Après sa désignation le 19 novembre et le démarrage de ses travaux le 16 décembre derniers, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) aurait déjà atteint le stade de la construction du nouveau modèle de développement après la phase du diagnostic, qui se poursuit quand même à différents niveaux pour en confirmer l'exactitude, d'après le président de la commission Chakib Benmoussa, relayé par d'autres membres de cette dernière. Plus de 40 rencontres d'écoute S'exprimant mardi à Rabat lors d'une conférence de presse, qui « s'inscrit dans le cadre de rencontres périodiques avec les médias », le président, entouré d'autres membres de la commission (Ahmed Réda Chami, Hakima Hummich, Driss Ksikes et Mohamed Tozy) parmi les 35 bénévoles qu'elle compte, a rappelé que la CSMD, a organisé durant les derniers 50 jours de son existence plus de 40 rencontres d'écoute des Partis politiques, des syndicats, des Chambres professionnelles, des institutions de la gouvernance et de divers autres acteurs. Des visites de terrain qui n'ont rien de populistes Outre ces rencontres d'écoute, la commission a procédé à 6 visites « immersion » terrain, a mis en place une plateforme interactive publique, a procédé à 2 auditions officielles et à un appel à contribution concernant des acteurs officiels et des forces vives de la nation, dans le cadre d'une démarche et ses outputs pour une co-construction de solutions. Dans le but de parvenir à une implication la plus large possible d'institutions et d'associations de la société civile et d'explorer des thèmes variés et avec des sensibilités plurielles et nourrir l'échange avec la CSMD, cette dernière prévoit des rencontres « labelisées », des consultations publiques dans le cadre de l'ouverture sur le citoyen, de la discussion des problématiques régionales, de l'identification des pistes de solutions et de la participation de groupes ciblées dans une démarche inclusive. Des rencontres focus solutions et du sourcing et test de propositions concrètes sont également prévus à travers d'ateliers de Crowd-Solving et panels ciblés. La Commission a prévu aussi des visites « immersion » terrain pour la découverte de bonnes pratiques et de solutions émergentes loin de tout populisme, a-t-il dit, rappelant que la commission a mis sur pied un certain nombre de groupes à savoir : le groupe vision et conduite du changement, le groupe consultations et contributions et 4 groupes thématiques : – capital humain, – institutions, capital social et égalité homme-femme – économie et création de richesse et – territoires et durabilité. Il a également exposé en détail les horaires et le programmes de travail de la commission (tous les lundis une réunion au siège de l'Académie du Royaume et deux réunions à la fin de tous les mois). Il a fait état aussi de la logistique dont dispose la commission, appelée à dégager un modèle de développement d'ici le 30 juin prochain, un modèle devant servir de plateforme à un nouveau contrat social et à un nouveau projet social, un modèle comportant une vision stratégique, un modèle global, inclusif et prospectif pour les 10 à 15 années à venir, a-t-il expliqué. Selon lui, le modèle de développement recherché se doit de mettre le citoyen au cœur de toute l'œuvre de développement. C'est pourquoi, il est impératif d'associer les forces vives du pays et les forces représentatives des citoyens dans cette action de prospection, d'écoute et de diagnostic, rappelant que les partis politiques ont effectivement remis à la commission des mémorandums et d'autres propositions. Reda Chami : l'action de la CSMD vise à aider à l'appropriation de la vision du nouveau modèle Après avoir fait remarquer qu'il s'agit d'un modèle de développement et non de croissance, qui n'en est en fait que le moyen de créer de la richesse, il est revenu lui aussi sur la perte de confiance qui mine de nombreuses sphères de la société, déficit qui ne peut être comblé qu'à travers une nouvelle impulsion à donner en clarifiant les règles du jeu, en luttant contre l'économie de rente et les dysfonctionnements de l'Administration et en procédant au bon redéploiement des ressources humaines à former et à qualifier pour mettre fin à la fuite des cerveaux. Mais ce qui est aussi capital c'est de profiter de l'opportunité de ce débat pour réhabiliter les différents acteurs et institutions du pays, car c'est à eux que revient en dernier ressort le devoir de mettre en œuvre le nouveau modèle de développement à construire, a-t-il souligné. Mais encore faut-il faire créer en toute urgence un climat de confiance entre tous, a-t-il ajouté. Tozy : plus les habitants vivent dans des conditions difficiles, plus leurs attentes sont réalistes Pour sa part, Pr Mohamed Tozy a estimé que les déplacements des membres de la commission loin de Rabat, leur ont permis de saisir l'ampleur des attentes des citoyens partout dans le pays. Mais ce qui est paradoxal, a-t-il dit, c'est que plus les habitants vivent dans des conditions difficiles, plus leurs attentes sont réalistes. Tout ce qu'ils demandent n'a trait qu'à la santé et à l'éducation des enfants. Il a également souligné le bien fondé des visites programmées par la Commission qui n'ont rien de populistes. Car enfin de compte, a-t-il souligné, la CSMD opère dans un environnement national miné par la défiance à l'égard de tout (institutions, politique, société, etc…). Pour la Commission, il importe de souligner qu'elle est en train de se construire sa propre crédibilité, à l'aide du sérieux de ses membres, mais surtout de leur honnêteté et de leur acceptation de faire ce travail de manière bénévole, sans lésiner sur les moyens, dans le but de servir le pays et de dégager un modèle de développement à même de mieux canaliser les changements inéluctables qu'il connait. Le pays a besoin de restaurer la confiance de la société en elle-même, dans la politique, les politiques, mais également dans les institutions pour aller de l'avant et répondre aux attentes de tous, selon lui. Ksikes : la restauration de la confiance une urgence Au délà du modèle de développement à construire, il est urgent de rétablir la confiance perdue en tout, à travers l'émergence de règles du jeu plus claires pour les opérateurs économiques et non économiques, mettre fin à la prévarication, à la corruption, aux conflits d'intérêts et au système de la rente. Il est également temps de réhabiliter les institutions pour en faire des garants du bon fonctionnement et de la bonne gouvernance de tout ce qui a trait au nouveau modèle à construire, sachant que les perceptions font aussi partie de la réalité. C'est pourquoi, la CSMD se doit non pas de prescrire un modèle de développement, mais de le révéler, a-t-il expliqué Himmich : la langue, le plus grand handicap, cité par les étudiants A Ben Guerir comme à El Jadida et Ifrane, les étudiants ont souligné que la langue d'enseignement est leur plus grand handicap. Au sortir du Lycée, nombreux ont indiqué qu'ils ne maitrisaient aucune langue. Ni le Français, ni l'Arabe, ni l'Anglais. Nombreux ont expliqué que les études universitaires ne jouent plus le rôle d'ascenseur social, d'autres se plaignent de la corruption et de l'inégalité des chances et des opportunités. Presque tous les étudiants qui se sont d'ailleurs exprimé à cœur ouvert n'ont pas caché leur méfiance à l'égard de la politique et ont dénoncé le manque de libertés individuelles en rapport avec la famille et la société ainsi que le déficit dans leurs régions en structures d'accueil des jeunes et de divertissement.