Paiement des frais de scolarité du troisième trimestre Par Fairouz El Mouden L'approche du délai ultime fixé pour le paiement de la totalité des frais de scolarité relatifs au troisième trimestre 2020 suscite un tollé de réactions entre le refus catégorique d'une bonne partie des parents d'élèves de passer à la caisse pour une prestation non rendue et la réclamation d'autres de revoir à la baisse le montant des frais. Les patrons des écoles privées marocaines et étrangères type missions, ne veulent pas faire de concessions et exigent le paiement total des frais de scolarité dus au titre des mois d'avril, mai et juin et préfèrent traiter au cas par cas les dossiers des familles touchées par la crise. Leurs arguments tiennent à la poursuite de la continuité pédagogique à la maison et des cours à distance. En effet, à l'instar d'une minorité insignifiante de petites écoles privées qui a opté pour une réduction des frais voire même, l'exonération totale des frais liés au mois de mai et de juin, le top management des autres écoles privées refuse de négocier sur les tarifs exigés et menacent même d'interdire la réinscription des élèves dont les parents ne se sont pas acquitter des sommes dues. L'élève est pris en otage dans cette situation conflictuelle entre les directions des écoles privées et les parents d'élèves. Son psychique risque d'être perturbé à l'idée d'être interdit d'accéder à son école à la prochaine rentrée scolaire après un long confinement forcé à la maison. Hormis les parents qui acceptent de payer normalement la totalité des frais, estimant que ce paiement devra bénéficier aux familles nécessiteuses dans ces conditions de crise, la négociation semble arriver à une impasse entre les responsables des écoles privées et les associations des parents d'élèves qui demandent le non paiement d'une partie des frais scolaires. La situation a remis en cause le facteur confiance liant les deux parties au départ, pour céder la place à une situation de bras de fer continu. D'une part, les patrons des écoles avancent la multiplicité des charges et des coûts liés au fonctionnement de leurs établissements dont la masse salariale absorbe près de 70% et les projets d'investissement programmés à l'avance. D'autres facteurs s'ajoutent également, entre autres, la mobilisation des enseignants pour maintenir la continuité pédagogique ou l'école à la maison. Du coup, ils argumentent leurs refus de baisser les frais par des contraintes budgétaires qui déterminent la vie de leurs établissements. Néanmoins, il faut le rappeler, la majorité des écoles privées ont opté pour des traitements spéciaux des dossiers des familles qui sont touchées par la crise sanitaire et qui sont dans l'impossibilité de s'acquitter de la totalité ou d'une partie des frais. Les options offertes traitent au cas par cas chaque dossier. Sauf que pour bénéficier de cet avantage, le parent doit fournir une liste de documents administratifs, financiers, fiscaux et de patrimoine jugée excessive et abusive. Pour l'instruction du dossier, l'établissement exige une série non exhaustive d'attestations et de pièces justificatives considérées contraignantes. A défaut, l'appui à la demande de réduction des frais de scolarité est annulé. D'autres options sont proposées aussi par les établissements scolaires aux parents d'élèves pour rééchelonner le paiement sur plusieurs mois. Une proposition qui ne semble pas au goût de certains parents qui estiment que d'autres charges sont en vue, notamment les vacances quoi que l'incertitude plane encore à l'horizon sur la possibilité d'aller en vacances cet été et le choix de la destination. Il s'agit aussi des charges liées à la fête du mouton prévue vers la fin du mois de juillet prochain. Sans oublier le coût de plus en plus élevé de la rentrée scolaire qui s'en suivra. En fait, les parents d'élèves ne savent plus où donner de la tête. Les établissements de l'enseignement étranger au Maroc (AEFE, OSUI et les autres missions belges, américaine et ) ,ne sortent pas du lot. La grogne des parents d'élèves est montée d'un cran la dernière semaine après la réception d'une lettre de relance de paiement fixant le terme de l'échéance à moins d'une semaine, à défaut, les élèves en question ne seront pas admis dans leurs écoles à la prochaine rentrée scolaire. Les parents d'élèves dont les enfants sont inscrits dans des écoles française ont été indignés par la lettre du proviseur du Pole Casa-Mohamedia qui a fixé la date butoir au 15 juin courant pour payer les frais dus, rappelant par la même occasion qu'une dotation budgétaire a été allouée pour soutenir les familles en situation de crise financière et qu'il est tout à fait normal que les familles qui n'ont pas été touchées par la crise puisse payer l'intégralité de la somme exigées au titre des trois derniers mois. Les associations des parents d'élèves relevant de ces établissements se partagent les doléances entre le retardement de paiement des frais jusqu'à la nouvelle date et d'autres, invitant les parents à devoir s'acquitter des sommes dues pour permettre aux autres familles en difficulté de bénéficier de l'aide et de leur permettre de négocier pour le gel des hausses des frais scolaires programmés. L'une des associations, notamment celle la plus représentative au Maroc a réussi à négocier à la baisse le niveau de cette hausse qui était fixé à plus de 7% pour la ramener à 2%. Mais cela ne semble pas au goût de certains parents qui estiment que les associations de parents d'élèves les ont lâchés dans ce combat. Les parents dont les élèves sont inscrits dans les écoles étrangères s'inquiètent davantage de l'avenir de leurs enfants, si par malheur les patrons de ces écoles refusent la réinscription de ces élèves pour l'année scolaire prochaine. Même l'intégration dans une école privée marocaine n'est pas en leur faveur vu le décalage des programmes dispensés dans ces établissements et la faiblesse de maîtrise de certaines disciplines non proposées dans ces écoles. La tension s'aggrave devant la pression des uns et la position des autres à continuer à protester pour pouvoir bénéficier d'une quelconque réduction des frais scolaires. La situation interpelle toutes les parties prenantes. Le gouvernement reste vivement interpellé ainsi que les départements ministériels appropriés pour trouver un terrain d'entente entre les deux parties. Dans tous les cas, le lobbying des écoles privées semble, estiment d'aucuns, plus fort face à un cadre légale en vigueur et qui mérite d'être renforcé au profit des associations de parents d'élèves.