Vingt-quatre ans après le début de leur amitié née à Turin, Zinédine Zidane et Antonio Conte se confrontent à nouveau à la tête du Real Madrid et de l'Inter Milan, affiche alléchante de la 3e journée de Ligue des champions mardi. De joueurs modèles à entraîneurs rivaux: alors que l'Inter et le Real sont mal embarqués dans cette phase de poules de Ligue des champions, respectivement à la 3e et 4e place du groupe B, Zidane et Conte doivent mettre leur relation de côté mardi soir pour tenter de sauver un début de campagne européenne mitigée. Leur histoire commune, longue de près d'un quart de siècle, va connaître un nouveau chapitre mardi. Car Conte et Zidane se connaissent mieux que quiconque: comme joueurs, ils ont partagé cinq saisons à la Juventus de Turin, celles de la révélation à l'international pour «Zizou» (1996-2001), avec notamment deux titres de champions d'Italie et deux finales de Ligue des champions perdues en 1997 et 1998, outre les deux succès avec les Bleus en Coupe du monde 1998 et à l'Euro-2000. Ils ont disputé quelque 131 matches ensemble sous le maillot bianconero, selon des calculs de la presse italienne, et sont depuis restés amis. «A la Juve, je jouais avec lui, Deschamps et Davids. Un beau milieu de terrain, non ? On courait pour lui et c'était fantastique parce quand il avait la balle, il pouvait se passer n'importe quoi: c'était un génie», avait encensé Conte au sujet de «ZZ», avant leur premier face-à-face comme entraîneurs, en juillet 2016, à l'occasion d'un match amical entre Chelsea et le Real Madrid aux Etats-Unis. L'affrontement de mardi soir n'aura rien d'amical, entre un Inter qui devra composer sans son artilleur en chef Romelu Lukaku, et un Real Madrid sur courant alternatif avec un revers à domicile contre l'équipe B du Shakhtar Donetsk (3-2) puis un nul arraché sur le fil chez le Borussia Mönchengladbach (2-2). A Madrid, Conte repensera peut-être brièvement qu'il avait failli devenir l'entraîneur du Real Madrid il y a deux ans, après l'échec de Julen Lopetegui sur le banc merengue. Tout était bouclé, la conférence de presse de présentation était déjà calée… mais Conte avait subitement décidé de renoncer à un contrat en or, selon la presse italienne. Et après le bref intérim de Santiago Solari, Zidane avait rempilé quelques mois plus tard, en mars 2019, pour une deuxième pige qui dure encore aujourd'hui. Les voilà désormais face à face. Pourtant, rien ne laissait présager que les deux milieux soient amenés à se recroiser sur les bancs des géants d'Europe, presque 25 ans après leur rencontre. «Sur Antonio, j'aurais parié quelques billets. Lui était entraîneur déjà sur le terrain et donnait l'exemple à tous. Un leader silencieux, comme +Zizou+, sur qui au contraire je n'aurais jamais misé. Jamais je ne me serais attendu à le voir comme entraîneur et on parle maintenant d'un de ceux qui a remporté le plus de titres dans le monde», s'est étonné Alessandro Tacchinardi, qui a joué à la Juventus avec les deux, interrogé par la Gazzetta dello Sport. Outre le fait d'être les vraies «stars» de leurs équipes (Conte gagne plus que tous ses joueurs, avec plus de 10 M d'EUR annuels, tandis que le salaire de Zidane, environ 12 M d'EUR net annuels, est équivalent aux meilleurs salaires des joueurs du Real), l'Italien et le Français partagent un même charisme taiseux, et une science de la gagne. «C'étaient deux timides généreux. Conte et Zidane aujourd'hui sont des entraîneurs top qui montrent comment on peut gagner de façons différentes. Ils ont transmis à leurs équipes leurs propres caractéristiques de joueurs. Et puis ils ont un charisme unique qui est leur arme en plus», a résumé Tacchinardi. Le palmarès international, voilà ce qui distingue aujourd'hui «Zizou» de Conte: quand le Français a déjà décroché trois Ligues des champions et deux Supercoupes d'Europe, Conte attend toujours un premier trophée européen, après avoir échoué la saison dernière en finale de la «petite» coupe d'Europe, la Ligue Europa, face à Séville.