Le Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations-Unies a approuvé, ce mardi et à l'unanimité, une résolution américaine entérinant l'accord conclu le 29 Février à Doha, au Qatar, entre les Etats-Unis et les Talibans afghans et prévoyant un retrait militaire américain d'Afghanistan en échange de la promesse faite par les Talibans de «bannir» tout acte de terrorisme et d'engager des négociations avec leur ennemi juré qu'est le gouvernement de Kaboul. La décision prise par le Conseil de Sécurité de l'ONU est une première dès lors que c'est la première fois que l'instance onusienne valide une entente entre un pays étranger et une guérilla. Elle est, également, surprenante dans la mesure où l'accord entériné comporterait deux annexes secrètes liées à la lutte antiterroriste auxquelles les membres du Conseil n'ont pas pu avoir accès; ce qui pourrait constituer un fâcheux précédent et entacher la crédibilité du Conseil de Sécurité si les Talibans venaient à ne pas respecter, en tout ou en partie, les dispositions arrêtées par l'accord en question. Enfin, dans le cadre du soutien au processus de paix inter-afghan, l'instance onusienne s'engage à réexaminer les sanctions «imposées par l'ONU à des individus ou à des groupes depuis 2011». Négociée pendant toute la semaine, la résolution américaine stipule expressément que «le Conseil de sécurité exhorte le gouvernement afghan à faire avancer le processus de paix via notamment une participation à des négociations inter-afghanes, avec une équipe de négociateurs diverse et inclusive composée de dirigeants politiques et de la société civile incluant des femmes» à l'effet de parvenir à «un cessez-le-feu permanent et complet» et demande «à tous les Etats d'apporter leur plein soutien à la négociation d'un accord de paix complet et durable qui mettrait fin à la guerre au bénéfice de tous les Afghans». Si, par ailleurs, la première version du texte américain n'avait pas mentionné «les femmes», la résolution adoptée souligne «l'importance (dans les négociations) d'une participation effective et significative des femmes, des jeunes et des minorités» et rappelle la nécessité de protéger les droits de tous les Afghans. Mais alors que l'accord du 29 février prévoyait que les négociations inter-afghanes débuteraient ce mardi 10 mars, cette échéance n'a pas été respectée pour diverses raisons dont la première tiendrait essentiellement à la grave crise institutionnelle que traverserait l'Afghanistan du fait de la double prestation de serment comme nouveau président faite aussi bien par le chef d'Etat sortant Ashraf Ghani que par son principal adversaire et chef de son exécutif Abdullah Abdullah, tous deux revendiquant la victoire aux élections présidentielles du 28 Septembre 2019. Les Talibans ayant fait de l'échange des prisonniers un prérequis à l'ouverture du dialogue avec le gouvernement de Kaboul, Sediq Seddiqqui, le porte-parole du président Ashraf Ghani a annoncé, ce mercredi, que «la grâce et la libération de 1.500 prisonniers talibans (…) commenceront (samedi) et (que) chaque jour une centaine de prisonniers seront libérés » avant d'ajouter qu'une fois que les discussions seront entamées entre Kaboul et les insurgés, les 3.500 prisonniers talibans seront libérés au rythme de 500 toutes les deux semaines «à condition que la violence diminue de manière significative». Cette violence va-t-elle, enfin, laisser place à la paix dans un pays ravagé par une guerre sans merci qui perdure depuis les attentats du 11 septembre 2001 ? Attendons pour voir…