Dans un discours prononcé à quelques heures de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, a fait part de sa colère et de sa profonde tristesse et promis de «tout faire» pour obtenir l'organisation d'un nouveau vote sur le sujet nonobstant l'opposition de Londres. Rappelant qu'en provoquant l'Ecosse, les conservateurs britanniques ont permis à son parti, le Parti National Ecossais (SNP), de se renforcer alors que ses militants sont majoritairement opposés au Brexit, Nicola Strurgeon a indiqué, par ailleurs, que le SNP prévoit de doubler son budget de campagne en faveur de l'indépendance et manifesté son intention de défendre le droit d'organiser un vote consultatif devant les tribunaux. Au même moment, ce 31 janvier 2020, quelques 3.000 manifestants écossais, brandissant des drapeaux européens et des drapeaux écossais, se sont donné rendez-vous face au Parlement d'Edimbourg sur les mâts duquel flotte encore le drapeau de l'UE à coté du drapeau écossais afin de crier leur désarroi et leur «rage de sortir de l'Union européenne sans l'avoir choisi» et d'exhorter l'U.E. à «rouvrir la porte en cas d'indépendance». A noter qu'à l'issue d'un vote qui s'était tenu la semaine dernière au Parlement, les indépendantistes du Parti National Ecossais (SNP) étaient parvenus à imposer le maintien du drapeau européen sur les mâts du Parlement écossais. Pour rappel, en 2016, lors du vote sur le Brexit, 62% des Ecossais avaient voté pour le maintien dans l'Union Européenne et, ce jeudi soir, les sondages ont donné l'indépendance en tête avec 51% en cas de référendum ; ce qui a fait dire à Rickey Blankenbaker, un étudiant américain présent à la manifestation, que «plus Londres ignore la voix des Ecossais, plus la ferveur indépendantiste croît». Les faits semblent lui donner raison au vu de la très forte progression du Parti National Ecossais. L'indépendantiste écossais Alyn Smith, qui était encore député européen quelques heures auparavant et dont le parti SNP (centre-gauche) a vu en 2016 le nombre de ses adhérents bondir de 20.000 à 120.000 et qui, aux législatives de décembre dernier, a décroché 48 sur les 59 sièges dévolus à l'Ecosse au Parlement du Royaume-Uni à Westminster a estimé que ce 31 janvier 2020 «est un triste jour». L'Ecosse veut «rester une nation européenne» dira-t-il en français à la foule avant d'apostropher en anglais le Premier ministre britannique : «Boris Johnson, we don't want your Brexit» (Boris Johnson, nous ne voulons pas de votre Brexit !). Ainsi, si à Londres, les anglais massés devant le Parlement se sont embrassés en chantant «God Save the Queen» et que dans le nord de l'Angleterre, le mousseux a «coulé à flot» et que des feux d'artifice ont été tirés, à Edimbourg les Ecossais ont, de leur coté, veillé, des bougies allumées à la main, pour pleurer le fait d'avoir quitté le navire européen à leur corps défendant tout en continuant à caresser le rêve de voir l'Ecosse en tant que nation indépendante réintégrer l'Union Européenne. Mais si les Ecossais veulent la tenue d'un second référendum d'indépendance, la décision revient au gouvernement britannique; ce dont Boris Johnson ne veut pas « entendre parler» en ce moment où «les négociations sur la future relation du pays avec l'U.E. ne font que débuter» si l'on en croit Alan Convery, professeur de Sciences politiques à l'Université d'Edimbourg. Or, les données pourraient changer si, lors des élections écossaises de 2021, le SNP venait à se renforcer encore plus ; une éventualité qui n'est point à écarter au vu de la confiance sans cesse grandissante que ne cessent de lui témoigner des électeurs intimement convaincus qu'il appartient aux écossais et à eux seuls de décider du sort de leur Nation. Le référendum tant souhaité par une large frange de la population écossaise pourra-t-il avoir lieu au plus tard l'année prochaine ? Attendons pour voir…