C'est à croire qu'après la belle éclaircie née de la fameuse opération «Lava Jato» qui, en faisant tomber le Parti des Travailleurs, au pouvoir, lui avait permis d'accéder, sans coup férir, à la magistrature suprême d'un pays alors miné par la corruption et le clientélisme initiés par le géant brésilien «Petrobras», c'est aujourd'hui au tour du président Jair Bolsonaro d'affronter la grogne de ses compatriotes notamment après que Sergio Moro, le juge qui était en charge de ce dossier et qui siège aujourd'hui à la tête du ministère de la justice, ait été convaincu d'impartialité voire même de connivence avec le parquet dans le seul but d'empêcher l'ancien président «socialiste» de briguer un nouveau mandat. Ainsi, pour dénoncer le projet de réforme des retraites qui fût l'une des plus grandes promesses électorales du nouveau chef de l'état, nostalgique de la dictature militaire, les syndicats ont appelé à une grève générale ce vendredi. Concoctée par le ministre de l'économie Paulo Guedes, ce projet de réforme qui est la clé de voûte de la politique libérale du gouvernement et qui tient compte du vieillissement rapide de la population brésilienne et du fait qu'à la fin de l'année 2018, les caisses de retraites avaient accusé un déficit atteignant 83 milliards d'euros soit 5,5% du PIB, prévoit de mettre en place un âge minimum de la retraite fixé à 65 ans pour les hommes et à 62 ans pour les femmes. Cet appel ayant été suivi par presque tous les syndicats, des rassemblements ont été organisés dans presque toutes les villes du pays. Ainsi, qu'ils soient donc chauffeurs routiers ou enseignants – du secteur public ou du secteur privé – tous les travailleurs ont suivi, ce vendredi, le mot d'ordre de grève générale pour bien marquer leur opposition à un gouvernement peu soucieux de leurs droits. Ainsi, après avoir fait face, les 15 et 30 mai derniers, à deux mobilisations sociales de grande ampleur du fait des restrictions ayant affecté le budget de l'éducation, Jair Bolsonaro, de plus en plus fragilisé, a été appelé à assister, ce vendredi à Sao Paulo, au match ayant opposé le Brésil à la Bolivie au titre de l'ouverture de la «Copa America» et ce, au moment-même où à Rio de Janeiro et Sao Paulo des affrontements éclaté entre les manifestants et les policiers qui avaient jugé nécessaire de faire usage de bombes lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Ne disposant pas d'une majorité au Congrès et appelé, en conséquence, à «composer» avec une vingtaine de groupes parlementaires pour «faire passer» ses réformes, le président Bolsonaro ne l'entend pas de cette oreille et refuse toute négociation; ce qui l'oblige, dans le meilleur des cas, à modifier ses propositions et, dans le pire, à les retirer. C'est ce qu'il a fait pour sa réforme sur le port d'armes rapidement mise de côté puis pour celle afférente aux retraites dont le texte, considérablement «retouché» ce jeudi, a maintenu le système de retraite par répartition et abandonné l'idée de retraite par capitalisation. Enfin, au vu des tensions qui règnent au sein même de son gouvernement entre les partisans d'une ligne dure et les adeptes de la modération, le président Bolsonaro, de plus en plus isolé du fait de ses positions «extrêmistes» sur de nombreux sujets tels que l'environnement, les populations indigènes, les minorités sexuelles et tant d'autres encore a déjà limogé trois de ses ministres moins de six mois après son investiture; ce qui pousse un grand nombre d'observateurs à se demander s'il va pouvoir aller jusqu'à la fin de son mandat. Alors, attendons pour voir…