Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a réitéré mercredi la nécessité de rendre les vaccins accessibles et abordables pour tous, appelant à donner la priorité aux personnes les plus à risque dans tous les pays et à combler le déficit de financement. Dans un message vidéo préenregistré, lors d'un séminaire en ligne de haut niveau sur la stratégie de financement et de déploiement du vaccin contre la Covid-19 en Afrique, M. Guterres a invité tous les pays, économies et fabricants à travailler avec et à travers le Mécanisme Covax pour réaliser les engagements d'accès équitable, notamment pour les plus vulnérables. Il a en outre salué les efforts déployés par l'Union africaine pour obtenir 270 millions de doses de vaccin supplémentaires pour les pays du continent. Le chef de l'ONU a, par ailleurs, indiqué qu'à mesure que des vaccins supplémentaires arrivent par le «pipeline de développement », les fabricants sont appelés à donner la priorité à l'examen des données de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin qu'ils puissent être distribués par Covax le plus rapidement possible. L'OMS et l'Alliance pour les vaccins (Gavi) a mis sur pied le mécanisme Covax pour distribuer des vaccins anti-Covid aux pays défavorisés, mais le système souffre d'un manque de financement et d'une absence de solidarité qui se matérialise par une tendance des pays riches au chacun pour soi. Afrique : 400 millions de vaccins supplémentaires L'Union africaine (UA) a obtenu 400 millions de doses supplémentaires de vaccins contre le Covid-19 pour les pays du continent, a annoncé jeudi le Centre de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC). Cette annonce porte à 670 millions le nombre de doses qui doivent être disponibles dans les deux années à venir pour les pays africains, dont la plupart n'ont pas les moyens de financer l'immunisation de leur population. « Quatre cent millions de doses supplémentaires de vaccins ont été garanties auprès de l'Institut Serum » (en Inde) », a déclaré jeudi le directeur cette agence spécialisée de l'UA, John Nkengasong, lors d'une conférence de presse. Le Serum Institute of India (SII), ou Institut Serum, produit à grande cadence des millions de doses du vaccin contre le Covid-19 Covishield, développé par AstraZeneca et l'université d'Oxford, pour l'Inde et une grande partie des pays en développement. « Si vous ajoutez 400 millions de doses aux 270 millions de doses, je pense que nous commençons à faire de très bons progrès », a ajouté M Nkengasong. L'UA avait annoncé le 13 janvier avoir obtenu un premier lot de 270 millions de vaccins, dont au moins 50 millions seront disponibles entre avril et juin. M. Nkengasong précisé que tous les vaccins seront disponibles « entre cette année et l'année prochaine ». Il a souligné combien la vaccination de la population africaine représente un « effort historique ». Quatre pays africains ont déjà commencé à vacciner leur population : le Maroc, l'Egypte, les Seychelles et la Guinée, a-t-il indiqué. Maurice a également annoncé le début de sa campagne mardi. Selon les estimations, le continent aura besoin d'1,5 milliard de vaccins pour immuniser 60% de ses 1,3 milliard d'habitants, pour un coût qui oscille entre 5,8 et 8,2 milliards d'euros. Lors du sommet économique mondial de Davos, mardi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui quittera très prochainement la présidence tournante de l'UA, a fustigé les pays riches qui « accaparent » les vaccins anti-Covid et mis en garde contre tout « nationalisme » dans les stratégies d'acquisition des précieuses doses. L'initiative lancée par l'UA, nommée Avatt (African Vaccine Acquisition Task Team) est distincte du dispositif Covax, de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de partenaires privés, pour un accès équitable aux vaccins. L'Afrique a été officiellement relativement épargnée jusqu'ici par la pandémie: le continent enregistre 3,4 millions de cas pour 87.000 décès, selon Africa CDC.