Nabil El Boussaadi Revenus au pouvoir, en Afghanistan, à la mi-Août, 20 années après en avoir été chassés par une coalition militaire internationale menée par les Etats-Unis, les Talibans qui étaient fiers d'avoir mis fin à une violence dont ils étaient eux-mêmes les principaux auteurs, se sont retrouvés à la tête d'un pays en proie à des attentats à répétition. Ce vendredi, un attentat-suicide a visé la mosquée chiite de Kunduz, dans le nord-est du pays, au moment où quelques 300 fidèles s'apprêtaient à accomplir leur grande prière hebdomadaire. Revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI), cette opération kamikaze qui a fait au moins 55 morts et plus d'une centaine de blessée est la plus meurtrière depuis que les troupes étrangères ont quitté l'Afghanistan le 30 Août dernier. D'après le ministère taliban de la culture et de l'information, cette attaque qui aurait délibérément visé la minorité chiite «hazara» qui représente entre 10 et 20% de la population afghane a été perpétrée par un jeune terroriste qui, au moment de la prière, se serait glissé parmi les fidèles avant d'actionner sa ceinture d'explosifs. Ainsi, depuis 2018, l'EI, qui considère la minorité «hazara» comme étant une secte hérétique, aurait perpétré plusieurs attaques ayant visé des mosquées, des hôpitaux ou encore des lieux publics comme l'université de Kaboul. Les dernières en date sont celle qui, le 8 mai dernier, avait visé un lycée de jeunes filles situé dans le quartier chiite de la capitale afghane et qui n'avait laissé aucune chance à une quarantaine d'entre elles âgées de 13 à 18 ans mais aussi l'attentat perpétré, le 26 Août dernier, aux abords de l'aéroport de Kaboul, qui s'était soldé par la mort de 182 personnes dont 13 soldats américains. L'attentat de ce vendredi est survenu cinq jours après celui qui avait fait 5 morts et qui avait visé la mosquée Id Gah de Kaboul où se tenait une cérémonie funéraire en hommage à la mère de Zabihullah Mujahid, le porte-parole du gouvernement des Talibans ennemi-juré de l'organisation Etat islamique, morte quelques jours auparavant. Si, selon un rapport du Conseil de sécurité de l'ONU, les combattants de l'organisation Etat islamique en Afghanistan ne dépasseraient pas «quelques milliers», ils auraient, néanmoins, noué «des contacts informels avec d'autres groupes terroristes, notamment au Pakistan, qui attaquent régulièrement les postes pakistanais le long de la frontière». La plupart de ces attaques, toutes aussi meurtrières les unes que les autres, qui ont eu lieu ces dernières années en Afghanistan et au Pakistan – notamment les attentats-suicides qui ont visé des mosquées, des hôpitaux et d'autres lieux publics – ont été revendiqués par la branche de l'EI dite «Etat islamique au Khorassan» qui, en ciblant la minorité «hazara», avait été, en Août 2019, derrière l'attentat contre un mariage chiite à Kaboul qui avait fait 91 morts et avait été soupçonnée d'être responsable de l'attaque qui avait eu lieu en mai 2020 contre une maternité et qui avait coûté la vie à 25 personnes dont 16 mères et leurs nouveaux-nés. Enfin, si comme l'affirme la mission d'assistance des Nations-Unies en Afghanistan, tous ces attentats illustrent la rivalité et la haine tenace et réciproque qui oppose ces deux groupes sunnites rivaux que sont l'organisation Etat islamique et les Talibans et «s'inscrivent dans un schéma inquiétant de violence», alors le chemin vers une paix durable en Afghanistan est encore long mais attendons pour voir...