Nabil EL BOUSAADI « Le peuple d'Ecosse a voté pour donner, aux partis pro-indépendance, une majorité au Parlement écossais ! ». C'est ce qu'a déclaré, ce samedi, face à ses partisans, la première ministre Nicola Sturgeon, leader du Parti National Ecossais (SNP) arrivé en tête des élections pour le Parlement local en remportant 64 sièges sur les 129 qui le composent, soit un siège de moins que la majorité absolue et ce, en dépit du fait qu'à cause des restrictions sanitaires liées à la pandémie du Covid-19, la campagne électorale n'avait réellement commencée qu'à la mi-Avril. En donnant, ainsi, l'occasion au SNP d'effectuer un quatrième mandat à la tête de l'Ecosse, ce score lui ouvre, surtout, la voie pour la tenue d'un référendum pour l'indépendance car les Verts, partisans d'une séparation du Royaume-Uni, ont remporté 8 sièges et les conservateurs du Premier ministre britannique Boris Johnson ne sont, désormais, représentés que par 31 députés au Parlement d'Edimbourg. Rappelant que le résultat obtenu, par son parti, est une émanation de « la volonté » des écossais, la Première ministre Nicola Sturgeon, qui jouit d'une grande popularité du fait de sa gestion maîtrisée de la crise sanitaire du nouveau Coronavirus, a tenu à préciser que Londres ne dispose, désormais, d' « aucune justification démocratique » qui lui permettrait de « bloquer le droit du peuple écossais de choisir son propre avenir ». Mais si, pour Boris Johnson, « un référendum, dans le contexte actuel, serait irresponsable et imprudent » car lors du référendum de 2014, 55% des électeurs avaient rejeté l'indépendance, pour Lorna Slater, la co-leader des Verts écossais, les propos du Premier ministre britannique sont « hilarants » dès lors que, d'une part, les indépendantistes disposent, désormais, d' « un mandat clair pour appeler à un nouveau référendum » et que, d'autre part, avec le Brexit, la donne a changé puisque 62% des Ecossais voulaient rester dans l'Union européenne. Les écossais ayant donc accordé, aux partis « indépendantistes », une majorité au Parlement local, Nicola Sturgeon estime que toute tentative des conservateurs de s'opposer à l'organisation d'un nouveau vote pour l'indépendance de l'Ecosse placerait, désormais, ces derniers « en opposition directe avec la volonté du peuple écossais et démontrerait que le Royaume-Uni n'est pas un partenariat entre égaux ». Aussi, après avoir obtenu un résultat aussi encourageant, la Première ministre écossaise s'est dite prête à se mettre « au travail immédiatement pour (se) consacrer à la sortie de la pandémie, puis à la reprise économique et sociale » et d'ajouter que « quand la crise sera passée, les Ecossais auront le droit de s'exprimer sur leur avenir (...) car Boris Johnson n'a aucun argument pour bloquer la volonté des Ecossais (et que) le référendum est fondamentalement une question de principe démocratique». Enfin, si, pour le moment, la « guerre des mots et des arguments » qui est ouvertement déclarée entre Edimbourg et Londres et le bras-de-fer crucial pour l'avenir de l'Ecosse qui oppose les deux capitales sont assez féroces, il est clair que si, comme il le laisse entendre, Boris Johnson refuse de donner son aval à la tenue du référendum, Nicola Sturgeon va, comme elle l'a déjà dit, lui forcer la main pour avoir « refusé de respecter la volonté démocratique du peuple écossais » en saisissant la Cour Suprême britannique. Comment les choses vont-elles évoluer entre-temps ? Attendons pour voir...