Les cimaises de la Villa des Arts de Rabat accueillent, du 13 au 31 juillet, une exposition de l'artiste peintre Abdellah El Hariri, intitulée «Renc'Art». L'occasion sera donnée à repenser l'œuvre d'une des valeurs sûres de l'art contemporain marocain. D'autres noms majeurs de la peinture marocaine accompagneront Abdellah El Hariri dans cette exhibition artistique. Lesquels représentent différentes écoles et générations de la peinture et reflètent la pluralité et la diversité de l'art pictural marocain. Il s'agit, en l'occurrence, de Aziz Amrani, Mahi Binebine, Larbi Cherkaoui, Leila Cherkaoui, Ahmed Hajjoubi, Said Housbane, Aziz Lkhattaf, Mohamed Melihi, Mohamed Morabiti, Khalid Nadif, Abderrahmane Ouardane, Abderrahmane Rahoul, Said Raji et Omar Saadoune. Cette initiative salutaire ne peut qu'être louable et bénéfique dans un contexte où le marché de l'art est devenu otage à la mercantilisation et où l'intérêt esthétique cède le pas à la spéculation surtout au vu de l'absence d'une réglementation juridique qui impose la transparence et définit les rapports entre les intervenants. El Hariri est un artiste à part. Un titre qu'il mérite amplement puisque son parcours artistique est l'un des plus longs. Plus de quarante ans qu'il est plongé dans la peinture et pendant lesquels El Hariri n'a cessé de découvrir et redécouvrir, de creuser, de défricher toutes les expériences et d'en oser d'autres. Autre sa formation initiale à l'Ecole des Beaux Arts au Maroc, Abdellah El Hariri a fait un tour d'horizon dans plusieurs continents en Europe, aux Etats-Unis et dans le Monde arabe dans la perspective d'une perpétuelle recherche de perfectionnement. Il élit domicile en Italie, le pays de Léonardo Da Vinci, qui a amorcé la renaissance et donné naissance à une affluence de courants et de tendances picturaux. Hariri a également été en France, en Pologne, Aux Etats-Unis, en Belgique, en Irak et autres. De cette rencontre et dialogue avec les différentes expériences picturales mais aussi de l'interrogation de sa propre culture et son identité, naît son propre mode d'expression. Loin de se cloîtrer dans des démarches abstraites et inextricables difficiles de s'y approcher ou d'en déceler les ficelles, El Hariri, mu par sa propre quête identitaire, puise sa matière dans la calligraphie arabe qu'il tentera d'extirper de son isolement. Il rejoint dans ce choix d'autres artistes peintres comme Mehdi Qotbi. Au-delà de la sémantique, c'est la beauté esthétique que la langue arabe décèle qui intéresse le plus El Hariri et Qotbi. “Abdellah El Hariri est le premier à avoir adopté la calligraphie comme mode d'expression. Mais Hariri n'a jamais eu pour visée d'exceller dans cet art comme l'aurait fait un lettriste professionnel. Il s'est choisi plutôt comme démarche une attitude de déconstruction des codes qui ont traditionnellement régi l'art calligraphique arabe. Il s'est ingénié ainsi à libérer le graphème de son étoffe hiératique et sacrale. Désacralisée et allégée de sa gangue théologale, l'écriture est exploitée comme un simple élément graphique, un motif pictural qui n'a pas forcément une valeur en soi. C'est là toute la modernité d'El Hariri.”, a écrit Mostafa Chebbak, critique d'art. Sa sève artistique l'a poussé aussi à militer pour donner à l'art la place qu'il mérite surtout dans un contexte où l'art n'avait pas la reconnaissance qu'il méritait. Ainsi, il crée l'association marocaine des arts plastiques. Il est aussi l'un des fondateurs du syndicat des plasticiens marocains. Cette nouvelle exposition de Abdellah El Hariri ne passera sans doute pas inaperçu. Il marquera inéluctablement un autre jalon dans le parcours de l'artiste ou peut être sera une ébauche à une relecture de l'ensemble de l'œuvre du peintre. A ne pas manquer.