Ils sont jeunes, amoureux et passionnés de la musique et des rythmes amazighs. Sarah et Ismael, un duo connu sur les réseaux sociaux pour ses nombreuses reprises des ténors de la chanson amazighe. Entre autres, Lhaj Belaid, Raiss Hmad Bizmawn, Rayss Mohamed Outhanwt, qui essayent depuis Shanghai de mettre un grain de beauté dans le paysage musical amazigh en particulier et marocain en général. Pour y parvenir, le duo préfère des arrangements tels que le Jazz, la Soul, le Funk, la pop... «Nous essayons derevivre ces chansons et de les interpréter à notre manière ; selon notre perspective musicale tout en essayant de garder le feeling et l'âme poétique de l'auteur », explique Sarah dans cet entretien accordé à Al Bayane. Al Bayane : De prime abord, parler nous un peu de votre duo. Comment a-t-il été créé ? Et comment définissez-vous votre style musical ? Sarah : Depuis notre première rencontre, Sarah et Ismael a toujours été un projet, mais qui s'est concrétisé il y a 2 ans quand Ismael m'a rejoint à Shanghai. Pour ce qui est de notre style musical, il dépend en fait de l'inspiration du moment. Généralement, on préfère des arrangements : Jazz, Soul, Funk, Celtic, Sephardic, pop... Or, nous sommes particulièrement intéressés par la musique amazighe. Vous avez fait plusieurs reprises de chansons puisées dans le répertoire musical amazigh entre autres «Ahbibino adik nmun», «Anzar», «Ahayli» de Raiss Hmad Bizmawn, «Isntak Mafodengh Lkhatri» du groupe Oudaden, «Zayd Azzaman» de Rayss Mohamed Outhanwt, «Taliwin» de Lhaj Belaid, «Immi Henné» du groupe Izenzaren. Pourquoi cet intérêt assez particulier pour la chanson amazighe ? L'intérêt pour la chanson amazighe est très naturel vu que je suis amazighe. Car, j'ai grandi et a été entourée aussi de Vynils et de cassettes des Rwayes. En fait, cet intérêt et amour pour la culture et la musique amazighes m'ont été transmises par mes parents et grands-parents. Il va sans dire également que c'est une passion que j'ai transmise par la suite à Ismael qui été partant pour le projet de reprise des morceaux et titres amazighs. Que représente la poésie amazighe pour vous ? Je pense que la langue amazighe est une langue de littérature et de poésie. En effet, les poètes ou encore les Rwayes font à la fois le métier de chroniqueur et de messager véhiculant des lettres de noblesse et des messages. A vrai dire, on est continuellement en quête d'apprendre et de lire sur cette culture ancestrale, authentique et originelle. Nous sommes, en outre, contents de voir des jeunes auteurs et poètes amazighs, issus du Maroc et de l'Algérie, qui suivent de près les pas de nos ancêtres. Vous avez «réécrit» la chanson «Wad itmoudoun» du groupe «Izenzaren». A votre avis, est-il indispensable de réécrire musicalement, si nous n'osons dire, la chanson amazighe afin de lui donner plus de visibilité dans les quatre coins du monde? Il n'est pas indispensable de réécrire musicalement ou de réarranger les chansons amazighes. Quant à nous, on part de l'idée que ces morceaux qui ont été interprétés par leurs propres chanteurs demeurent originaux et singuliers. Certes, quoi qu'on fasse, on ne pourrait jamais leurs rendre justice de la même façon. Ce qui est important pour nous, c'est de revivre ces chansons et de les interpréter à notre manière, et selon notre perspective musicale tout en essayant de garder le feeling et l'âme poétique de l'auteur. C'est essentiel! «Amoudou», une chanson que vous avez écrite en 2020. D'où inspirez-vous vos textes et chansons? Est-ce qu'il y a des chanteurs, poètes qui ont influencé votre manière d'écrire et de chanter? «Amoudou» a été écrite en 2018. C'est une chanson qu'on jouait souvent à Shanghai avec des versions différentes. Par ailleurs, ce morceau a été écrit en une seule journée en pleine répétition pour un festival. En fait, c'est un sujet qui nous touche beaucoup. Toutefois, je me suis rendue compte que ma passion pour le voyage et le rêve de nomadisme sont en moi parce que je suis amazighe. «Amoudou» raconte le voyage des nomades amazighs. Et l'influence principale est venue du Mali et de la musique Touareg, plus particulièrement. La chanson amazighe a beaucoup souffert de ce regard folklorique. Aujourd'hui, les choses ont changé avec des jeunes artistes amazigh (e)s porteurs de nouveaux projets artistiques, tous styles confondus, dépassant les frontières. Qu'en pensez-vous ? On est tellement contents que la scène artistique amazighe regorge de talents représentant les différentes régions et expressions musicales venues du Rif en passant le Souss, la Kabylie, Touareg... C'est un constat ! Cette richesse et variété vont certainement contribuer à faire connaître la culture et la langue amazighes à l'international afin de donner plus de visibilité à notre Histoire. Quels sont vos projets artistiques à venir ? À travers les reprises que nous avons faites, nous comptons faire une tournée en ligne dans la terre de Tamazgha, mais aussi et surtout chercher des morceaux anciens à interpréter. En outre, nous sommes en train de travailler sur les autres morceaux de l'album «Amoudou» qui sortiront au long de l'année.