Par Salma El Badaoui (MAP) Les banques participatives, qui ont réussi à gérer d'une manière optimale cette période de crise liée au nouveau coronavirus (covid-19), se retrouvent face à des difficultés de refinancement, lesquelles constituent un défi de taille risquant de devenir une tendance qui s'installe dans la durée. L'origine de ces difficultés est tout logiquement l'envolée des financements accordés aux clients au même moment où les dépôts à vue et d'investissement peinent augmentent à un rythme largement inférieur. A en croire les statistiques monétaires de Bank Al-Maghrib (BAM) au titre du mois de janvier 2021, l'encours des financements accordés par ces banques s'élève à 13,88 milliards de dirhams (MMDH), tandis que celui des comptes chèques et comptes courants se chiffre à près de 3,95 MMDH, dont environ 1 MMDH de dépôts d'investissement. Et c'est ce qu'a expliqué Abderrazak El Hiri, économiste et enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès. Les ressources collectées sous forme de dépôts à vue et d'investissement représentent un tiers environ des encours de financement, a-t-il fait remarquer dans une déclaration à la MAP. Ces problèmes de liquidités proviennent du fait que les financements octroyés concernent des durées plus longues, alors que les ressources collectées s'inscrivent dans une logique de courte durée, a expliqué l'universitaire. Et pour faire face à cette situation, les banques et fenêtres participatives ont recours à «Wakala Bil Isthitmar», une source de refinancement approuvée par le Conseil supérieur des Ouléma (CSO), a fait savoir M. El Hiri, précisant que cette source a permis la mobilisation de plus de 2,6 MMDH au premier semestre de l'année écoulée. Il a, parallèlement, souligné l'importance de compléter l'écosystème de la finance participative en vue de renforcer davantage ses ressources et ce, en offrant de nouveaux produits financiers faciles d'accès sur le plan procédural pour attirer une clientèle conséquente. Même son de cloche chez Hicham Abouyoub, expert en banque, assurance et finance participative, qui a fait savoir que l'essentiel des ressources des banques participatives est constitué de fonds propres. Le recours à «Wakala Bil Istithmar» contribue également à renflouer la trésorerie des banques participatives, mais demeure une solution temporaire à court terme. Et de soutenir: «En vue de réduire les tensions sur les ressources des banques participatives, la solution la plus viable à moyen et long termes, consiste à renforcer leur capacité de collecte des ressources à vue et des dépôts d'investissement, combinée à la mise en place d'un circuit monétaire approprié pour leur refinancement». Interrogé sur les enjeux et les perspectives de ce secteur pour l'année 2021, l'expert a estimé cette année constituera une étape supplémentaire dans la consolidation des acquis des banques participatives au Maroc. Toutefois, la concrétisation de ce potentiel reste tributaire dans une large mesure du parachèvement du processus de construction de l'écosystème financier participatif dans son ensemble. À cet effet, l'assurance Takaful, pilier majeur de la finance participative, tarde malheureusement à voir le jour, a-t-il déploré, ajoutant que non seulement cette activité est de nature à atténuer le risque du portefeuille de financements des banques participatives, mais constitue aussi une composante non-négligeable des revenus des banques participatives à travers les commissions de distribution qui en seraient générées. Une partie importante de l'épargne nationale, bien que difficile à estimer, demeure réticente aux placements conventionnels à base d'intérêts et constitue, par conséquent, un potentiel important que les banques participatives se doivent de capter afin de diversifier leurs sources de financement, de sorte que la nouvelle production de financement soit largement réalisée, si ce n'est exclusivement, à travers la collecte des dépôts à vue et d'investissement, a fait valoir M. Abouyoub.