La Banque mondiale vient de publier son dernier rapport sur la région Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il en ressort que le besoin d'une plus grande transparence économique survient alors que la région est confrontée à un double choc sans précédent associé à la pandémie de Covid-19. «La transparence sur les questions économiques est critique. La dette publique et l'emploi seront un élément déterminant pour stimuler la croissance et renforcer la confiance dans les institutions publiques» estime la banque mondiale dans son nouveau rapport intitulé «Importance de la transparence pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord». En effet, la pandémie du Covid-19 et l'effondrement des prix du pétrole ralentissent davantage la croissance économique déjà faible dans la région, une faiblesse attribuable en partie au manque de transparence des données. «Plus que toute autre région du monde, la région Mena est secouée par deux chocs distincts, quoique liés, à cause de la propagation du nouveau coronavirus et de l'effondrement des prix du pétrole. La Banque mondiale ne ménage aucun effort pour aider les pouvoirs publics à surmonter ces chocs et ne pas faire de laissés-pour-compte», déclare Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et d'ajouter : «Mais pour redonner espoir à nos citoyens, nous devons apprendre et changer. Dans toute la région, la transparence peut aider à assurer la croissance et renforcer la confiance dans les années et les décennies à venir». Par ailleurs, les estimations de coûts de la crise actuelle sont fluctuantes, car il est difficile de prédire comment l'économie mondiale, les politiques nationales et les sociétés de manière générale réagiront à la propagation de la pandémie. Par conséquent, ces estimations peuvent varier en quelques jours. Les prévisions du 1er avril dernier pour la région Mena donnaient à penser que ces deux chocs coûteraient environ 3,7% du PIB régional pour 2019 (soit approximativement 116 milliards de dollars), alors qu'on annonçait 2,1% pas plus tard que le 19 mars. Selon le nouveau rapport, la pandémie de Covid-19 plombe les économies de la région Mena de quatre manières : détérioration de la santé publique, baisse de la demande mondiale de biens et services de la région ; recul de l'offre et la demande intérieures en raison de l'application des mesures de distanciation sociale ; et surtout, chute des prix du pétrole. L'effondrement des cours du pétrole est ressenti directement par les exportateurs et indirectement par les importateurs de ce produit en raison de la réduction des envois de fonds, des investissements et des flux de capitaux dans la région. Le rapport recommande que les pays interviennent en adoptant deux démarches parallèles : faire face à l'urgence sanitaire et au ralentissement économique associé ; et commencer à adopter des réformes porteuses de transformations et sans incidence majeure sur le budget, notamment en ce qui concerne la transparence de la dette et la restructuration des entreprises publiques. «En investissant immédiatement dans la transparence, la région va pouvoir sortir du cycle vicieux de la méfiance et du manque de responsabilité de l'Etat», affirme Rabah Arezki, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.