Jusqu'ici, la pluie s'obstine à renâcler dans le pays, en dépit des conjurations au ciel et des attentes languissantes. La sécheresse est dans nos murs, si atroce et ravageuse. La météo ne rassure pas pour une éventuelle précipitation, d'ici fin février. Cette fois-ci, la quasi-totalité des régions du pays en pâtit, contrairement à autrefois où certains bassins s'en abreuvent à volonté. Selon les ultimes statistiques, on s'en trouve à pas moins de 33% de la contenance des barrages, à l'échelon national, dont une large panoplie est quasiment asséchée. Du nord au centre comme de l'oriental au sud-est, le pays est en plein marasme hydrique. Jamais, on ne s'est affronté à un réel déficit qui mène droit au sinistre global ! Certes, la pluie fait la lippe, mais est-ce une raison d'en arriver à la lie du désarroi collectif au sein des populations aussi bien campagnarde que citadine ? C'est à coup sûr, un revers cuisant de gouvernance dans la gestion de l'eau pour un territoire menacé en permanence, par l'aridité des périmètres et la déshydratation des citoyens et leurs cheptels. Durant cette dernière décennie, les décideurs du département de tutelle ne tenaient pas en compte cette réalité spécifique, en planifiant des plans d'action, étalés sur des années. Pour faire « plaisir » aux gros bonnets de l'agriculture, ils n'hésitaient de favoriser les développements excessifs des terres agricoles, sans nullement se soucier des capacités hydrauliques du royaume. Il est bien vrai qu'on subit actuellement, la faillite d'une approche agraire approximative, quoique feu Hassan II eût bien tôt, l'ingénieuse idée de se lancer dans la politique des barrages que son successeur relayait parfaitement, par la suite, tout en se rabattant aussi sur le système de station de dessalement d'eau de mer, malgré le coût dispendieux de son installation. « Que faire ? », disait Lénine quand on est vraiment devant l'impasse. D'emblée, il serait judicieux de mettre fin à ces balivernes qui consistaient à donner libre cours à l'extension abusive des surfaces agricoles, au détriment du potentiel hydrique dont on dispose. D'autre part, il va convenir également de recommander le choix d'espèces de cultures compatibles au volume des eaux à disposition. On ne peut cultiver de la pastèque, par exemple, dans une région où la carence hydrique est criante ! C'est à l'Etat de réguler ces choix à porter, par le biais des tendances concertées avec les agriculteurs. A fortiori, face aux déperditions criardes d'eaux, il serait loisible de procéder à l'économie de cette matière vitale, à travers des mesures à s'approprier dans la vie quotidienne, surtout dans les aires d'irrigation des vastes étendues agricoles. De même, la politique des stations de dessalement s'avère une panacée cruciale, au moment où on recourt aux coupures des eaux aux ménages. Celle de Chtouka Aït Baha est récemment, en service avec une livraison des premiers volumes d'eau dessalée pour la dotation en eau potable du Grand Agadir. Elle assure aussi une irrigation de 15 000 ha pour 1500 exploitations agricoles. Pour ces débuts, elle produit 400 000 m3 par jour, scindés de manière équitable entre l'eau potable et l'eau d'irrigation, en direction particulièrement aux cultures à haute valeur. Une bonne issue pour une région caractérisée par une forte carence hydrique et constamment jetée dans le stress chronique.