Venue des montages de M'rirt, une ville du Moyen Atlas, Fatima Attif est aujourd'hui l'un des visages lumineux et prometteurs de la scène théâtrale nationale. La comédienne a frayé progressivement son chemin et s'est faite une place sur la scène théâtrale. Elle a ainsi remporté plusieurs distinctions. Discrète, modeste et humble, Fatima Attif a commencé comme presque toute sa génération. Elle fait ses premiers pas dans l'univers théâtral, dans son école, lors des festivités de la fête du trône. «Nous faisions le chant, le théâtre, la musique et toutes autres activités artistiques. C'est un professeur qui m'a poussée à faire le théâtre et qui m'a désignée pour apprendre par cœur un texte pour le jouer sur scène sur la thématique du Sahara marocain. A l'époque, j'avais 12 ans», nous raconte-t- elle sur un ton nostalgique. Depuis, Fatima Attif n'a pas arrêté de jouer sur scène. Une passion qu'elle a développée au fil des ans. «Après, j'ai continué avec une troupe basée sur la ville. Une troupe d'enfants d'ouvriers qui travaillaient à la mine de Jbel Aouam. C'était une chance pour moi. A cette époque aussi, il y avait des noms comme Chriaki Ahmed, Bahou, Bouchra Chekli, Hassan Benjdi qui ont créé une dynamique artistique dans toute la ville», ajoute-t-elle. Fatima était la seule paysanne qui rejoignait les enfants des ouvriers pour faire du théâtre. «J'étais la seule paysanne qui rejoignait les ouvriers… j'étais prolétaire, quoi», confie-t-elle, en riant. «Ils étaient très engagés. Ils faisaient de la musique, du théâtre… ils avaient beaucoup de chance par rapport aux enfants de paysans. Ce sont Chriki Ahmed et Bouchra Chekli qui ont passé le concours de l'ISADAC avant moi qui m'ont ouvert la voie », souligne-t-elle. Elle intègre l'ISADAC par la suite, ce qui lui ouvre de nouveaux horizons. «La période de l'ISADAC a été chargée de stages et de tournées. Pendant la deuxième année, j'ai joué dans la pièce de Youssef Fadel «Le Requin» avec de grands noms comme Abderrahim Benchikhi, Mohamed Bastaoui, Abdelmajid Elhaouasse…», explique-t-elle. Son diplôme en poche, elle est affectée à Meknès où elle entame d'autres projets avec les comédiens et comédiennes de sa génération. «Nous étions des fonctionnaires du Ministère de la Culture dans différentes délégations du royaume. Nous étions nombreux à adhérer au projet des troupes régionales créées par l'Ambassade de France et le Ministère de la culture, entre autres Samia Akariou, Asmaa Houri … une expérience qui n'a pas duré longtemps », fait-elle savoir. Juste après, avec d'autres comédiens, ils mettent en place le projet du Massrah Achamat. «Nous avons eu l'idée de créer cette troupe et de continuer l'aventure. Nous avons fait appel à d'autres personnes qui n'étaient pas encore à Meknès. Nous avons commencé avec l'aide du directeur de l'Institut français à l'époque», confie-t-elle. «Nous avons commencé par l'adaptation de la pièce «Les Bonnes» de Jean Genet, puis «Rass lhanout» qui a décroché le premier prix du Festival national du théâtre au Maroc, ainsi que le premier prix de l'interprétation féminine qui m'a été décerné», souligne la comédienne. Après de longues années d'absence, Fatima Attif renoue le lien avec le public et les planches à travers la nouvelle pièce de théâtre «Hémorragie». «J'avais l'idée de travailler le théâtre pour les peuples des montagnes. D'où le nom d'ailleurs de ma troupe surnommée ‘'théâtre pour les peuples des montagnes''. J'ai mené une recherche pour fonder sa philosophie, son esprit et sa démarche de travail. S'en est suivie la collaboration avec le romancier et poète Omar Alaoui Nasna. Son écriture est un peu abstraite et est liée à des questions existentielles. Et jouer ce monodrame sur scène était un peu difficile», affirme-t-elle. Dernièrement, Fatima Attif a remporté le Prix d'interprétation féminine au Festival du film de Tanger pour son rôle joué dans le film «La Guérisseuse» (The Healer) de Mohamed Zineddaine. Une consécration amplement méritée pour une artiste et comédienne douée.