Le tourisme dans le Souss à l'heure du Coronavirus par Saoudi El Amalki Avant le Covid-19, la première station balnéaire du royaume, renfermant, à elle seule, plus du quart de la capacité d'accueil nationale, était sur le point de remonter la pente, d'une manière progressive. En plus de la volonté qui animait les professionnels, on sentait que le secteur allait s'intégrer dans la dynamique globale, revigorée par la visite royale et le plan d'aménagement urbain de la région pour lequel un fort budget d'investissement sera injecté. Hormis des structures hôtelières qui, pratiquement, ne sont plus maîtres d'elles-mêmes puisqu'elles sont objets d'asservissement, à la merci de leurs tours opérateurs aux accaparements monopolistes, le reste trouve toutes les peines du monde pour vivoter. Force est de constater que même le «tout compris» qui ne cesse de nuire à l'un des fondements névralgiques de l'économie phare du pays, se plie l'échine devant le diktat extérieur. Ne serait-il pas plus judicieux de renforcer, pour de bon, le tourisme intérieur dont les adeptes, moyenne et petite bourse, sont empreints de voyage et d'aventure? Il est vraiment scandaleux et condamnable qu'un touriste marocain dans son propre pays paie une chambre pension complète dans un hôtel quatre étoiles à presque mille dirhams et même plus, alors que, juste à côté de lui, dans le même hôtel, un touriste étranger en «tout inclus» n'a déboursé loin des terres marocaines, que moins de deux cents dirhams, tous frais confondus? L'Etat a donc tout intérêt à agir, avec sérieux et courage, contre cet ogre du «tout compris» et préserver notre produit national de cette invasion qui submerge nos hôtels. Car en termes de stratégie touristique nationale, c'est bien l'Etat qui décide, après mûre et loyale concertation, de concert avec les opérateurs du métier, et non pas les barons des tours opérateurs qui exercent une mainmise révoltante. Effets de la pandémie Il ne fait pas de doute que l'actuelle crise pandémique a causé de forts dégâts au secteur du tourisme. Tout d'abord, la fermeture des liaisons aériennes, maritimes et terrestres, dès le début du mois de mars, avait généré l'arrêt du fonctionnement de l'hôtellerie mais également le reste des activités parallèles à vocation touristiques : restauration, agences de voyage, transport, guides, artisanat, taxis… Les mesures prises par l'Etat, notamment l'état d'urgence et le couvre-feu, ont également asphyxié les diverses segments. Certes, on ne peut nullement contester ces démarches restrictives qui ont permis l'endiguement du virus et empêcher sa profusion dans les milieux populaires. Lesdites démarches préventives ont été approchées par la quasi-totalité des pays de la planète. Mais, pour un secteur qui ne vit que dans l'accueil des gens qui viennent de tous bords, il est encore doublement affligeant de constater que toute une industrie s'effiloche, au fur et à mesure. Sur le plan économique. Ce sont des millards de perdus pour les opérateurs du secteur à cause de cette pandémie, puisque les arrivées et les nuitées sont subitement suspendues. Les réservations qui s'effectuent bien tôt sont annulées, alors que la saison hivernale qui en principe, s'active avec le tourisme extérieur, est quasiment émoussée. Celle de l'été fortement rehaussée par le tourisme intérieur se voit également escamotée. Rien ne va plus, d'autant plus que les dépenses pour l'entretien et la maintenance des établissements hôteliers se poursuivent sans aucune recette. Sur le plan social, ce sont des centaines d'employés qui du jour au lendemain, sont écartés pour arrêt de travail. Leur réintégration en intégralité s'avère difficile pour des employeurs minés par la catastrophe. Sursaut de l'exécutif Devant cette situation critique, le gouvernement, à travers le ministère de tutelle, a tenu un conseil le 30 avril dernier pour adopter un projet de loi 20.30 édictant des dispositions exceptionnelles inhérentes aux contrats de voyage, résidences touristiques et au transport aérien des voyageurs. Ladite loi va permettre d'instaurer un cadre légal, donnant la possibilité aux prestataires qui exposent leurs services de voyages, de tourisme, de transport touristique et de transport aérien de passagers d'indemniser leurs clients, à travers une reconnaissance de dette offrant un service similaire ou équivalent sans aucune augmentation de tarif. Cette disposition vise à limiter l'arrêt de l'activité économique et son impact sur les postes de travail en diminuant la pression sur la trésorerie. Il était nécessaire de prendre ces mesures, semblent affirmer les décideurs du secteur, pendant cette période du Covid-19. Certains opérateurs en sont plutôt satisfaits, même si elles sont un peu tardives. Ces mesures permettent en fait, selon d'autres, de combattre l'impact négatif de ce fléau. Il s'agit aussi d'éviter la banqueroute des prestataires de services marocains et de «préserver les intérêts de leurs créanciers et notamment des clients, ainsi que de la stimulation de la demande et de la protection de la valeur des échanges au Maroc, en évitant les paiements éventuels en devises étrangères» ce serait là, un premier sursaut du département pour contribuer à l'enraiement de l'endémie au niveau du secteur dont la mise en application est limiter dans le temps, c'est-à-dire du 1er mars au 31 septembre prochains, en attendant d'autres dispositions propres à ce secteur endommagé.