Adversaires mercredi pour le choc France-Portugal à l'Euro, Karim Benzema et Cristiano Ronaldo ont fait le bonheur du Real Madrid pendant neuf saisons communes, dans un mélange d'altruisme et de respect réciproque assez rares pour ces stars obsédées par le but. Arrivé en 2009 dans la prestigieuse « Maison blanche », comme le Portugais, le Lyonnais a grandi dans l'ombre du quintuple Ballon d'or, qu'il a servi dans sa course effrénée aux records et aux titres. « Le meilleur compliment qu'on puisse faire à Karim Benzema, c'est que Cristiano Ronaldo l'aimait au Real Madrid », a récemment commenté José Mourinho, l'entraîneur de 2010 à 2013, dans une chronique pour le tabloïd The Sun. Et le « Special One d'ajouter: « Pour que Cristiano aime un autre attaquant, cela signifie qu'il en a fait beaucoup pour Cristiano et il en fait beaucoup pour chaque attaquant qui l'entoure. Karim est probablement le seul N.9 que je connais qui n'est pas égoïste dans son jeu ». Si « CR7 » a souvent pris la lumière, il n'en a pas pourtant oublié son partenaire d'attaque, comme en témoigne cette déclaration d'octobre 2014 après un carton face à Bilbao (5-0) où le Portugais avait signé un triplé et Benzema un doublé. « Je suis très heureux pour Karim, c'est le meilleur attaquant de la Liga et l'un des meilleurs du monde. Les critiques qu'il reçoit font partie du quotidien d'un footballeur professionnel et nous devons être au-dessus de ces choses-là. Il est en forme, c'est un joueur d'équipe », avait salué la star portugaise. En février 2018, le Français traverse de nouveau une mauvaise passe et Ronaldo décide de le prendre sous son aile face au Deportivo Alavés (4-0). D'abord, en demandant au public d'encourager Benzema en le pointant du doigt après une passe décisive de « KB9 ». Ensuite, en renonçant à tirer un penalty, alors qu'il se trouvait aux portes du triplé, pour lui redonner confiance après plusieurs matches sans but. Le chemin des deux complices s'est séparé à l'été 2018 avec le départ de Ronaldo pour la Juventus Turin. Depuis, Benzema s'est transformé en avant-centre décisif et meilleur buteur madrilène. Mais il ne dirait pas non à la reformation du duo, à l'entendre. « Cristiano, je ne sais pas s'il est bien ou pas à la Juve. Jouer de nouveau avec lui? Evidemment! Cristiano s'est toujours bien comporté avec moi », a-t-il répondu mi-mars en conférence de presse. Quelques jours plus tôt, le Français n'avait cependant pas caché qu'il brillait davantage, à titre individuel, sans le géant du football mondial à ses côtés. « Tout ce que je dirais, c'est que le départ de Cristiano m'a permis de jouer un rôle différent. Il marquait 50 ou 60 buts par an et il fallait s'adapter à son jeu. Il est l'un des meilleurs au monde et j'étais heureux à ses côtés », a-t-il déclaré dans un entretien accordé au magazine ICON. Mercredi à Budapest, les deux attaquants vont de nouveau se retrouver sur la pelouse, mais comme adversaires pour l'affiche de clôture du groupe F, décisive pour le classement et la suite de l'Euro. En compétition de sélection, les retrouvailles ont bien failli ne jamais arriver entre le Français, longtemps banni des Bleus, et le Portugais de 36 ans, déjà auteur de trois buts dans cet Euro, contre aucun au Tricolore. Dans la bande annonce du documentaire « Le K Benzema », en novembre 2017, Ronaldo se disait « déçu que Karim ne fasse pas partie de l'équipe de France pendant l'Euro (2016). J'espère qu'il pourra aller à la Coupe du monde (2018). C'est mon souhait car c'est un joueur fantastique et j'aime voir les grands joueurs dans les grandes compétitions. » Benzema, mis à l'écart, n'était pas du sacre mondial des Bleus en 2018, mais il compte bien rattraper le temps perdu à l'Euro. Quant à « CR7 », qui peut dépasser Ali Daei comme meilleur buteur de l'histoire en sélection (107 buts contre 109 à l'Iranien), il rêve enfin de marquer face aux Bleus, après six rencontres sans y parvenir. En deux face-à-face, Benzema a été plus efficace avec un but inscrit contre la Seleçao de Ronaldo, en octobre 2014 (2-1).