Avec cette saison hivernale peu clémente, nombre d'associations accourent à bride abattue pour organiser des caravanes et des campagnes humanitaires d'aide aux populations des zones enclavées. Distribution de vêtements, de couvertures, de produits alimentaires et de fours aux populations nécessiteuses, équipement et réhabilitation d'écoles… sont autant de nobles initiatives qui réussissent à dessiner des sourires sur les visages d'enfants et de personnes nécessiteuses et reflètent un esprit de solidarité et de partage. Ces actions humanitaires, qui méritent des encouragements, créent parfois le « buzz » lorsque ces « philanthropes » veulent montrer l'exemple en publiant sur les réseaux sociaux des photos affichant les bénéficiaires. La publication de photos ou de vidéos des catégories nécessiteuses en train de recevoir des aides a suscité une polémique, ces derniers temps, parmi les internautes. Si certains estiment que ces actes, accomplis généralement sans consentement des bénéficiaires, ont pour finalité de faire le buzz, d'autres y voient un moyen d'inciter autres associations ou bienfaiteurs à prendre des initiatives semblables en faveur de leurs concitoyens qui pâtissent de la rudesse de cet hiver. A cet égard, Mouhcine Zerrad, président de Ataa Charity foundation, l'une des associations qui mènent des initiatives de solidarité, notamment durant la saison hivernale, estime que la publication de ce genre de contenus « positifs » documentant l'action caritative est « devenue une nécessité », notamment lors de cette période marquée par la prolifération de contenus inappropriés sur les réseaux sociaux, mais à condition qu'ils soient présentés d'une « manière professionnelle ». Dans une déclaration à la MAP, M. Zerrad reconnaît que certaines parties essaient de tirer profit de cette activité pour se faire connaître, avoir plus de vues et d'abonnés, notamment sur les réseaux sociaux, et servir leurs intérêts personnels. Toutefois, cela ne doit pas impacter l'immense travail des associations et leurs objectifs nobles, a-t-il souligné, insistant que le devoir de la société civile est de promouvoir leur production médiatique et améliorer leur contenu. Photographier les caravanes et les campagnes des associations a également pour objectif de montrer les bonnes intentions de l'entité initiatrice et de prouver aux contributeurs que les aides ont été réellement distribuées aux catégories nécessiteuses, a-t-il ajouté. Ce genre de publications va certainement encourager plus de personnes physiques ou morales à aider ces catégories, a souligné cet acteur associatif, soutenant que cet acte de solidarité contribue à résoudre la problématique de la précarité. Interrogé sur les photos d'enfants recevant des aides, il a répondu que « la photo transmet un message noble et touchant », dans la mesure où elle permet de faire connaître les souffrances de ces petits, avant de tempérer: « cette photo doit respecter l'éthique et ne pas porter atteinte à leur dignité ». Il a jugé, dans ce sens, qu'il faut sanctionner toute personne qui exploite les souffrances des catégories vulnérables pour promouvoir son image ou l'image de son association, mettant l'accent sur la nécessité de préserver la noblesse de la mission des associations dans la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité. Pour l'acteur associatif Hani El Harraq, l'action caritative joue un rôle important qui a été notamment renforcé avec la Constitution de 2011, laquelle a garanti la liberté d'association. Aujourd'hui, les associations sont un partenaire dans le processus du développement durable et dans le domaine de l'emploi et peuvent agir comme une force de suggestion, a indiqué M. El Harraq. L'action associative a une dimension de bénévolat et n'est pas un moyen pour obtenir un avantage particulier, matériel ou moral, a-t-il expliqué, déplorant que certaines personnes utilisent les réseaux sociaux dans le domaine associatif à des fins personnelles. Par ailleurs, M. El Harraq a salué les efforts déployés par la société civile pour répandre la culture de la solidarité, se réjouissant que l'Etat soutienne les associations dans leur objectif de répondre aux besoins sociaux d'une catégorie de la société.