En 1984, fut crée dans la capitale du Souss, le premier noyau de l'université Ibn Zohr. C'était la faculté des lettres et sciences humaines qui relevait encore de Cadi Ayyad de la cité ocre. Cette unité de l'enseignement supérieur, en état embryonnaire, regroupait des flots estudiantins émanant des quatre régions sud du royaume. A cette époque tumultueuse de l'histoire, les ultimes soubresauts de l'Union Nationale des Etudiants du Maroc se faisaient encore retentir dans les enceintes des structures universitaires, notamment dans les plus prestigieuses en la matière, à Rabat, Casablanca, Fès, Oujda ou encore Marrakech. A Agadir, en dépit des premiers balbutiements du processus progressif de la constitution d'un bloc pluridisciplinaire, les étudiants entamaient déjà des actions vivifiantes sous la chapelle de l'UNEM. En raison du rayonnement notoire du mouvement national, dans le temps, mais aussi de la diversité confortée par le gisement riche des cultures amazighe et sahraouie, l'activité politique et syndicale prenait vite une dimension de plus en plus, marquante. C'est ainsi que des groupements voyaient le jour et exhibaient leurs prestations sur l'esplanade de la faculté, sous forme de cercles et d'attroupements. Il convient de reconnaître que ces apparitions à la fois de contestation des systèmes adoptés et d'épanouissement de la conscience collective, comblaient un besoin ardent d'adhérer à une vie estudiantine animée. Hormis des dérapages qui peuvent se produire, de temps en temps, souvent aiguisés par des accrocs d'ordre ethnique et tribal, il y a lieu de constater que la plupart de ces manifestations se déroulaient dans le respect et la stabilité. Il importe également d'avancer qu'aux débuts du parcours universitaire au sud du pays, les effectifs étaient encore restreints et le corps professoral ainsi que le staff administratif nourrissaient de la sérénité d'ensemble. Cependant, au fil des années, l'unique faculté d'antan grossissait et se voyait consolider par de nouvelles filières. Puis apparaissaient, dans la foulée, d'autres unités universitaires, en particulier la faculté des sciences ou encore l'EST, l'ENSA, l'ENCG… Cette éclosion allait, par la suite, éclater par le la floraison d'une multitude d'institutions, à travers tout le territoire des régions que gère l'université Ibn Zohr. A l'instar de nombre d'universités du pays, la ferveur estudiantine qui ravivait les campus d'autrefois se ramollissait et s'effilochait progressivement. Pis encore, elle est remplacée par des attitudes de haine, d'animosité et de violence. Des conduites d'extermination envahissaient les espaces universitaires. La faculté qui était un berceau d'échange et de partage des idées et des opinions, dans la concorde, se transformait en champ de bataille et de querelle. Il faut bien dire que l'affaiblissement que subit à présent la classe politique marocaine, plus spécialement les forces vives nationales et démocratiques, avait aussi des répercussions fâcheuses sur l'université. Il va sans dire qu'au-delà de la mission cognitive de l'université, celle-ci a toujours constitué une école de citoyenneté par excellence. C'est dans cette ambiance de réflexion constructive que des cadres de qualité ont fondé le Maroc contemporain, de la civilité, du civisme et de la modernité. Qu'en est-il aujourd'hui ? Du vide, hélas!