Le bilan s'alourdit à 90 morts Pompiers, militaires et volontaires continuent samedi d'éteindre les derniers feux de forêts qui ravagent le nord de l'Algérie, des incendies qui ont fait depuis lundi quelque 90 morts, parmi lesquels 33 militaires, selon des bilans des autorités locales. Selon les dirigeants algériens, ces incendies sont en majorité d'origine «criminelle» et des pyromanes ont été arrêtés. Des experts et des témoins pointent néanmoins du doigt le manque d'anticipation et de prévention des pouvoirs publics devant un phénomène récurrent chaque année en Algérie. En outre, ces feux de forêts sont avivés actuellement par des chaleurs extrêmes. Le ministère de la Défense a organisé samedi deux cérémonies pour honorer les 33 soldats qui ont péri en luttant contre les flammes, l'une à l'hôpital militaire d'Alger, en présence du chef d'état-major, Saïd Chenegriha, et l'autre à Constantine (nord-est). «Ces héros ont sacrifié leurs âmes pour la patrie et pour sauver leurs concitoyens des incendies criminelles survenues dans différentes régions de notre pays», a déclaré le général Boualem Madi, directeur de la communication de la Défense lors d'une l'oraison funèbre, au troisième et dernier jour d'un deuil national. Le président Abdelmadjid Tebboune a rendu visite samedi aux blessés, civils et militaires, hospitalisés à Alger, leur promettant de mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires pour leur prise en charge. En l'absence de nouveau bilan global officiel, les bilans rapportés par les autorités locales, la Protection civile et le ministère de la Défense font état au total de quelque 90 morts depuis lundi. La Protection civile a fait état de «42 incendies en cours dans 15 wilayas (préfectures)», dont 14 à Tizi Ouzou et 7 à Béjaïa, en Kabylie, la région la plus touchée. «Neuf feux maîtrisés dans 4 wilayas», a précisé la même source dans un tweet. Une centaine de feux avaient été recensés jeudi dans tout le pays. «Les hélicoptères du Groupement aérien de la Protection civile et de l'Armée ont effectué 235 opérations de bombardement d'eau, sans compter 172 opérations par des bombardiers d'eau à Tizi-Ouzou, Béjaïa et Jijel», a indiqué la Protection civile. Deux bombardiers d'eau français — mis à disposition par Paris via l'Union européenne (UE) — ainsi qu'un avion de liaison, sont intervenus massivement jeudi et vendredi en Kabylie. Un bombardier d'eau espagnol est arrivé samedi et un second est attendu dans les prochaines heures, selon l'agence officielle APS. Un troisième appareil devrait être déployé prochainement en provenance de Suisse, selon M. Tebboune. Au total, 43 foyers ont été éteints à travers 20 préfectures au cours des dernières 24 heures. Près de 7.500 agents de la Protection civile sont déployés avec 490 fourgons anti-incendie et trois hélicoptères. Cinq hélicoptères lourds MI-26, d'origine russe, ont également été mobilisés par l'armée. Selon le site spécialisé Mena Défense, l'armée algérienne compterait acheter huit bombardiers d'eau russes Beriev Be-200. Trois d'entre eux devaient arriver samedi à Alger, selon des médias locaux. La Russie a proposé de mettre à la disposition de l'Algérie quatre avions bombardiers d'eau, selon l'APS, qui explique que «faute d'autorisations de survol de la Grèce et de Chypre», leur arrivée a été retardée. Ils devraient arriver sur site «dans les prochaines heures». Face au drame, les gestes de solidarité de la société civile se manifestent sur le terrain et l'aide internationale s'organise. «Nous recevons des aides de partout. J'ai vu défiler des camions et des fourgons de l'Algérie entière», s'enthousiasme un jeune bénévole, cité par le quotidien francophone Liberté. Les services météorologiques prévoient des températures allant jusqu'à 48 degrés, dans un pays qui souffre déjà de stress hydrique. Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie ne compte que 4,1 millions de hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76%. Chaque année, le nord du pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les incendies qui se multiplient à travers le globe sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.