Bien que le MAS (Mouvement vers le socialisme) de l'ancien président bolivien Evo Morales dispose de la majorité au Parlement, les députés boliviens ont approuvé, ce samedi, à la majorité, un projet de loi prévoyant la tenue de nouvelles élections présidentielles et législatives. L'approbation de ce texte de «sortie de crise» dit «Régime exceptionnel et transitoire pour la réalisation d'élections générales» est, en soi, une victoire politique pour le pays qui vit l'une des pires crises de son histoire contemporaine puisqu'il permettra de mettre fin à la situation de ni guerre-ni paix dans laquelle se débat la Bolivie tout en fermant la porte à une nouvelle candidature de l'ancien chef de l'Etat qui a déjà exercé trois mandats sans, toutefois, interdire à son parti, très populaire dans le pays, de présenter un nouveau candidat. Ce résultat met en évidence les divisions que connait la formation politique de l'ancien chef de l'Etat qui s'est exilé au Mexique le 10 novembre dernier après avoir été lâché par son armée et sa police même si les partisans d'Evo Morales manifestent encore quasi-quotidiennement pour le départ de Jeanine Anez, l'ancienne sénatrice de droite qui s'est autoproclamée présidente par intérim. Ces derniers bloquent les routes reliant la capitale, qui souffre de graves pénuries alimentaires, aux régions agricoles du centre de la Bolivie si bien que les habitants de Santa Cruz, le grenier de la Bolivie, situé dans les plaines du centre, se dirigent en masse vers l'aéroport pour envoyer des vivres à leurs proches à La Paz. En attendant la promulgation par Jeanine Anez, de ce projet de loi qui vise l'annulation du scrutin du 20 Octobre dernier ayant donné lieu à des violences au cours desquelles 32 personnes sont mortes, Arturo Murillon, le ministre de l'intérieur a annoncé avoir déposé, ce vendredi, une plainte contre Evo Morales pour «sédition et terrorisme». Le gouvernement provisoire de Bolivie accuse l'ancien président d'attiser le conflit depuis le Mexique en appelant ses partisans à «encercler» les villes pour accentuer le blocage. Le parquet aurait même ouvert une enquête. Réagissant immédiatement, les partisans de l'ancien chef de l'Etat ont présenté un projet de loi visant à exonérer ce dernier de poursuites judiciaires mais la présidente par intérim lui a opposé une fin de non recevoir au motif qu'elle n'est pas prête à accorder «une amnistie» à ceux qui ont «commis des crimes, se sont moqué de la loi et ont commis des abus». Le lendemain, Yerko Nunez, le ministre des Travaux Publics, a déclaré que le gouvernement provisoire colombien a ouvert un dialogue avec les protestataires à La Paz et qu'il escompte même arriver à avoir «un pays 100% libre de blocages». Un peu plus tard dans la journée – en début d'après-midi – les deux enfants du président déchu Evaliz Morales Alvarado et Alvaro Morales Peredo sont arrivés à Buenos-Aires après avoir obtenu l'autorisation de quitter le territoire de la part des nouvelles autorités boliviennes. La Bolivie va-t-elle connaître, enfin, la paix après cette crise qui – même si elle n'est là que depuis un peu plus d'un mois – reste la plus terrible de son histoire contemporaine ? Attendons pour voir…