 de gaz, soit 40% des importations de l'UE. L'embargo pétrolier a été difficile à adopter en raison des difficultés posées à la Hongrie et à la Slovaquie, deux pays enclavés et économiquement dépendants de leurs achats de pétrole à la Russie. Le géant gazier russe Gazprom a coupé ses livraisons à la Pologne, à la Bulgarie, la Finlande et aux Pays-Bas. « Ces pays n'ont pas accepté les conditions de paiement de Gazprom », a expliqué le chancelier autrichien. L'Union européenne refuse de payer les achats de gaz à la Russie en roubles, comme l'a exigé le Kremlin, estimant qu'il s'agit d'une violation des sanctions. Les compagnies énergétiques sont tenues de respecter les conditions de paiement des contrats conclus avec Gazprom (97% prévoient un règlement en dollars ou en euros), sous le contrôle des Etats membres. La Pologne et la Bulgarie, qui ont refusé d'ouvrir un second compte en roubles, ont cessé d'être livrées par Gazprom qui a considéré que le règlement n'avait pas été effectué. Mais tous les Etats membres ne respectent pas l'interdit. Le groupe autrichien « OMV a eu des discussions bonnes et constructives » avec la compagnie russe, a confirmé Karl Nehammer. Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé que le sujet ne serait « pas discuté au cours du sommet ». « Personne ne veut acheter de l'énergie à la Russie. La Russie, un pays barbare, un pays sur lequel on ne peut compter en aucune façon », a lancé mardi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. « C'est pourquoi nous discutons de la manière de nous éloigner rapidement non seulement des hydrocarbures russes comme le charbon ou le pétrole, mais aussi, à plus long terme, du gaz », a-t-il expliqué.