«Le gouvernement Orban a été démis, c'est un grand pas vers la démocratie» a déclaré, ce mercredi, Marcel Ciolacu, le président de la Chambre des députés et chef de file des sociaux-démocrates roumains après que la motion de censure que ces derniers ont déposé ait été approuvée par 261 députés sur 465, soit avec plus de voix que le minimum de 233 requis pour son adoption. Non contents de voir qu'à six mois des élections municipales, le gouvernement Orban chercherait à modifier la loi électorale et à rétablir le système du vote à deux tours qui pourrait avoir comme fâcheuse conséquence de réduire le nombre de leurs maires, les sociaux-démocrates n'avaient pas d'autre alternative que celle de déposer cette motion de censure. En effet, d'après plusieurs analystes, ce projet d'amendement pourrait faire perdre au sociaux-démocrates du PSD la moitié des quelques 1.700 mairies qu'ils dirigent actuellement si les candidats de centre-droit s'allient aux libéraux entre les deux tours. Issu, comme le président Klaus Iohannis, du Parti National Libéral (PNL, Centre droit), Ludovic Orban, 56 ans, qui a aussitôt annoncé qu'il allait s'entretenir, dès jeudi, avec le chef de l'Etat pour décider de la stratégie à adopter, a déclaré, après ce vote de défiance : «Le gouvernement est tombé debout (…) Nous avons perdu une bataille mais, pour la Roumanie, nous gagnerons la prochaine manche». Ayant été nommé premier ministre en novembre dernier après le renversement, par une motion de censure, du gouvernement social-démocrate de Viorica Dancila, Ludovic Orban, espère fermement que le président qui est tenu, aujourd'hui, de désigner «un premier ministre répondant aux attentes des Roumains» fera encore appel à lui. Mais qu'il en soit ainsi ou que le Président en appelle à l'organisation d'élections anticipées conformément aux dispositions constitutionnelles, le Parti National Libéral (PNL) de Ludovic Orban a encore de très fortes chances de reprendre les rênes du pouvoir en étant encore plus fort qu'aujourd'hui car la dernière enquête IMAS, réalisée pour radio Europa FM, l'a crédité de 47% des intentions de vote contre 20% pour le Parti Social Démocrate (PSD) qui avait recueilli 45% des suffrages aux législatives de 2016. A la lecture des résultats de cette enquête, plusieurs commentateurs s'accordent à dire que, par cette tentative de changement de la loi électorale, les libéraux, minoritaires au Parlement mais en hausse dans les sondages, auraient sciemment poussé leurs rivaux sociaux-démocrates à chercher à les renverser et à provoquer la tenue d'élections anticipées que le PNL, qui a le vent en poupe et qui a été dopé par la réélection de Klaus Iohannis en Novembre dernier, remporterait haut la main. Pour rappel, lors de leur rencontre en Janvier dernier, le Premier ministre Ludovic Orban et le Président Klaus Iohannis avaient manifesté leur souhait de déclencher des élections anticipées ; ce qui ne peut avoir lieu que si, dans une première étape, le gouvernement démissionne de son plein gré ou est démis de ses fonctions. La première étape a été validée puisque la motion de censure déposée par les sociaux-démocrates a fait tomber le gouvernement. Reste la deuxième phase qui consiste à faire rejeter par le Parlement les deux formules gouvernementales qui lui seront proposées. Après cela, le Président pourra dissoudre le Parlement et ouvrir la voie à l'organisation d'élections anticipées. Au vu de tout ce qui précède, il ne s'agit donc plus que d'une question de temps et, de l'avis des libéraux, ces élections législatives anticipées pourraient fort bien être organisées au même moment que les élections municipales c'est-à-dire au courant de l'été 2020. Alors, attendons pour voir…